Pour l’Association de défense des familles des victimes l’expertise n’a pas été menée avec impartialité vis à vis de la compagnie Boeing.
Marc Chernet, président de l’Association de défense des familles des victimes de l’accident de Charm el-Cheikh (Egypte) en janvier 2004, a estimé lundi que la dernière expertise de l’accident n’avait pas été menée avec impartialité vis à vis de la compagnie Boeing.
Dans un rapport qui aurait été remis récemment au juge chargé du dossier à Bobigny, quatre experts indépendants évoquent « une déficience humaine » liée à une « absence de compétence (du pilote, ndlr), avait expliqué dimanche à l’AFP Me Gilles-Jean Portejoie, l’avocat de certaines parties civiles.
Ce rapport vient donc conforter la thèse du Bureau Enquête Accident (BEA) français, qui avait mis en cause le pilote, un ancien militaire, évoquant une »désorientation spatiale« .
Selon M. Chernet, les conclusions de ce rapport "ne répondent en rien à la commission d’expertise (sur les causes de l’accident, ndlr)« , se bornant à conclure »sur la manoeuvrabilité" de l’appareil après un travail "qui ne réunit pas les conditions d’impartialité objective qui sont requises en matière judiciaire". Les experts ont opéré fin septembre 2007 une série de simulations dans une cabine de tests de la compagnie Boeing »avec un logiciel qui ne prend pas en compte les défaillances dues à des défauts éventuels de structure de l’appareil« , selon M. Chernet. Or, "la tendance à partir à droite de l’avion peut provenir d’un problème de structure", insiste-t-il.
»Il est surprenant que des experts français aillent se faire dicter leurs conclusions dans les locaux d’une société partie au procès civil et, qui plus est, co-responsable, selon toute vraisemblance de cette catastophe« , écrit-il. "Les principes d’indépendance et de respect du contradictoire ont été violés", estime M. Chernet, dont l’association a fait établir par des experts indépendants un rapport de 438 pages sur l’accident, publié en juin 2007.
Ce contre-rapport aux conclusions égyptiennes qui évoquent une combinaison de facteurs impliquant notamment une défaillance du pilote automatique, écarte également la thèse d’une désorientation spatiale du pilote et du copilote, et épingle Boeing.
Les experts mandatés par les familles insistaient sur "les nombreux vices de conception" de l’avion. Le 3 janvier 2004, l’accident du Boeing 737 de la Flash Airlines au large de Charm el-Cheikh avait fait 148 morts, dont 134 Français.
Le Parisien, le 28 janvier 2008.