Une association de victimes de l’explosion de l’usine AZF va porter plainte auprès du procureur de Toulouse après une publication dans la revue Préventique imputant la catastrophe notamment à une explosion préalable à la SNPE, voisine d’AZF, a indiqué vendredi son avocate.
Me Stella Bisseuil, avocate de "l’association de victimes endeuillées", a déclaré avoir rédigé "une plainte contre X pour diffusion de fausses nouvelles", car selon l’association l’étude "comprend un nombre invraisemblable de contre-vérités".
Le groupe SNPE (ex-Société Nationale des Poudres et Explosifs) a dénoncé de son côté dans un communiqué le "scénario rocambolesque" de cette étude publiée peu avant la décision le 24 septembre du procès en appel d’AZF, qui s’est achevé le 16 mars après quatre mois d’audience.
Les experts ayant travaillé pour Préventique ont produit un rapport de 22 pages, qui conteste totalement la thèse de l’accusation selon laquelle des négligences de l’exploitant, Grande Paroisse (groupe Total) ont entraîné un mélange de produits incompatibles, à l’origine d’une seule explosion d’origine chimique qui a fait 31 morts et des milliers de blessés.
Grande Paroisse et le directeur de l’usine Serge Biechlin, poursuivis pour homicides involontaires, ont été relaxés en première instance faute de preuve matérielle de ce mélange.
Préventique décrit une catastrophe en cinq étapes : "des poussières polluantes" auraient provoqué des courts-circuits sur une ligne à haute tension longeant AZF et la SNPE. Un arc électrique aurait fait exploser des vapeurs provenant d’une "fuite de 10 tonnes d’ergol (le carburant de la fusée Ariane)" à la SNPE. Un séisme aurait alors réveillé sous le hangar 221 d’AZF une bombe oubliée depuis la guerre.
Dès la reprise de cette étude dans le journal Sud-Ouest mercredi, une source proche du dossier de l’instruction a qualifié ce scénario de "juxtaposition de thèses hachées menu lors du procès".
Me Stella Bisseuil a précisé que "le procureur apprécierait s’il y a lieu d’entamer une procédure" à la suite de sa plainte. "Nous tenons à prendre date, car il n’est pas admissible de propager des fausses informations sur une affaire en cours de délibéré (...) la publication de faits inexacts n’est pas innocente dans cette affaire", a-t-elle ajouté.
Selon elle les avocats de la CGT dans l’affaire AZF, Me Sylvie Topaloff et Alain Levy, devraient soutenir sa démarche.
De son côté, le groupe SNPE a réaffirmé dans un communiqué, comme lors de l’instruction et des deux procès, qu’"aucune explosion n’est intervenue sur le site de SNPE, avant, pendant ou après l’explosion du hangar d’AZF".
SNPE demande "un peu de dignité, un minimum de rigueur intellectuelle et davantage de respect des victimes", dont il fait partie, rappelle le groupe.
Préventique a réagi aux "commentaires très dubitatifs" en soulignant dans un communiqué : "Les faits et témoignages sur lesquels s’appuient notre dossier ont été connus très vite en 2001, mais certains ont été mal exposés, d’autres pas entendus avec assez d’attention.
Préventique assure que ses experts ont "étudié les circonstances de la catastrophe sans idées préconçues et ont soumis leurs observations à une approche critique et à la contre-épreuve".
NouvelObs.com - Vendredi 3& août 2012