Dix ans après le drame qui a fait 113 morts, le Tribunal de Grande instance de Pontoise a rendu son jugement dans le crash du Concorde à Gonesse (Val d’Oise), après que le supersonique a roulé sur une lamelle de métal perdue par un appareil de la compagnie Continental Airlines.
La compagnie américaine a été condamnée pour « homicides involontaires » et « blessures involontaires ». Elle devra s’acquitter d’une amende de 200 000 €, et verser 1 M€ de dommages et intérêts à Air France.
Le chaudronnier employé par Continental qui avait participé à la fixation de la lamelle responsable de l’accident a été condamné à 15 mois de prison. Son chef d’équipe a été relaxé, tout comme trois anciens cadres français de l’aéronautique : Henri Perrier, 80 ans, l’un des pères du supersonique, Jacques Hérubel, un collègue d’Henri Perrier, et Claude Frentzen, l’ancien responsable de la Direction générale de l’aviation civile.
« Un jugement rendu au nom du patriotisme français »
Avocat de Continental Airlines, Me Olivier Metzner a fustigé une décision qui protège les « seuls intérêts de la France ». « La justice en France doit être rendue au nom du peuple français. Elle a été rendue ce matin au nom du patriotisme français », a-t-il déclaré, s’étonnant que seul des prévenus de nationalité américaine aient été condamnés. L’avocat a immédiatement annoncé qu’il ferait appel.
Sur le même mode, l’avocat du chaudronnier a évoqué une décision « politique » teintée de « nationalisme judiciaire ». « L’accident imprévisible pour tout le monde, sauf pour mon client. Lui seul aurait dû prévoir », a ironisé Me François Esclatine.
De son côté, l’avocat d’Air France, partie civile dans ce procès, a salué la condamnation de la compagnie américaine. « Il est clair que la responsabilité de Continental Airlines est impossible à évacuer. Il y a eu une bonne justice, conforme à la réalité des faits », a applaudi Me Fernand Garnault.
Thibault Raisse LeParisien.fr - Publié le 6 décembre 2010