Le 16 septembre 2007, un McDonnell Douglas MD-82, vol OG269, de la compagnie low cost One Two Go, qui effectuait la liaison entre Bangkok et Phuket, s’est écrasé avec 123 passagers (45 thaïlandais et 78 étrangers) et 7 membres d’équipage à bord.
Le pilote a tenté un atterrisage sous la pluie battante, l’avion quittant la piste, se désagrégeant et prenant feu.
On dénombre 90 personnes décédées dont neuf français. Leurs familles ont créée une association présidée par Gérard Bembaron avec pour objectifs de mettre en lumière les causes réelles de cet accident qui trouve son origne dans le fonctionnement lamentable de cette compagnie et le laxisme des autorités de contrôle thailandaises.
L’engagement de ces familles au service de la prévention de futurs accidents a d’ores et déjà concrètement abouti puisque alertées par elles, la Commission Européenne a décidé de placer , après une mission d’inspection, la compagnie ONE TWO GO sur la liste noire européenne le 8 avril 2009.
Cet accident illustre parfaitement l’approche systémique presque toujours opérante dans ce type de catastrophe et qui traduit bien qu’un accident est toujours la faillite d’un ensemble de règles et de gardes fous faits précisemment pour empêcher leur survenance.
Il est à noter qu’une année avant ce crash, un pilote canadien de cette compagnie, Clément CAMPEAU, avait tenté, en vain, à travers une lettre à son responsable, d’attirer l’attention sur les graves insuffisances en matière d’entretien des avions et les dangers d’une trop grande fatigue des équipages. Certain de la survenance d’un accident et non écouté, il avait choisi de démissionner.
C’est encore grâce la pression des familles que les autorités thaïlandaises viennent de rendre public un rapport dit intermédiaire d’enquête sur cet accident, conformément à l’annexe 13 de l’OACI.
Il y a quelques jours, un rapport intermédiaire de cet accident a été produit par la Thaïlande.
Pour télécharger ce rapport, cliquez ICI
Sans conteste, le commentaire le plus juste de ce compte rendu d’enquête admnistrative est celui fait par Clément CAMPEAU :
"Voilà un rapport qui tente et réussira sans doute à enterrer les responsabilités de chacun. Sauf bien sûr les personnes connaissant l’aviation et ayant suivi les séquelles de cet "accident", le public et les médias n’y verront que du feu.
Les batailles de recherche de la vérité comme dans ce cas, se déroulent par médias interposés. L’opinion publique, surtout dans nos démocraties occidentales, est fortement influencée par les médias, ce qui est presque toujours bénéfique.
Ce rapport et ses conclusions sembleront donc, aux yeux des médias et par extension, du public être l’aboutissement d’un exercice honnête, ouvert et éclairé. Or, nous savons qu’il n’en est rien, mais le grand public y croira et c’est ce qui compte.
A ce stade-ci, il est déjà très tard pour tenter de renverser la vapeur. Les associations de victimes et autres personnes impliquées dans la recherche de la vérité ont une grosse pente à remonter pour démontrer la fourberie de ce rapport. Les gouvernements des ressortissants et des victimes n’ont fait que bien peu, et rien, dans certains cas.
Il faut se rendre à l’évidence, le rapport de force joue en la faveur de Udom [le patron de la compagnie] et de la DCA [administration thaïlandaise].
Si la tragédie s’était produite dans un pays occidental, j’ose affirmer que le rapport qui en aurait émané aurait été beaucoup plus critique des responsables et aurait vraisemblablement attribué des responsabilités allant jusqu’à criminelles aux officiers de OG-OX [la compagnie] et de la DCA.
En effet, c’est un rapport très complaisant qui aurait pu se résumer ainsi : La DCA, OG-OX de même que le gouvernement et la société Thaïlandaise devront impérativement régler leur problèmes de corruption. Il s’agit bien là du noeud du problème et la principale cause de cette catastrophe.
Mais bien sûr, demain n’est pas la veille… Ce rapport aurait pu être écrit par Udom lui même. Bien que ce rapport tombe pile sur certaines causes de l’accident, il ne fait aucune mention des lacunes graves et systémiques de OG-OX. Je constate bien qu’il s’avance un peu plus dans ses recommandations. Sous la rubrique "les causes" le rapport ne mentionne pas l’évidence même ; La culture d’entreprise du transporteur est DIRECTEMENT responsable de toutes les causes sauf l’item no 4. Aussi, le personnel responsable de la DCA a choisi depuis longtemps d’ignorer les avertissements pourtant nombreux portés à leur attention. La DCA et, par extension, le gouvernement thaïlandais sont complices des agissements des "inspecteurs" de la DCA. Il a en effet été démontré que cette DCA se trouvait, par le biais des agissements de ses inspecteurs, en état de dépendance envers Udom.
Sous la rubrique "recommandations de sécurité" tous les items, de 1.1 à 1.8 indiquent bien que ni le transporteur, ni la DCA ont pris au sérieux leurs rôles respectifs dans l’établissement et la supervision de normes reconnues mondialement.
En ce qui me concerne, en filigrane, ce rapport néglige de mentionner la seule conclusion qui s’impose : Par leurs agissements, incompétence et corruption graves, tous les intervenants au niveaux de direction de OG-OX et de la DCA doivent être tenus personnellement et criminellement responsables d’une catastrophe annoncée.
Mais c’est la Thailande, et bien sur, rien dans ces maigres recommandations ne sera corrigé ou mis en place tant par la DCA que par OG-OX ou Udom.
Je sais que c’est difficile à admettre, mais les 90 victimes ne seront pas les dernières."