EN OUGANDA, UNE ATTAQUE JIHADISTE DANS UN LYCÉE FAIT PLUS DE 40 MORTS

Au moins 41 personnes sont mortes dans un raid mené, dans la nuit de vendredi à samedi, par des jihadistes contre un lycée dans l’ouest de l’Ouganda, la pire attaque de ce type dans le pays depuis plusieurs années. Six autres personnes ont été enlevées. Les autorités pointent la responsabilité des combattants de la milice des Forces démocratiques alliées, affiliée à l’organisation État islamique.

Un lycée de l’ouest de l’Ouganda a été frappé par une attaque sanglante. Au moins 41 personnes, majoritairement des lycéens, ont été tuées lors de ce raid meurtrier, attribué aux combattants des Forces démocratiques alliées (FDA), a déclaré l’armée, samedi 17 juin.

Des responsables de l’armée et de la police ont accusé des membres des FDA, une milice islamiste qui a prêté allégeance au groupe État islamique, après l’assaut sanglant contre ce lycée situé dans le district de Kasese, près de la frontière de la République démocratique du Congo.

Les assaillants, qui ont aussi enlevé six personnes, ont fui en direction du parc national des Virunga, situé en territoire congolais.

Trente-neuf élèves ont été tués dans le lycée, a indiqué Sylvester Mapozi, le maire de la localité de Mpondwe-Lhubiriha, où s’est produite l’attaque. Ils ont aussi "tué deux personnes, un homme et une femme, ce qui porte le bilan à 41" morts, a-t-il ajouté. Un précédent bilan faisait état de 37 morts.

Une attaque condamnée
Le président Yoweri Museveni a promis d’éliminer les responsables de cet assaut sanglant. "Leur action – désespérée, lâche, terroriste – ne les sauvera pas", a déclaré le président, qui s’exprimait pour la première fois depuis le raid commis dans la nuit de vendredi à samedi par des membres d’un groupe ayant prêté allégeance à l’organisation Etat islamique.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a condamné "avec force" l’attaque et appelé à la libération immédiate" des personnes enlevées.

La France a pour sa part condamné "avec la plus grande fermeté l’attaque abominable" contre ce lycée, et le bureau des Affaires africaines du Département d’État américain s’est dit "consterné".

Selon le maire, de nombreuses victimes ont été brûlées au point d’être méconnaissables tandis que d’autres étudiants étaient toujours portés disparus. Selon des enquêteurs, des dortoirs ont été incendiés et des étudiants ont été tués à coups de couteau au cours d’un assaut brutal mené par des FDA, un des groupes les plus meurtriers actifs dans l’est de la RD Congo.

Un survivant a décrit des assaillants portant des fusils et des machettes, mettant le feu à leur dortoir après avoir tiré des balles à travers les fenêtres.

Branche locale du groupe État islamique

Le porte-parole de la police nationale ougandaise, Fred Enanga a déclaré que les FDA avaient attaqué le lycée Lhubiriha, à Mpondwe, près de Bwera, et ont également "pillé" un magasin de nourriture.

"Nos forces poursuivent l’ennemi pour secourir les personnes enlevées et détruire ce groupe", a-t-il déclaré dans un communiqué.

Il s’agit de l’attaque la plus meurtrière en Ouganda depuis le double attentat à Kampala en 2010 qui avait fait 76 morts lors d’un raid revendiqué par le groupe islamiste shebab basé en Somalie.

Selon un rapport de police consulté par l’AFP, des unités policières et militaires ont été alertées d’une "grosse attaque" au lycée Lhubiriha de Mpondwe vers 23 h (20 h GMT) vendredi soir.

À leur arrivée, elles ont trouvé "l’école en train de brûler et des cadavres de lycéens gisant dans l’enceinte", selon le rapport.

Le lycée se trouve à moins de deux kilomètres de la frontière avec la RD Congo, où les FDA sont accusées d’avoir tué des milliers de civils depuis les années 1990.

Le général de division Dick Olum a déclaré à l’AFP que les services de renseignements avaient signalé une présence des FDA dans la région au moins deux jours avant l’attaque, soulignant la nécessité d’ouvrir une enquête.

Selon cet officier, les assaillants avaient des informations détaillées sur l’école.

"Ils savaient où se trouvaient les dortoirs des garçons et des filles", a déclaré Dick Olum. "C’est pourquoi les rebelles ont verrouillé le dortoir des garçons et y ont mis le feu. Les rebelles n’ont pas verrouillé la section des filles et les filles ont réussi à sortir, mais elles ont été frappées à la machette, alors qu’elles couraient pour se mettre à l’abri, et d’autres ont été abattues."

"Nous avons demandé davantage de puissance de feu, des avions pour aider à l’opération de sauvetage des personnes enlevées et pour localiser les cachettes des rebelles en vue d’une action militaire", a-t-il déclaré.

Fuite vers le parc des Virunga

Les assaillants ont fui vers le parc national des Virunga, une vaste étendue à la frontière avec l’Ouganda et le Rwanda, emportant avec eux six personnes enlevées, a indiqué le porte-parole des Forces de défense du peuple ougandais (UPDF), Felix Kulayigye.

Les Virunga constituent la plus ancienne réserve naturelle d’Afrique et sont un sanctuaire pour les espèces rares, dont les gorilles de montagne.

Mais les milices – dont des dizaines sont actives dans l’est de la RD Congo riche en minéraux – utilisent également le parc comme repaire.

À l’origine des rebelles ougandais majoritairement musulmans, les miliciens FDA ont fait souche depuis le milieu des années 1990 dans l’est de la RDC, où ils sont accusés d’avoir massacré des milliers de civils.

Ils ont fait allégeance en 2019 au groupe État islamique, qui les présente comme sa branche en Afrique centrale, et sont aussi accusés d’attentats jihadistes sur le sol ougandais.

Il ne s’agit pas de la première attaque contre une école en Ouganda attribuée aux FDA.

En juin 1998, 80 étudiants avaient été brûlés vifs dans leurs dortoirs lors d’une attaque des FDA contre l’Institut technique de Kichwamba près de la frontière de la RD Congo. Plus de 100 étudiants avaient été enlevés.

L’Ouganda et la RD Congo ont lancé une offensive conjointe en 2021 pour chasser les FDA de leurs bastions congolais, mais ces opérations n’ont jusqu’à présent pas permis de mettre fin aux attaques du groupe.

Les États-Unis ont annoncé début mars offrir une récompense pouvant aller jusqu’à cinq millions de dollars pour toute information susceptible de mener à leur chef, un Ougandais d’une quarantaine d’années nommé Musa Baluku.

Article par la rédaction de FRANCE24 avec AFP publié sur : https://www.france24.com/fr/afrique/20230617-en-ouganda-une-attaque-terroriste-dans-une-%C3%A9cole-fait-au-moins-25-morts

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