« DROPPED ». L’ANCIEN PRODUCTEUR D’ALP MIS EN EXAMEN : OU EN EST L’ENQUETE SUR LE CRASH MORTEL ?

En mars 2015, un accident entre deux hélicoptères avait causé la mort de dix personnes, dont de nombreux sportifs, lors du tournage de l’émission « Dropped ». Alors que l’ancien producteur d’Aventure Line Production, société qui produit également « Fort Boyard » ou « Koh-Lanta », a été mis en examen, a-t-on appris ce 9 août, voici où en est l’enquête.

L’ancien producteur mis en examen, un procès pénal qui pourrait bientôt avoir lieu, la société de production condamnée en appel au civil en juillet… Sept ans après le crash de deux hélicoptères ayant causé la mort de dix personnes, dont de nombreux sportifs, en Argentine sur le tournage de l’émission Dropped, la justice continue d’enquêter sur le plus grand drame ayant touché une émission de téléréalité en France.

Le 9 mars 2015, le tournage de ce jeu d’aventures avait tourné au drame : deux hélicoptères étaient entrés en collision en plein vol, causant la mort de dix personnes dont trois sportifs français de haut niveau, la navigatrice Florence Arthaud, le boxeur Alexis Vastine et la nageuse Camille Muffat, ainsi que plusieurs personnes employées par la société de production d’Aventure Line Production (ALP).

L’émission devait être diffusée durant l’été 2015 sur TF1 . Les sportifs français devaient être largués dans des zones isolées et mis au défi de retrouver la « civilisation » en moins de soixante-douze heures.

L’ancien producteur de l’émission mis en examen

D’après les informations de Télé Loisirs confirmées par Ouest-France, le patron de la société qui produisait le programme au moment de l’accident, Franck Firmin-Guion, a été mis en examen. « Pour l’instant, il s’agit simplement d’une instruction dans laquelle les mandataires sociaux, dont Franck Firmin-Guion, sont mis en examen. Je n’ai pas d’éléments nouveaux au dossier », a toutefois tempéré son avocat Me Olivier Gutkès.

Selon lui, cette nouvelle étape est simplement une « suite logique » après la mise en examen de la société Adventure Line Production pour « homicide involontaire » en 2021, comme il l’explique à Ouest-France, joint par téléphone.

Dans ce dossier, Franck Firmin-Guion est la troisième personne à avoir été mise en examen après le Suédois Peter Högberg, chargé de sécurité lors du tournage, en février 2019, et Nicolas Roussel, directeur de production de l’émission, en octobre 2020.

« Cette mise en examen va nous permettre d’accéder au dossier et nous pourrons solliciter des investigations complémentaires », a expliqué l’avocat de Franck Firmin-Guion.

Vers une procédure pénale ?

Cette nouvelle mise en examen signifie-t-elle qu’un procès pénal, sur l’ensemble des faits, aura lieu ? Une enquête pénale menée en France et en Argentine est en effet toujours en cours. Les juges se basent notamment sur les rapports des administrations de l’aviation civile des deux pays.

Si un procès a lieu, la question de la responsabilité sera au cœur des questions : l’accident a-t-il eu lieu à cause d’une erreur d’un des pilotes ou à cause du trop faible budget alloué à la sécurité par la société de production ? En clair, la société ALP peut-elle être considérée comme responsable de cet accident en ayant trop rogné le budget sécurité ?

« La cause de ce tragique accident est une erreur de pilotage car il n’y a pas eu de manœuvres d’évitement des pilotes », affirme Me Olivier Gutkès.

« Il n’y a eu aucune limitation budgétaire dans ce type d’émission ! Dans une production, vous avez toujours un budget de départ qui connaît des évolutions. C’est à la fin que l’on sait combien ça a coûté. Ici, il n’y a pas un seul message de la direction qui demande de le limiter, surtout pour les hélicoptères », avait-il déjà déclaré à Télé Loisirs.

En 2021, la société ALP a pourtant été mise en examen pour « homicides involontaires ». Une décision de justice qui pèsera sur l’ouverture ou non d’un procès pénal.

Les juges français soupçonnent en effet une « faute caractérisée » des mis en examen : avoir sous-évalué le budget affecté au choix des pilotes et des hélicoptères, « au détriment de la sécurité des personnes ».

« On est très loin du procès pénal, pense Me Gutkès. Ça dépendra de ce que le juge d’instruction décide. Pour ce qui concerne mon client, je pense qu’il bénéficiera d’un non-lieu », poursuit-il.

Par ailleurs, une autre procédure pénale est toujours en cours d’instruction en Argentine.

La société ALP condamnée au civil à deux reprises
Au-delà de ce volet pénal, les familles de victimes restent pour l’instant cantonnées à une phrase civile par le biais de procédures individuelles.

En juillet 2022, la société de production ALP a été condamnée en appel à Amiens pour « faute inexcusable ». Elle devra indemniser la famille d’un ingénieur du son victime de l’accident mortel.

« C’est un soulagement, ça fait des années que je suis sur ce procès et qu’ils ne veulent pas reconnaître qu’ils sont coupables », avait alors réagi auprès de l’AFP Gisèle Gilles, veuve de la victime.

Plusieurs autres procédures d’indemnisation sont toujours en cours en France.

Crédit photos : Article de PAUL GRATIAN pour Ouest France avec AFP 09/08/2022

Nous soutenir

C’est grâce à votre soutien que nous pouvons vous accompagner dans l’ensemble de vos démarches, faire évoluer la prise en charge des victimes par une mobilisation collective, et poursuivre nos actions de défense des droits des victimes de catastrophes et d’attentats.

Soutenir la FENVAC

Ils financent notre action au service des victimes