Le procès, qui s’est déroulé du 19 septembre au 7 octobre, aura été difficile pour les victimes survivantes et les familles de victimes. Après trois semaines de débats marquées par l’absence quasi-totale, pour des raisons de santé, de l’unique prévenue, l’heure fatidique du délibéré approche. Le jugement est attendu le 18 novembre prochain.
Alors que les victimes directes et indirectes nourrissent l’espoir d’une sanction empreinte de sévérité pour ce délit de blessures et d’homicides involontaires, nous vous proposons de revenir sur la déposition de Fabien Bourgeonnier. Il a perdu son fils, 11 ans, dans le drame et a créé l’association des victimes et familles de victimes « A la mémoire de nos anges » regroupant une dizaine de familles touchées par l’accident. Le 27 septembre, Fabien BOURGEONNIER était entendu par le tribunal correctionnel de Marseille en sa qualité de Président de l’association, d’ailleurs membre de la FENVAC.
Fabien BOURGEONNIER mène un combat sans relâche pour la vérité et la prévention depuis l’accident de Millas. Il a profité de sa prise de parole devant le Tribunal pour faire passer des messages essentiels. Voici quelques extraits.
Il est tout d’abord revenu sur l’épreuve du procès et a exprimé son mécontentement face à l’attitude de la prévenue et de ses avocats : « Je pense que la défense joue et nous manipule depuis le début de ce drame, en se servant, déjà, de l’opinion publique afin d’atténuer les traits de leur cliente, en la faisant passer, au-delà de nos enfants, comme une pauvre victime sans défense contre l’institution que pointe du doigt, la partie adverse. »
Il a pointé du doigt les nombreux « stratagèmes » utilisés par la défense lors de l’instruction pour retarder ou faire annuler le procès, ainsi que l‘attitude froide de la conductrice du car scolaire, Nadine Oliveira, vis-à-vis des jeunes victimes et leurs parents.
A ce sujet, il a déclaré : « Je voudrais aussi souligner le manque flagrant d’empathie envers les enfants impliqués dans ce drame. Je m’explique, pour être clair, à son arrivée au premier jour du procès, elle a fait un grand sourire en rentrant dans ce tribunal, et, à votre question « à quoi lui fait penser la date du 14 décembre ? », nous aurions pu penser, avec cette perche tendue, à une réponse sur le drame ou une pensée pour les enfants. Mais là encore, une seule réponse, la mort de son père en 2009. Quand elle nous explique être inconsciente par terre à son réveil voyant le corps d’enfants, sa première pensée, est son sac à main. ».
Le père endeuillé a, par ailleurs, souhaité mettre en avant le courage de toutes les victimes et leurs familles, en reconnaissant que les victimes survivantes avaient pu être mises à part par rapport aux familles meurtries par le décès d’un enfant. Il a demandé à ce que tous les acteurs de ce procès reconnaissent la douleur et les préjudices des victimes blessées, au même titre que les victimes décédées dans ce drame, ce qui n’avait pas été le cas jusqu’à présent.
Le Président de l’association « A la mémoire de nos anges » a également voulu mettre en lumière le manque de sécurité dans les cars scolaires. Il milite pour le renforcement de la sécurité dans les bus transportant des jeunes passagers, et notamment en préconisant l’accompagnement des conducteurs pour les aider à faire appliquer les règles telles que le port obligatoire de la ceinture de sécurité.
Pour terminer, Fabien BOURGEONNIER est revenu sur l’indispensable prévention de ce type d’accident, et a alerté sur la dangerosité des passages à niveau et des voyages d’enfants en bus scolaires, qui devraient être mieux sécurisés : « J’en reviens aux responsabilités et, je profite de ce tribunal pour le demander : quand allons-nous réellement réfléchir, nous parents aussi, car si le collège n’avait pas été placé entre ces deux passages à niveau, si dans les cars, un accompagnateur était présent, nos enfants pourraient être attachés et pas debout dans le car et pourrait surveiller aussi l’incompétence de certains chauffeurs, comme ce qui nous occupe aujourd’hui. »
Le délibéré sera rendu par le tribunal correctionnel de Marseille le 18 novembre. Le procureur de la République avait requis cinq ans d’emprisonnement dont quatre assortis d’un sursis probatoire contre la conductrice du bus, Nadine Oliveira, poursuivie pour homicides involontaires et blessures involontaires. Ses avocats avaient plaidé pour la relaxe de leur cliente.