La ministre de l’équipement espagnole, Magdalena Alvarez, comparaissait, vendredi 29 août, devant le Parlement pour évoquer le récent accident d’un avion de la compagnie aérienne espagnole Spanair et dresser un panorama de la sécurité aéroportuaire en Espagne.
Le 20 août, un avion MD-82 devant relier Madrid et Las Palmas, dans l’archipel espagnol des Canaries, s’est écrasé au décollage, faisant cent cinquante-quatre morts et dix-huit blessés, la plus grave catastrophe aérienne en Espagne depuis vingt-cinq ans.
Selon la ministre, la Spanair avait détecté une avarie avant le décollage. Le pilote de l’avion avait remarqué une surchauffe sur une prise d’air de l’avion. "Le commandant note dans le document de vol le problème détecté, retourne au parking, où les responsables de la maintenance réalisent plusieurs opérations qu’ils inscrivent dans le document de vol", a déclaré la ministre lors de sa comparution. A ce moment, "la compagnie a indiqué à l’aéroport qu’elle envisageait la possibilité de remplacer l’aéronef par un autre, mais a finalement communiqué au centre de gestion aéroportuaire qu’elle décidait de poursuivre" avec le premier. Le même avion a donc finalement redécollé moins d’une heure plus tard.
Dans leur édition du jeudi 28 août, les quotidiens El Pais et El Mundo révélaient que l’accident pouvait résulter d’une inversion de la poussée d’un des réacteurs. Une source au sein de Spanair a indiqué qu’un problème avait été détecté par des mécaniciens trois jours avant l’accident, mais au lieu de procéder à une réparation complète, ils se seraient contentés d’un dépannage provisoire. Les quotidiens soulignent cependant que cette opération est conforme aux règlements espagnols sur la sécurité aérienne.
LA SITUATION FINANCIÈRE DE SPANAIR HORS DE CAUSE
Démentant par ailleurs certains commentaires parus dans la presse laissant entendre, juste après l’accident, que la mauvaise situation financière de Spanair pourrait être une des explications de l’accident, la ministre a déclaré que les difficultés économiques de la compagnie espagnole étaient sans effet sur la sécurité de ses vols.
"La situation économique a été suivie de très près par la direction générale de l’aviation civile (...), situation qui n’affecte en rien la sécurité de son activité", a déclaré Mme Alvarez.
Deuxième compagnie aérienne espagnole derrière Iberia, Spanair traverse une période difficile : elle a essuyé plus de 50 millions d’euros de pertes au premier semestre 2008 alors que le ciel espagnol est le théâtre d’une concurrence féroce où opèrent plusieurs compagnies à bas coûts. Son propriétaire, le groupe scandinave SAS, a vainement tenté de vendre la compagnie et a annoncé en juillet le départ d’un quart de ses effectifs.
La ministre a par ailleurs affirmé que "les avions espagnols étaient au même niveau de sécurité que les autres avions européens", l’Espagne ayant considérablement renforcé le nombre de ses inspections ses dernières années.
Le Monde, avec AFP et Reuters, 29.08.08