Du Val-d’Oise à Orly, le parcours « violent, destructeur » et fatal de Ziyed B.

L’homme a été abattu ce samedi matin dans le terminal sud de l’aéroport après avoir tenté de s’emparer de l’arme d’une militaire et dit vouloir « mourir par Allah ».

Un homme connu des services de police et de renseignement, Ziyed B., a attaqué samedi matin une patrouille de militaires de l’opération Sentinelle à l’aéroport d’Orly, avant d’être abattu. Une enquête a été ouverte par le parquet antiterroriste. Le procureur de la République de Paris, François Molins, a tenu samedi soir une conférence de presse où il a livré quelques éléments sur le parcours « violent et destructeur » de cet homme.

Que s’est-il passé samedi à Orly ?

Il est 8h22 quand Ziyed B. entre dans le hall A, jette sur le sol un sac contenant un bidon d’hydrocarbure et s’attaque à une militaire de l’opération Sentinelle. Armé d’un revolver à grenailles, qu’il lui place sur la tempe, il s’empare, au terme d’une lutte, du Famas de la soldate. « Posez vos armes ! Mains sur la tête ! Je suis là pour mourir par Allah. De toute façon, il va y avoir des morts », crie-t-il, selon des propos rapportés par deux autres militaires de Sentinelle qui le tiennent alors en joue. Ceux-ci font feu à trois reprises, et abattent l’homme. La scène a duré moins de trois minutes. Outre son revolver, 750 euros, un Coran, un briquet et un paquet de cigarettes ont été retrouvés sur lui.

Le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Pierre-Henry Brandet, a indiqué qu’il n’y avait aucun autre blessé. « Fortement choqués », les trois militaires de l’opération Sentinelle visés ont été pris en charge par les secours. L’attaque a conduit à l’évacuation de près de 3 000 personnes du terminal sud et au confinement de celles présentes au terminal ouest, selon le ministère de l’Intérieur. Le trafic aérien a été « complètement interrompu » une partie de la matinée, et les vols à l’approche déroutés vers Roissy. Le trafic a repris progressivement dans les deux terminaux samedi après-midi.

Le parquet antiterroriste s’est saisi des faits et a confié l’enquête en flagrance à la section antiterroriste de la brigade criminelle du 36, quai des Orfèvres (SAT) – en co-saisine avec la Sous-direction antiterroriste de la PJ (Sdat) et la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Cette saisine s’explique, selon le procureur Molins, par la cible (des militaires de Sentinelle) et les propos prononcés par Ziyed B., même si ses intentions précises restent floues à ce stade. L’enquête a notamment été ouverte pour tentative d’homicide et tentative d’assassinat sur personnes dépositaires de l’autorité publique, en relation avec une entreprise terroriste, ainsi que pour association de malfaiteurs terroriste criminelle.

François Hollande a « salué » le « courage et l’efficacité » des policiers et militaires intervenus samedi matin, pour mettre fin aux « agressions commises par un individu particulièrement dangereux », dans un communiqué de l’Elysée.

Que s’est-il passé avant son arrivée à Orly ?

Une heure et demie plus tôt, Ziyed B. a été contrôlé à bord d’une Clio blanche à Garges-lès-Gonesse (Val-d’Oise). A 6h55, après avoir présenté ses papiers lors d’un contrôle pour vitesse excessive, il fait feu sur trois policiers avec un pistolet à grenailles dissimulé près de lui, et blesse légèrement un fonctionnaire à la tête. Il fuit ensuite en direction de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), où il rejoint un bar dans lequel « il avait ses habitudes », selon François Molins, et où il était d’ailleurs passé plus tôt dans la nuit. Là, il tient en joue des clients et tire plusieurs fois sans faire de blessés. Selon le ministre de l’Intérieur, Bruno Le Roux, il est enfin « repéré pour un car-jacking », s’emparant d’un Citroën C4 et abandonnant sa Clio.

Seul dans le véhicule volé, il se dirige alors vers Orly dans ce que le procureur Molins a qualifié de « sorte de fuite en avant avec un processus de plus en plus destructeur qui va visiblement crescendo […] avec des intentions qui sont criminelles de façon très objective ».

Que sait-on de l’assaillant ?

Selon nos informations, Ziyed B. n’était pas fiché « S » (sûreté de l’Etat) par la DGSI mais répertorié « J » (justice) au Fichier des personnes recherchées (FPR) en raison de son placement sous contrôle judiciaire dans une affaire de vol à main armée commise il y a un an. Il faisait l’objet d’une interdiction de quitter le territoire.

Il était connu pour des antécédents de droit commun (9 mentions à son casier judiciaire dont des vols à main armée dans des banques et du trafic de stupéfiants), et avait fait l’objet de deux condamnations à de la prison, en 2001 pour vol avec armes et en 2009 pour des délits liés à la drogue. L’homme avait également fait l’objet d’une perquisition administrative en novembre 2015 dans le cadre de l’état d’urgence, car il avait été signalé comme radicalisé à la maison d’arrêt d’Osny (Val-d’Oise). Cette perquisition n’avait rien donné. Récemment, il évoluait encore dans la sphère de personnes connues des services de renseignement, ce qui a conduit à une vigilance sur son parcours.

Le domicile de Ziyed B., à Garges-lès-Gonesse, a été perquisitionné. Quelques grammes de cocaïne ont été retrouvés ainsi qu’une machette. Une autopsie doit avoir lieu dimanche matin pour déterminer s’il était sous l’emprise d’alcool ou de drogue lors des attaques.

Son père et son frère, qui se sont présentés d’eux-mêmes au commissariat, ont été placés en garde à vue samedi vers midi. L’assaillant les a contactés en disant « j’ai fait des bêtises, j’ai tiré sur des gens et on m’a tiré dessus ». Un troisième homme, un cousin, s’est également présenté spontanément car Ziyed B. lui avait parlé dans la nuit de vendredi à samedi. Il est aussi en garde à vue. Le père a été remis en liberté dans la soirée.

Dimanche matin, Europe 1 a recueilli le témoignage du père : « Mon fils n’a jamais été un terroriste, jamais il a fait la prière : il boit. Et sous l’effet de l’alcool et du cannabis, voilà où on arrive. Il me téléphone à sept ou huit heures du matin et il me dit "Voilà Papa..." Il était énervé à l’extrême, même sa mère n’arrivait pas à le comprendre. Il me dit "Je te demande pardon, j’ai fait une connerie avec un gendarme." »

Source : liberation.fr
Auteurs : Pierre Alonso et Willy Le Devin
Date : 18 mars 2017

Crédit photos : Source : liberation.fr Auteurs : Pierre Alonso et Willy Le Devin Date : 18 mars 2017

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