Détenu en France, le seul survivant des commandos du 13-Novembre doit être jugé à Bruxelles en décembre, dans le dossier de la fusillade qui a mené à son arrestation.
Les victimes des attentats du 13-Novembre attendent beaucoup de sa comparution devant la justice française. Mais au vu de la complexité de l’enquête, celle-ci ne devrait pas intervenir avant plusieurs années. Salah Abdeslam, seul survivant des commandos qui ont fait 130 morts à Paris à l’automne 2015, sera cependant jugé dès le mois de décembre prochain dans un autre dossier, et un autre pays : en Belgique, l’homme doit en effet répondre de "tentative d’assassinat dans un contexte terroriste sur plusieurs policiers".
Quels sont les faits reprochés à Salah Abdeslam en Belgique ?
Ils remontent au 15 mars 2016, quatre jours avant les attentats de Bruxelles. Au 60 rue du Dries, à Forest, les enquêteurs franco-belges mènent un raid dans un appartement où des complices des djihadistes ayant frappé Paris auraient pu séjourner selon eux. Alors que les policiers s’attendent à trouver les lieux vides, une fusillade éclate et trois fonctionnaires sont blessés. Profitant de l’effet de surprise, Salah Abdeslam et l’un de ses compagnons de fuite, Sofiane Ayari, parviennent à s’échapper par l’arrière du bâtiment. L’opération donne un coup d’accélérateur aux investigations lorsque les enquêteurs réalisent grâce à des relevés d’empreintes qu’Abdeslam, en cavale depuis novembre, vient de leur échapper. L’homme et son complice seront arrêtés trois jours plus tard à Molenbeek, autre commune de l’agglomération bruxelloise.
Quand le procès tiendra-t-il ?
L’instruction du dossier de cette fusillade, nettement moins complexe que celle des attentats, permet au procès d’avoir lieu dès la fin de l’année. Selon une avocate dans le dossier belge, l’audience doit se tenir à Bruxelles, du 18 au 22 décembre. Lundi, une source à Paris indiquait de son côté que les autorités françaises attendent encore de connaître les dates "précises" du procès.
Salah Abdeslam est-il tenu d’y assister ?
Non, et tout portait à croire qu’il refuserait de comparaître. Incarcéré en France, le principal suspect des attentats du 13-Novembre refuse de parler aux juges et dénonce ses conditions de détention depuis sa mise en examen, le 27 avril 2016. En octobre de la même année, ses avocats ont jeté l’éponge, convaincu qu’il "ne s’exprimerait pas".
Mais contre toute attente, Salah Abdeslam a exprimé "la volonté de venir assister à son procès", a indiqué un porte-parole du parquet fédéral belge, fin septembre. Selon la même source, l’accusé entend se défendre seul à ce procès. Sa famille a toutefois pris contact avec son ancien avocat, Me Sven Mary, pour qu’il assure de nouveau sa défense. Reste à savoir dans quelle mesure le survivant des commandos acceptera de répondre aux questions de la justice belge. Sa présence au procès lui permettra en tout cas d’échapper pour quelques jours à sa vidéosurveillance 24 heures sur 24 à la prison de Fleury-Mérogis,
Comment la justice française voit-elle ce "prêt" ?
Compte tenu de la volonté du détenu d’assister à l’audience, le parquet de Paris et le parquet fédéral belge sont parvenus à un accord permettant à Salah Abdeslam d’être "prêté" à la justice belge, indiquait une source proche du dossier début octobre. Les contours de cette procédure, qui a déjà fait l’objet de plusieurs réunions entre représentants des deux pays, ne sont pas encore totalement définis.
Comment le détenu sera-t-il transféré à Bruxelles ?
C’est l’une des questions centrales, au sujet de laquelle "rien n’est acté", selon la Direction centrale de l’administration pénitentiaire (DAP) française. Lundi, la presse belge a évoqué la possibilité d’un transfert quotidien "par hélicoptère" depuis la France, dont le coût serait pris en charge par Bruxelles. L’autre option, consistant à le faire séjourner en Belgique le temps du procès, présenterait selon ces médias trop de risques : la seule prison offrant les mêmes conditions de sécurité qu’à Fleury-Mérogis se situe à Bruges, à 100 km de Bruxelles, et impliquerait un trajet aller-retour quotidien. C’est dans cet établissement que Salah Abdeslam avait séjourné entre son arrestation et son transfert vers la France, à l’isolement et sous surveillance permanente. Il avait ensuite rejoint la région parisienne par hélicoptère.
Date : 24/10/17
Auteur : M.L. avec l’AFP
Source : Europe 1