Disparition du vol MH370 : la piste d’un passager mystère

Les enquêteurs veulent savoir si une personne présente à bord de l’avion pourrait être liée à sa disparition en Asie en 2014.

Le vol MH370 a-t-il été détourné par l’un de ses passagers ? Quatre ans et demi après la mystérieuse disparition du Boeing, quelque part au cours de son trajet Kuala Lumpur-Pékin, les enquêteurs français tentent toujours de creuser cette piste. Ils pourraient prochainement se rendre aux Etats-Unis afin de rencontrer l’équipe d’une société de technologie, pour étayer ce scénario.

Le 8 mars 2014, le vol MH370 et ses 239 occupants ont disparu des écrans radars, entre les espaces aériens malaisiens et vietnamiens, cinquante minutes après le décollage. Les recherches en mer, d’une ampleur inédite, sont restées infructueuses. Seul un "flaperon" (un aileron) a été retrouvé en 2015 sur l’île de la Réunion, ainsi que plusieurs autres débris à l’Est de l’Afrique.

" Entreprise terroriste "
"Il y avait quelqu’un dans cet avion qui ne devait pas arriver à Pékin. Ou quelque chose." C’est la conviction de Ghislain Wattrelos, ancien cadre de Lafarge qui a quitté son emploi pour mener ses propres recherches. Sa femme Laurence, 52 ans, et deux de ses enfants, Hadrien et Ambre, respectivement âgés de 17 et 13 ans, se trouvaient à bord de l’appareil. C’est grâce à lui que la France demeure le seul et dernier pays à poursuivre ses investigations. Sa plainte avec constitution de partie civile a en effet permis d’ouvrir en France en 2015 une information judiciaire pour "détournement d’aéronef en lien avec une entreprise terroriste". En juillet 2018, la Malaisie a rendu un rapport épais de 495 pages (et 1000 pages d’annexe), sans parvenir pour autant à déterminer les causes de la disparition de l’avion. Mais la responsabilité des pilotes semble exclue. L’ "intervention illégale de la part d’une tierce partie" figure en revanche parmi les hypothèses de travail malaisiennes.

Jeudi dernier, Ghislain Wattrelos a rencontré les magistrats français avec son avocate Marie Dosé pour connaître les avancées de l’enquête. "Les juges travaillent dur mais on ne leur facilite pas le travail" commente-t-il.

Un passager ingénieur en aéronautique
Le nom d’un passager a notamment retenu leur attention. Il s’agit d’un ingénieur en aéronautique malaisien, né en décembre 1985, marié et père d’un enfant. L’homme a d’ailleurs fait l’objet d’une fiche particulière dans l’instruction malaisienne. Il "possédait (...) une connaissance du système électronique de l’avion, y compris l’emplacement et le fonctionnement des boites à fusibles", selon un document transmis par la Malaisie à la France, que L’Express a pu consulter. "Cependant, il n’avait pas les connaissances nécessaires pour piloter l’avion".

Mais un autre élément interpelle les magistrats : l’ingénieur était assis à proximité du Satcom, le système satellitaire de l’appareil. Les enquêteurs français cherchent à savoir si "une personne possédant des qualifications spécifiques, tel qu’un mécanicien ou un ingénieur aéronautique" pourrait agir sur ce système avec un outil adéquat.

Pour vérifier cette théorie, les gendarmes s’intéressent à une société américaine qui commercialise un kit permettant une connexion avec le Satcom. Ils ont au moins deux questions à poser à ses dirigeants : est-ce que ce kit permet effectivement une telle manipulation des données ? A-t-il été vendu à l’un des passagers de l’avion ? D’où la nécessité de se rendre aux Etats-Unis.

Piratage d’un compte Facebook
D’autres possibilités continuent d’être explorées dans ce dossier qui suscite encore toutes les spéculations. Pour Ghislain Wattrelos, la présence de ce passager est d’ailleurs loin d’être la seule étrangeté du dossier. "Il y a beaucoup d’incohérences". A commencer par les données fournies par une autre société, Inmarsat, qui ont permis de définir la zone de recherche de l’épave. "Nous n’avons rien trouvé dans ce périmètre donc nous n’avons pas cherché au bon endroit, affirme-t-il. Soit ces données, auxquelles nous n’avons jamais eu accès, sont fausses, soient elles ont été faussées." Par une "tierce partie" ? Le quinquagénaire ne l’exclut pas.

Autre bizarrerie selon lui, le vol MH370 a échappé à tous les radars militaires qui sont pourtant aptes à repérer les avions fantômes. "Il aurait survolé sept pays et seule la Malaisie aurait détecté sa trace..."

La liste des mystères soulevés par Ghislain Wattrelos est longue, si longue qu’il est parfois accusé de voir des complots partout. Ce qu’il réfute, tout en pointant d’autres éléments troublants survenus au cours de sa propre enquête. Comme le piratage de son compte Facebook ou la disparition de certains de ses fichiers numériques.

"Nous ne disons pas qu’on nous cache la vérité, tempère son avocate Marie Dosé. Nous disons simplement qu’on ne nous aide pas y accéder". Par exemple, "les données d’Inmarsat, ça fait trois ans qu’on court après".

Tous leurs espoirs tiennent maintenant entre les mains des magistrats français. "Je suis persuadé qu’ils iront jusqu’au bout et qu’ils ne lâcheront pas" se persuade Ghislain Wattrelos. Lui-même n’a pas l’intention d’abandonner sa quête acharnée de la vérité.

Source : L’Express
Auteur : Thibaut Solano
Date : 24/10/2018

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