Le parquet de Bobigny a requis le renvoi en correctionnelle, ce mercredi, de quatre sociétés dont Aéroports de Paris (ADP), pour l’effondrement d’une partie du terminal 2E, qui avait fait quatre morts et sept blessés en 2004 à Roissy-Charles-de-Gaulle. Dans son réquisitoire daté du 31 juillet, le parquet a demandé le renvoi pour « homicides involontaires » et « blessures involontaires » d’ADP, en tant que maître d’ouvrage (concepteur) et maître d’oeuvre (client) du terminal 2E.
Des réquisitions similaires ont été prises à l’encontre de l’entreprise GTM, filiale du géant du BTP Vinci, chargée de la construction du toit du terminal, mais aussi du bureau d’études Ingerop et du groupe d’inspection et de certification Bureau Veritas.
Le 23 mai 2004, onze mois après son inauguration,le toit du bâtiment s’était effondré sur une trentaine de mètres au niveau de la jetée d’embarquement. Rapidement, l’enquête administrative, réalisée dans les semaines suivant le drame, avait conclu à un défaut de réalisation et de conception du bâtiment, la section effondrée étant considérée comme trop fragile, dès l’origine.
« Des fissurations existaient dès le début », avait expliqué à l’époque Jean Berthier, le président de la commission d’enquête. Et d’ajouter : « la coque s’est progressivement fragilisée. » De son côté, l’enquête judiciaire avait mis en lumière de nombreux irrégularités comme des « dispositions constructives hasardeuses » et un « manque de coordination » entre les différents acteurs du projet. « Le terminal 2E relevait d’une conception innovante et audacieuse, mais aussi complexe, voire hasardeuse, sans marge de sécurité suffisante permettant de pallier une défaillance locale dans la zone qui s’est effondrée », expliquaient les enquêteurs en ajoutant que toutes les parties qui étaient intervenues pour la réalisation de ce bâtiment de 650 millions d’euros n’avaient émis des doutes sur cette réalisation.
Par la suite, trois ans ont été nécessaires pour reconstruire entièrement le terminal de 700 m de long.ADP avait préféré prendre cette option plutôt que de se contenter de réparer la partie endommagée. Il a d’abord fallu, à l’aide d’énormes ventouses, soulever, une par une, les 9 300 pièces de la verrière, qui a été conservée. Un hangar de 5 000 m2 a été construit sur le site pour l’abriter le temps des travaux. Ensuite, la voûte elle-même a été sciée et les 20 000 tonnes de béton ont été entièrement recyclées. Le nouveau projet a fait le choix d’une charpente métallique, six fois et demie plus légère que la structure incriminée.
leparisien.fr - le 1.10.2014