CRASH DE LA GERMANWINGS : QUELLES CONSEQUENCES CETTE CATASTROPHE A-T-ELLE EU SUR LES NORMES D’AVIATION ?

Le 24 mars 2015, Andreas Lubitz met fin à ses jours au commandement d’un Airbus A320 de la compagnie Germanwings. Il entraîne avec lui 150 personnes, passagers et membres d’équipage. Ce drame a conduit les autorités à revoir les normes de sécurité dans l’aviation civile.

"Est-ce que le monde progresse par soubresauts à la suite des catastrophes ? Dans certains cas, oui." Dans Les Voix du crime, l’avocate Me Sophie Thonon-Wesfred ironise sur les circonstances du crash de la Germanwings survenu le 24 mars 2015.

Ce jour-là, l’Airbus A320 appartenant à cette filiale low-cost de la Lufthansa s’envole de Barcelone pour relier Düsseldorf. Il n’y arrivera jamais : le copilote de l’appareil Andreas Lubitz écrasera volontairement l’avion contre le massif alpin entraînant la mort de la totalité des passagers et des membres d’équipage.

"Le cockpit était verrouillé de l’intérieur et ne pouvait pas se déverrouiller de l’extérieur", raconte l’avocate qui représente les familles d’un couple d’Argentins décédés pendant le crash. Une consigne héritée de l’attentat du 11 septembre 2001 pour éviter les intrusions et les détournements d’avions. "Dans le cas de ce crash, ça a été évidemment une catastrophe, poursuit-elle. Donc il a été indiqué qu’il fallait que maintenant, il y ait deux personnes dans le cockpit."

Le BEA a souligné qu’il fallait que l’on puisse adapter le secret médical
Me Sophie Thonon-Wesfred

Une nouvelle règle qui n’a pas été appliquée sans contestations. Les pilotes allemands ont fait par à l’époque de leurs réserves, insistant sur le fait que ces changements ne pourraient éviter les actes prémédités comme celui d’Andreas Lubitz, encore moins les scénarios dans lesquels la deuxième personne présente serait complice.

Pour autant, réformer le suivi médical des pilotes semblait nécessaire. L’enquête a montré qu’Andreas Lubitz, sujet aux épisodes dépressifs graves, avait sciemment dissimulé ses tendances suicidaires. Me Sophie Thonon-Wesfred rappelle qu’en France, le Bureau d’enquête et d’analyses (BEA) a fait des recommandations en ce sens.

"Ce qui a été également souligné par le BEA a été que l’on puisse adapter le secret médical, que l’on puisse créer des consignes d’équilibre entre l’exigence du secret médical et l’exigence de la sécurité des personnes".

En Allemagne le secret médical est absolu
Me Sophie Thonon-Wesfred

D’autant plus qu’en Allemagne, pays d’origine d’Andreas Lubitz, le secret médical est strictement protégé. Là-bas, précise Me Thonon-Wesfred, "le secret médical est absolu et ne peut être rompu que dans certains cas extrêmement précis - l’accord du patient même après le décès de ce dernier, ou bien lorsque il y a un enjeu de sécurité publique absolument considérable". Une règle qui a joué en la faveur du copilote : en 5 ans le jeune homme a consulté 41 médecins, se débrouillant pour que son dossier reste confidentiel et ne passe pas de professionnel en professionnel.

Andreas Lubitz, passionné d’aviation depuis petit, avait une peur : perdre sa licence. "Il avait aussi la préoccupation de ne pas déchoir aux yeux de sa famille des personnes qui pouvaient représenter l’autorité et de ses pairs, précise Me Sophie Thonon-Wesfred. Donc, pour lui, c’était absolument une catastrophe. C’était en quelque sorte sa vie qui s’effondrait."

Le jour du crash, Andreas Lubitz aurait dû être en arrêt maladie. Obsédé par sa santé en déclin et se croyant dans une impasse, le copilote n’aurait vu aucune autre issue que celle de la mort. Un suicide devenu un meurtre de masse imprévisible et sans responsable pénal : en 2022, compte tenu du décès du suspect numéro 1, la justice française a ordonné un non-lieu dans cette affaire qui a laissé des traces indélébiles dans l’avion civile.

Crédit photos : article rédigé par Guillaume Chieze & Marie Zafimehy paru sur le site RTL.FR

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