Ce lundi matin, au quatrième jour du procès du drame d’Allinges, plusieurs personnes qui étaient dans le bus se sont succédé à la barre du tribunal de Thonon-les-Bains (Haute-Savoie).
Elèves et professeurs ont raconté comment chacun a vécu ce drame, mais aussi les semaines et mois qui ont suivi.
Dans un vibrant témoignage, entrecoupé par ses sanglots qu’elle cherchait à retenir, la professeur de sport, Béatrice François, a livré sa vision de l’accident. « Je n’ai pas crié. J’ai confiance. Je crois que le train va s’arrêter. Tout le monde était dans l’insouciance. Les enfants, je pense qu’ils n’ont pas vu la mort arriver », explique doucement la professeur. Elle se souvient avoir eu « confiance dans les procédés de la SNCF, pensant que le train savait qu’on est sur le passage à niveau ».
« Juste derrière il y avait Tom. Dans son regard j’ai vu qu’il était mort », a lâché la professeur d’EPS en pleurs...
Avant elle, son mari, Georges François, CPE du collège de Margencel et également présent dans le bus a également témoigné. D’un ton très solennel, il a clamé : « On va aborder des problèmes d’indemnité. Un môme ça vaut pas 15 000, 20 000 euros... On leur a pas laissé le temps de s’épanouir », a-t-il affirmé avant d’être largement applaudi par la salle d’audience. M. François a ensuite appelé la SNCF et RFF, de « grandes administrations », à faire « preuve de courage et de dignité ».
« Je suis certain que le chauffeur n’a pas grillé le feu rouge »
Un autre professeur, Marc-Laurent Lavy, avait de son côté raconté comment il avait pris la main de Fanny avant qu’elle ne décède dans ses bras.
Avant le drame, il a un souvenir très précis de ce qui s’est passé. « J’avais trouvé le chauffeur très prudent. Je suis certain que le chauffeur n’a pas grillé le feu rouge, a assuré M. Lavy. Le chauffeur a redémarré et les signaux se sont allumés dans la seconde. Mais pour moi il ne commet pas d’infraction. »
Une version qu’avait confirmé Eric Jandin, le professeur qui s’est suicidé peu après le drame : « M. Prost roulait prudemment. »
Après, une fois le bus arrêté sur le passage à niveau, le professeur a compris : « Nous étions en danger ». « Mais j’étais optimiste, on avançait lentement comment il avait poussé les enfants vers l’avant du car en comprenant ce qui allait se passer. »
En sortant du bus, Marc-Laurent Lavy a dû constater plusieurs décès avant de croiser le regard du chauffeur : « Il avait le regard comme un mort », raconte-t-il encore marqué.
En début de matinée, le chauffeur avait repris la parole pour préciser son témoignage de vendredi. Il a notamment assuré qu’il était « prêt à accepter ce que les familles attendent de ce procès ».
lemessager.fr, EMMANUEL ROUXEL, le 8 avril 2013