DRAME DE MARSEILLE : A QUAND DES DETECTEURS DE GAZ OBLIGATOIRES DANS LES LOGEMENTS ?


Dans la nuit du 8 au 9 avril, une explosion sans doute due au gaz a entraîné l’effondrement d’un immeuble situé rue de Tivoli à Marseille. Huit personnes ont trouvé la mort lors de ce drame. PHOTOPQR/La Provence/Valerie Vrel

Peu avant l’effondrement de l’immeuble à Marseille, deux associations de victimes de l’explosion de la rue de Trévise, à Paris, s’apprêtaient à interpeller des parlementaires sur la prévention des fuites de gaz. Elles réclament la pose obligatoire de détecteurs individuels.

Et s’il y avait eu des détecteurs de gaz dans les logements, rue de Tivoli, à Marseille ? Et dans ceux de la rue de Trévise, à Paris, en janvier 2019 ? Le bilan humain aurait-il été aussi lourd ? Huit morts à Marseille, quatre à Paris, sans compter les blessés, qui enchaînent les opérations chirurgicales, depuis quatre ans, et les centaines de sinistrés, qui n’ont toujours pas retrouvé leur toit à ce jour, embarqués dans une interminable traversée judiciaire.

« Ça rend dingue, les drames se succèdent, il y a des morts et rien, aucune leçon technique n’est tirée pour sécuriser davantage et éviter que le gaz tue », se désole Linda Zaourar, présidente de l’association Victimes et rescapés de la rue de Trévise (Vret), qui interpelle les députés.

« Aucune leçon technique n’est tirée pour sécuriser davantage et éviter que le gaz tue », se désole Linda Zaourar, présidente de l’association Victimes et rescapés de la rue de Trévise (Vret).

Le courrier est prêt, il sera adressé aux députés parisiens dans un premier temps. Il a été rédigé à l’issue de l’assemblée générale de la Fenvac, qui s’est tenue à Paris il y a deux semaines. Personne n’imaginait une seule seconde qu’une nouvelle tragédie plongerait quelques jours plus tard des familles dans le deuil et l’effroi, avec cette fois encore, la piste d’une explosion au gaz. « Il faut faire évoluer la réglementation pour que ça ne se reproduise plus », confirme Sophia Ceco, la directrice générale de la Fenvac, cosignataire du courrier avec les associations Vret et Trévise ensemble.

Depuis deux décennies, la liste noire s’allonge. 1999, Dijon (Côte d’Or), onze morts et trois blessés dans l’explosion d’un immeuble de l’avenue Eiffel. 2007, Bondy (Seine-Saint-Denis), un mort et plus de cinquante blessés après l’éventrement d’une canalisation de gaz par un engin de chantier. Trois mois plus tard, l’histoire se répète à Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis). Les habitants de la barre Stephenson, sortis in extremis par les secours, voient leur immeuble s’effondrer comme un château de cartes sous leurs yeux.

2014, Rosny-sous-Bois, dans le même département, huit morts et une douzaine de blessés. 2018, Annecy (Haute-Savoie) un couple de personnes âgées décède dans une explosion. Janvier 2019, la rue de Trévise n’est plus que chaos.

Une sécurité qui coupe l’approvisionnement en cas de fuite
Les drames de Bondy et de Noisy-le-Sec ont conduit à une modification de la réglementation pour les chantiers. Mais pas pour les habitations. « Le gaz n’est pas toujours à l’origine des drames, mais il est certain qu’il est un facteur aggravant », précisent les signataires de la missive, réclamant notamment « l’obligation de mettre en place un système de sécurité qui permet de détecter une fuite de gaz, et couper l’approvisionnement en cas de fuite », avec un équipement reliant GRDF aux casernes de pompiers.

Quelques heures ou minutes auraient permis d’inverser le cours des choses, rendre le bilan humain moins lourd, ils en sont convaincus, éviter une tragédie, peut-être même. Rue de Trévise, Linda Zaourar en est certaine, « une odeur de gaz était perceptible dans le quartier deux jours avant l’explosion ».

« C’est intéressant de pouvoir, à titre de précaution, installer des détecteurs de gaz, comme c’est le cas pour les détecteurs de fumée », réagit Christophe Gontard, expert judiciaire en bâtiment sur le ressort de la cour d’appel de Paris. La loi rendant obligatoire l’installation des détecteurs de fumée dans les appartements date de 2010, depuis 2015, il est obligatoire d’en avoir un chez soi. Du côté de GRDF, on indique les moyens de détection mis en œuvre : 35 véhicules munis d’un « détecteur ultrasensible capable de détecter la moindre particule de méthane (principal composant du gaz naturel) présent dans l’air », et des techniciens, à pied, avec un appareil portatif.

Des hôpitaux déjà équipés

Les détecteurs de gaz individuels existent bien. La preuve au rayon électricité d’un magasin Leroy Merlin, à Paris, où un modèle filaire de « détecteur de gaz de ville, butane, propane » est proposé à une trentaine d’euros. « Ça sonne à 85 dB en cas de détection de gaz, j’en vends beaucoup, même si cela n’est pas encore obligatoire », nous précise un vendeur, en constatant que le stock de modèles sans fil est à sec. Bien d’autres modèles sont proposés sur Internet.


Modèle d’un détecteur de gaz, au rayon électricité, d’un magasin de bricolage. LP/Carole Sterlé

« Il existe aussi des vannes électriques avec détecteur de gaz pour les chaufferies en sous-sol, par exemple, en cas de fuite de gaz », complète Ameroche, grièvement blessé dans l’explosion de la rue de Trévise, et qui sort tout juste d’une nouvelle opération du genou. Il était responsable technique des hôtels Mercure et Ibis, rue de Trévise. Avant de travailler dans les hôtels, il était chauffagiste plombier. « J’en ai vu des vannes motorisées dans des collectivités, des hôpitaux », dit-il. L’Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP) confirme que ces équipements existent dans ses hôpitaux.

Crédit photos : PHOTOPQR/La Provence/Valerie Vrel et Carole Sterlé, article rédigé par Carole Sterlé publié sur leparisien.fr

Nous soutenir

C’est grâce à votre soutien que nous pouvons vous accompagner dans l’ensemble de vos démarches, faire évoluer la prise en charge des victimes par une mobilisation collective, et poursuivre nos actions de défense des droits des victimes de catastrophes et d’attentats.

Soutenir la FENVAC

Ils financent notre action au service des victimes