Filière Cannes-Torcy : Ibrahim Boudina, un pionnier du djihad devant les juges

Ibrahim Boudina, parti combattre en Syrie dès 2012, est l’un des profils les plus durs de la filière Cannes-Torcy jugée depuis le 20 avril. Sa personnalité est examinée ce mercredi.

L’un de ses amis raconte qu’Ibrahim Boudina lui a un jour assuré que « s’il ne pouvait pas faire le djihad en terre d’Islam, il le ferait en France ». A l’automne 2012, sur le testament que ce jeune Cannois d’origine algérienne laisse avant de s’envoler pour la Syrie, il écrit ces mots à sa copine : « J’espère vraiment te retrouver au paradis ».

Dans la palette des profils des membres de la filière djihadiste Cannes-Torcy, dont le procès se tient depuis le 20 avril, Ibrahim Boudina, 26 ans, et son ami d’enfance, Abdelkader Tliba, 29 ans, font figure de durs. Arrêtés à leur retour de Syrie, en 2014, ils sont soupçonnés d’avoir voulu commettre un attentat dans la région de Nice. Leurs personnalités doivent être examinées ce mercredi et jeudi par la Cour d’assises spéciale de Paris.

Arrêté avec un manuel de confection de bombes

Né à Alger, grandi à Cannes, Ibrahim Boudina a commencé à pratiquer assidûment sa religion à 19 ans. Il lâche son BEP électronique et vivote d’achats et de reventes de voitures. Il passe surtout ses journées à la mosquée de Cannes, où il rencontre Jérémie Louis-Sidney, le leader de la filière (abattu lors de son arrestation en octobre 2012). Il y tient des propos sur le martyre, la « haine des juifs » et le djihad... Boudina « parlait de guerre, c’était un besoin », a décrit un comparse. Un séjour en Egypte, début 2012 avec son copain Tliba et un autre mis en cause, Rached Riahi, l’avait placé « dans ce mode de combat ».

Le choix du combat à balles réelles, ces trois-là le font quelques mois plus tard, en rejoignant les rangs de groupes précurseurs de Daech. Durant l’enquête, les surveillances de leurs communications avec leurs proches laissent entrevoir leur engagement guerrier, ensemble, sur ce territoire. Boudina et Tliba y passent seize mois avant de rentrer clandestinement en Europe par la route des migrants - comme le feront des terroristes du 13 novembre 2015.

Arme de poing et engins explosifs

Tliba est interpellé en janvier 2014 en Italie. Boudina, lui, est contrôlé en Grèce et laissé libre avant d’être signalé - un manuel de confection de bombes figure sur une clé USB saisie sur lui. Il sera arrêté le 11 février 2014, dans l’agglomération niçoise - trois jours avant le carnaval. Dans l’immeuble, une arme de poing et trois engins explosifs artisanaux sont découverts.

Durant l’instruction, Boudina a nié avoir combattu en Syrie et assuré avoir acquis ces engins pour des cambriolages. Le jeune homme avait aussi affirmé réserver ses déclarations « aux jurés ». S’il n’opte pas pour le silence, c’est aux cinq magistrats qui composent la Cour d’assises spéciale qu’il s’adressera.

Source : leparisien.fr
Auteur : Pascale Egré
Date : 3 mai 2017

Crédit photos : Source : leparisien.fr Auteur : Pascale Egré Date : 3 mai 2017

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