Deux frères jugés à Paris pour avoir préparé un attentat

Les deux hommes avaient en leur possession les ingrédients pour fabriquer de l’explosif artisanal, du TATP, prisé des djihadistes.

Sur le téléphone portable d’un membre de la famille, les enquêteurs ont retrouvé des documents de propagande de l’Etat islamique.

Deux frères sont jugés à partir de lundi 27 janvier à Paris, soupçonnés d’avoir voulu fabriquer des explosifs pour un projet d’attentat en 2017, en lien avec un cousin alors en prison et un autre détenu, eux aussi présents dans le box des accusés.
Ces hommes, qui ont toujours contesté avoir projeté une attaque, comparaissent jusqu’à vendredi pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle » et, pour les deux premiers, « transport » et « détention d’éléments destinés à composer un engin explosif ».
L’enquête a débuté avec un banal contrôle de police en Seine-Saint-Denis, le 17 janvier 2017. Au 16e étage d’un immeuble de Clichy-sous-Bois, les policiers trouvent, dans les parties communes, des produits et du matériel pouvant servir à fabriquer du TATP, un explosif artisanal prisé des djihadistes du groupe EI.

Les ingrédients pour fabriquer des explosifs
Acétone, acide sulfurique, plaque d’aluminium, thermomètre… En y ajoutant de l’eau oxygénée, ces éléments auraient pu servir à fabriquer « 600 à 800 grammes » de TATP, estimera plus tard un expert.
Sur ces objets sont identifiés les profils génétiques de Mohamed et Amar-Islam B., alors 20 et 22 ans, qui habitent l’immeuble. En février 2017, ils sont interpellés ainsi que leur cousin mineur et son grand frère, Ouassini B.
Ce dernier est alors en détention provisoire, soupçonné d’avoir réalisé des escroqueries sur le site Le Bon Coin pour financer des départs en Syrie. Il sera condamné l’année suivante à 7 ans de prison pour ces faits.
Sur les téléphones de certains membres de cette famille, les enquêteurs retrouvent des images, vidéos et chants religieux du groupe djihadiste État islamique. Y apparaissent aussi des conversations sur la messagerie cryptée Telegram, où circule la propagande de l’EI, ainsi que des tutoriels sur la fabrication de TATP.

Proche de Chérif Kouachi
Un autre homme participe activement à ces conversations : Fritz-Joly Joachin, alors en détention avec Ouassini B.
Un temps proche de Chérif Kouachi, l’un des auteurs de l’attentat contre Charlie Hebdo en janvier 2015, il a cependant toujours nié avoir eu connaissance de ses projets criminels. En mars 2017, il a été condamné à sept ans de prison pour avoir tenté de rejoindre la Syrie en 2015.
Le plus jeune des quatre membres de la famille de Clichy-sous-Bois était âgé de 15 ans au moment des faits : il a été condamné par la justice des mineurs à 5 ans de prison dont 2 avec sursis en octobre 2019.
Les trois autres comparaissent devant la cour d’assises spéciale de Paris aux côtés de Fritz-Joly Joachin (33 ans). Le verdict est attendu vendredi.

Publié par Ouest France, avec AFP, le 27 janvier 2020 (photo illustration : Béatrice Le Grand, archives Ouest France).

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