INCENDIE À VAULX-EN-VELIN : SOUS LE CHOC, LES RIVERAINS POINTENT L’ÉTAT DE DÉLABREMENT DE L’IMMEUBLE

DRAME Au moins personnes, dont cinq enfants, ont été tuées, et 19 ont été blessées dans l’incendie qui s’est déclaré au rez-de-chaussée d’un immeuble de sept étages à Vaulx-en-Velin

  • Un incendie s’est déclaré vers 3h du matin dans un immeuble de sept étages à Vaulx-en-Velin, près de Lyon.
  • Au moins dix personnes ont été tuées, dont cinq enfants de 3 à 15 ans, et 19 autres ont été blessées.
  • Les habitants sont sous le choc, attendant d’avoir des nouvelles de leurs proches.
  • Certains pointent l’état de délabrement de l’immeuble. « Toutes les conditions étaient réunies pour une catastrophe », pointe l’un d’eux.

« On se dit que ça n’arrive qu’aux autres, mais aujourd’hui les autres c’est nous, nos enfants, nos frères, nos sœurs. » Livreur à domicile, Zenoudine s’est rendu, avec d’autres riverains, devant le 12 chemin des Barques, à Vaulx-en-Velin, dans la métropole de Lyon. Vers 3h du matin ce vendredi, un incendie s’est déclaré dans cet immeuble de sept étages, tuant dix personnes, dont cinq enfants de 3 à 15 ans, et en blessant 19 autres, dont quatre sont entre la vie et la mort. « J’ai essayé d’appeler l’un de mes clients qui habite là, mais il n’a pas répondu. C’est l’angoisse », poursuit Zenoudine.

Face à ce bilan, l’émotion est très vive dans le quartier du Mas du Taureau, alignement de barres d’immeubles ceintes de parkings et de rares espaces verts dépouillés. « Le feu a pris au rez-de-chaussée et est monté dans les étages. Ma cousine est restée coincée et reste portée disparue. On attend que les policiers et pompiers nous disent si elle est sur la liste des personnes décédées », confie Murat Kara, un habitant du quartier venu à l’espace Benoît Frachon, une salle polyvalente où sont pris en charge les proches des victimes. « Son mari s’est jeté du balcon du 2e étage, il est à l’hôpital avec le bras cassé », poursuit péniblement Murat, visiblement très secoué.

Un enfant « jeté par sa mère pour le sauver »

Assed Belal, un habitant du quartier de 19 ans, se trouvait sur place pendant l’incendie. « J’ai entendu des gens crier " Au secours, au secours, au secours, aidez-nous ! ". Il y avait des gens par terre, d’autres bloqués sur les balcons et les pompiers avaient du mal à intervenir à cause des arbres. Mes amis m’ont dit qu’ils avaient réussi à rattraper un jeune de 10 ans » : sa mère, réfugiée sur un balcon au troisième ou au quatrième étage, l’a « jeté pour le sauver ».

La façade de l’immeuble blanc, à peine noircie, ne trahit pas le drame. Les 170 pompiers sont intervenus rapidement, mais sans pouvoir empêcher l’irréparable. « L’un de mes élèves m’a dit ce matin que son cousin avait sauté par la fenêtre du 2e étage. Les gens sont choqués, l’un des voisins de mes parents m’a dit que sa fille de 20 ans était dans l’immeuble et qu’il n’a toujours pas de nouvelles », rapporte Samir, professeur de mathématiques au lycée professionnel voisin des Canuts. « A 50 mètres, il y a l’école primaire Jean-Vilar. Je n’ose même pas imaginer mes collègues profs qui faisaient l’appel ce matin et qui ont dû dire à des gamins de 4, 5, 10 ans qu’il y a eu des problèmes à côté et que… »

Point de deal et immeuble dégradé

Sous le froid mordant, de nombreuses rumeurs circulent déjà parmi les riverains, notamment sur la responsabilité des occupants d’un point de deal à l’entrée de l’immeuble. Gérald Darmanin, qui s’est rendu sur place dans la matinée, a confirmé « 25 interpellations pour trafic de drogue dans cette rue » depuis le 1er janvier, la dernière ayant été opérée « cette nuit même » à l’adresse de l’immeuble. Mais, a-t-il précisé, « il est beaucoup trop tôt pour en tirer des conclusions ». Le ministre de l’Intérieur a également rappelé qu’une enquête était en cours pour déterminer l’origine de l’incendie.

" Toutes les conditions étaient réunies pour une catastrophe

Feu de canapé, de poubelles, problème de chaudière, lampe défectueuse : les pistes potentielles sont nombreuses, mais l’état de l’immeuble est au coeur des récriminations des Vaudais, dont certains ont directement interpellé la maire socialiste, Hélène Geoffroy. « L’immeuble était délaissé, les portes étaient tout le temps ouvertes en bas (…) Cela ne m’étonnerait pas que ça ait pris feu à cause de cette négligence et du matériel vieillissant », peste Zenoudine.

« Tout se dégrade, rien n’est réparé »

« Toutes les conditions étaient réunies pour une catastrophe », abonde Souhil Zaidi, agent immobilier de 54 ans. « C’est le genre d’immeuble, où des gens achètent et louent à des personnes qui ne peuvent pas louer ailleurs, qui ne participent pas aux assemblées et donc tout se dégrade, rien n’est réparé. Vous montez dans un de ces ascenseurs, eh bien vous prenez peur », assure-t-il. « Beaucoup de locataires s’attendaient à ce genre de catastrophe. Je connais des gens qui sont partis parce que c’était invivable », confirme Murat Kara.

Dans un communiqué, la métropole a confirmé que l’immeuble faisait partie d’un ensemble de copropriétés « dégradées » pour lesquelles elle avait voté en janvier un plan de sauvegarde. « Ce drame doit nous inciter à être plus réactifs concernant la sécurité au sein des logements collectifs », a estimé le député LR Alexandre Vincendet dans un communiqué, plaidant pour qu’un diagnostic de risque incendie soit lancé sur tous les logements signalés par les élus locaux. « On espère que cette médiatisation va faire bouger les choses, râle Zenoudine. Là, le préfet et les autres vont venir faire leur show, mais en vrai on a l’impression qu’ils n’en ont strictement rien à faire. »

Crédit photos : 20 Minutes avec AFP Publié le 16/12/22

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