AZF : des débats qui sentent le chlore et le nitrate

Si les avocats du procès de la catastrophe d’AZF ont révisé un bouquin, avant de se plonger dans l’audience, ce n’est pas le code de procédure pénale ou les jurisclasseurs ! Mais plutôt un pavé dont on ne cesse de causer depuis le premier procès en 2009 : « Les explosifs occasionnels » de Louis Médard ! 854 pages, quand même, de quoi occuper les longues soirées d’hiver au coin du feu avec une cornue, une éprouvette et si possible un extincteur à portée de main.

C’est normal ; car on est là au cœur de ce procès : comment un gros tas de nitrate peut-il exploser ? A quoi faut-il qu’il soit mélangé ? De l’eau ? Du chlore ? Du mazout ?

Et puis, comme dirait Paracelse, c’est la dose qui fait le poison, et donc, tout est aussi une question de proportions.

Hier, à la cour d’appel de Paris, on a entendu une nouvelle fois Henri-Noël Presles, qui, à la demande de Total, a tenté les premiers mélanges explosifs. Pour lui, ça peut péter.

Mais des experts, il y en a eu pléthore… Serge Duffort et Maurice Leroy viennent à la barre.

Le juge a donné une expertise à MM. Leroy et Duffrot, explique Me Soulez Larivière, parce qu’on ne comprenait rien avec les experts déjà nommés ! Or, après leur rapport, le juge a dit « Bof ». Parce que la question n’est toujours pas tranchée. Il faut des expérimentations supplémentaires…

D’autres chimistes passent à la barre et à la moulinette de l’avocat général Jean-Christophe Crocq ou à la déchiqueteuse de Me Mauricia Courrégé : impression de déjà-vu !

L’expert Roger Jeannot est lui aussi passé à la barre. On lui a demandé de déterminer s’il y avait pu y avoir des hydrocarbures sur les résidus de l’explosion. On sait que le nitrate mélangé au gazole est un explosif improvisé, comme l’explique ce bon Médard !

Microscopie à balayage, analyse du carbone, chromatographie en phase gazeuse, tout y est passé. Là encore on a plutôt l’impression d’être sur les bancs de l’école du génie chimique que devant une cour d’appel. Courbes, graphiques équations, pas facile de se faire une idée de ce que l’expert nous explique. On décèle d’infimes quantités de produits carbonés, destinés à l’enrobage des granules de nitrate.

On devine qu’on trouve aussi du sulfate de calcium « utilisé comme adjuvant ». Allez, corvée de balayage microscopique, mon adjuvant !

Source : ladepeche.fr
Auteur : Dominique Delpiroux
Date : 15 mars 2017

Crédit photos : Source : ladepeche.fr Auteur : Dominique Delpiroux Date : 15 mars 2017

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