CHINE-MALAISIE Les relations bilatérales traversent une zone de turbulences

Depuis la disparition du vol MH 370, l’opinion chinoise est insatisfaite du manque de transparence de la part de la Malaisie. Pékin tente de ménager ses ressortissants, mais aussi ses relations diplomatiques avec Kuala Lumpur.

La Chine, qui avait prévu de longue date d’envoyer deux pandas à la Malaisie à la mi-avril, peu avant le 40e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques avec la Malaisie, a reporté ce geste, souligne le South China Morning Post. Toutefois, ce report sera de courte durée : l’envoi aura bien lieu, mais à la date de la commémoration, le 31 mai. Ce contretemps illustre la tension retenue qui subsiste entre les deux pays après la disparition du vol MH 370.

Parmi les 239 passagers, 154 étaient de nationalité chinoise. En un mois d’enquête, nombre de pistes ont été suivies, mais toujours en vain. Pékin a dû faire face à un déferlement de contestation - de la part des parents des passagers comme du grand public - à propos de la gestion opaque de la situation par le gouvernement malaisien, sans pour autant nuire à ses relations avec Kuala Lumpur. Alors que 2014 devait être une année de célébration concernant les relations entre les deux pays, des manifestations ont eu lieu devant l’ambassade de Malaisie à Pékin.

Une question de stratégie géopolitique

Face à ces protestations, le gouvernement chinois a aussi montré du doigt son partenaire malaisien mais de manière "très retenue", constate le site d’information Tengxun Wang."La Malaisie manque d’expérience dans le traitement d’un événement aussi grand que celui-ci. Equipée d’une technologie de bas niveau, elle a du mal à gérer les enquêtes. Mais le gouvernement malaisien est bien déterminé à trouver les débris du vol MH 370". Cette déclaration de l’ambassadeur de Chine en Malaisie est soulignée par ce site. Derrière le choix de Pékin en faveur de l’apaisement, se joue une question de stratégie géopolitique.

"La Chine a des conflits territoriaux avec la Malaisie, le Vietnam, les Philippines. Elle s’énerve surtout avec le Vietnam et les Philippines, mais les relations avec la Malaisie sont plutôt bonnes. Au niveau géopolitique, la Chine ne va pas irriter la Malaisie", commente un expert du Centre chinois de Recherche en Sciences sociales, dans le Lianhe Zaobao, un journal basé à Singapour. Dans cette affaire, c’est pourtant le régime politique malaisien lui-même qui est ouvertement mis en cause.

La diffusion des données clés

Sur le site en chinois du Financial Times, un spécialiste chinois des relations internationales dessine ainsi une "Malaisie autoritaire qui contrôle les informations dans les médias", pour expliquer en partie l’inefficacité de Kuala Lumpur à communiquer. De son côté, la presse chinoise s’interroge sur ses capacités à informer son public dans le cas d’un tel événement. "Dans l’affaire du MH 370, une grande partie des médias chinois n’ont pas recueilli des informations de première main, ils ont été obligés de citer les médias étrangers", affirme le site d’information Sohu.

Au fil des jours, ce sont les médias étrangers qui ont divulgué les renseignements essentiels, tandis qu’en tant que premiers intéressés, les médias chinois n’ont pas fait preuve d’une grande compétence. Telle est la conclusion de Luo Changping, rédacteur en chef de Caijing, hebdomadaire économique basé à Pékin. "CNN, AP, et Reuters ont dominé la diffusion des données clés. Grâce à leur panorama assez complet des informations, ils ont fait pression sur la Malaisie et l’ont forcée à communiquer. En Chine, nous n’avons pas un média d’envergure internationale à même de saisir le cœur des nouvelles."

Courrier international, le 15/04/2014 par Agnès Gaudu et Hu Wenyan


Nous soutenir

C’est grâce à votre soutien que nous pouvons vous accompagner dans l’ensemble de vos démarches, faire évoluer la prise en charge des victimes par une mobilisation collective, et poursuivre nos actions de défense des droits des victimes de catastrophes et d’attentats.

Soutenir la FENVAC

Ils financent notre action au service des victimes