Plusieurs élus de droite dénoncent les conditions de détention du membre du commando des attentats du 13-Novembre, qui dispose seul d’une cellule où se trouve un rameur pour lui permettre de faire du sport. Ce qui est précisément prévu par la loi.
Avec un rameur à sa disposition, Salah Abdeslam est-il en « club de vacances » ?
Salah Abdeslam, incarcéré à l’isolement à la prison de Fleury-Mérogis (Essonne), dispose, dans une cellule proche de la sienne, d’un matériel de sport qui lui est réservé : un rameur. C’est ce qu’a constaté, lors d’une visite dans l’établissement relatée dans le Journal du dimanche, le député LR Thierry Solère. Au moment de la publication de l’article, l’élu s’est publiquement ému : pourquoi donc Salah Abdeslam, accusé d’avoir fait partie du commando qui a perpétré les attentats du 13 Novembre, bénéficie-t-il de cette cellule-salle de sport dont l’usage lui est « exclusivement réservé » ? Il a posé la question au ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas, dans une lettre publiée sur son compte Twitter.
D’autres élus de droite ont enchaîné, en allant plus loin : le député Nicolas Dupont-Aignan, candidat Debout la France à l’élection présidentielle, a publié sur son site un communiqué fustigeant « le laxisme de la justice française » : « La prison de Fleury-Merogis semble donc avoir été transformée en club de vacances pour celui qui a déclaré la guerre à la France en attaquant des citoyens innocent (sic) lors de la terrible nuit du 13 Novembre. » Le député FN Gilbert Collard, avocat de profession, a quant à lui dénoncé un « pouvoir [qui] se fout vraiment de notre gueule et de nos impôts ».
Ce mercredi matin, Eric Ciotti a de nouveau jugé « choquant et incompréhensible [de] faire une salle de sport en prison pour Abdeslam aux frais des contribuables », après avoir dénoncé le dépôt de plainte annoncé par l’avocat de Salah Abdeslam pour atteinte à la vie privée de son client.
Que dit la loi ?
Avant de demander des explications au gouvernement et de dénoncer un « club de vacances » aux frais du contribuable, ces élus auraient pu relire les textes législatifs. Et notamment celui de la loi pénitentiaire adoptée en 2009 par une Assemblée nationale à majorité de droite : celle-ci prévoit, en son article 27, que « toute personne condamnée est tenue d’exercer au moins l’une des activités qui lui est proposée […] dès lors qu’elle a pour finalité la réinsertion de l’intéressé et est adaptée à son âge, à ses capacités, à son handicap et à sa personnalité ».
Un article du code de procédure pénale précise les activités répondant à cette obligation : « travail, formation professionnelle, enseignement, activités éducatives, culturelles, socioculturelles, sportives et physiques. »
Et, comme l’a souligné sur Twitter la magistrate blogueuse Judge Marie, le code de procédure pénale dispose aussi qu’une telle activité peut être exercée à l’écart des autres détenus si le prisonnier concerné se trouve dans une unité dédiée. Ce qui est le cas de Salah Abdeslam, dont tout contact avec les autres est soigneusement évité : comme l’écrivait le JDD, « en cas de déplacement de Salah Abdeslam [à l’intérieur de l’établissement], tout est vidé sur son parcours ».
Source : libération.fr
Date : 06/07/2016