Hier, Sandrine Tricot se déclarait satisfaite d’apprendre que la compagnie Swiftair venait d’être mise en examen suite au crash du 24 juillet 2014.
Comment réagissez-vous à l’annonce de la mise en examen en France de la compagnie espagnole Swiftair qui assurait pour Air Algérie le vol AH -5017 qui s’est crashé au Nord Mali avec 116 personnes à bord dont votre époux Frédéric Tricot, conseiller municipal de Vendôme et Pascal Scellier, directeur des services techniques de la ville ?
« C’est une très grande satisfaction, mais ce n’est qu’un premier pas. Toutes les familles qui se sont portées partie civile craignaient un non-lieu. On a vite réalisé que ce serait long et même très long. On sait qu’on ne saura jamais toute la vérité puisqu’une des deux boîtes noires reste inexploitable au regard des moyens techniques actuels, mais peu à peu, le voile se lève. »
La mise en examen de la compagnie de leasing pour « homicides involontaires par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité » vous étonne-t-elle ?
« En décembre 2016, l’expertise judiciaire parlait déjà de la non-activation du système d’antigivre des sondes moteur par les pilotes. Un givrage qui a conduit à une diminution de la vitesse, puis du décrochage qui n’a pas été rattrapé par l’équipage, peu ou mal formé. Un scénario retenu aussi par le Bureau d’enquêtes et d’analyse (BEA), même si lui s’en est tenu à l’enquête technique, sans aborder l’aspect formation et droit du travail… »
Présidente nationale de l’association AH 5017-Ensemble qui rassemble proches et parents du crash au Nord Mali de ce vol Ouagadougou-Alger, comment allez-vous aborder ce troisième anniversaire ?
« Ce 24 juillet, à Ouagadougou, sur la route de l’aéroport, devait être inaugurée la stèle-souvenir du crash. Finalement, rien n’est vraiment prêt. Une commémoration se tiendra à Ouagadougou, mais ailleurs et en même temps à Enghien-les-Bains dans un lieu propice au recueillement. Un temps de souvenir toujours important pour les proches dont certains restent dans la colère. A chacun sa façon de vivre son deuil… »
Vous êtes également membre du conseil d’administration de la Fenvac, Fédération nationale des victimes d’attentats et d’accidents collectifs. Est-ce pour vous un type de thérapie ?
« J’ai reçu beaucoup et il me semble normal de rendre. D’où ma formation l’an passé pour un diplôme de psycho-traumatologie pour être mieux préparée à l’écoute. Pour mieux aider. »
Source : lanouvellerepublique.fr
Auteur : Édith Van Cutsem
Date : 30 juin 2017