L’enquête sur l’attentat de Nice en 2016 est bouclée : ce que l’on en sait

Dans quelques semaines, la ville de Nice se souviendra 4 ans après du terrrible attentat du 14 juillet 2016. On apprend ce 30 avril, que les juges antiterroristes ont terminé leurs investigations.

L’attaque au camion du 14 juillet 2016 a fait 86 morts sur la promenade des Anglais à Nice. / © ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP

L’enquête sur l’attentat de Nice en 2016 est bouclée. Un procès pourrait donc avoir lieu.

Cette décision ouvre un délai d’un mois pour les observations des parties et pour les réquisitions du parquet national antiterroriste, avant une décision finale des juges sur la tenue d’un procès, qui ne pourra pas avoir lieu avant 2022.
La clôture de l’enquête "ouvre une période de questionnement, qui doit être à la hauteur du drame", a réagi auprès de l’AFP Eric Morain, avocat de la Fenvac, principale association de victimes.

Avocats de l’un des suspects écroués, Chloé Arnoux et Florian François Jacquemin ont estimé que la clôture de l’information judiciaire, "d’une particulière longueur", était un "soulagement".

Mohamed Lahouaiej-Bouhlel a fauché 86 vies avec son camion sur la Promenade des Anglais avant d’être abattu par les forces de l’ordre.

Celui-ci étant mort, le procès portera sur la question des soutiens de son entourage.
Huit personnes, dont quatre détenues, sont mises en examen dans cette enquête et une neuvième s’est suicidée en prison.

Cour d’assises ou correctionnelle ?
Si la justice antiterroriste trouve la thèse d’un soutien à caractère terroriste suffisamment solide, le procès pourrait avoir lieu aux assises, devant une cour spéciale.

Si non, il se tiendrait en correctionnelle, au risque de critiques sur un "fiasco" de l’instruction qui a suivi dès le début la piste d’un noyau "terroriste", jugée pourtant "fragile" y compris par des avocats des victimes.

Les protagonistes  :
- Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, l’assaillant :
Tunisien âgé de 31 ans, chauffeur-livreur et père de trois enfants en instance de divorce, il n’était connu des services de police que pour des faits de vols ou violences conjugales.
Selon les éléments dont l’AFP a eu connaissance, l’enquête a démontré le caractère prémédité de l’attaque mais a buté sur la question du mobile.
Elle a cherché dans deux directions, celle d’une "radicalisation très rapide", comme évoquée par le ministre de l’Intérieur de l’époque Bernard Cazeneuve, tout comme celle de l’acte macabre d’une personne décrite par de nombreux témoins comme "instable", "torturée" ou "sadique".
Lahouaiej-Bouhlel a été abattu par les forces de l’ordre au volant de son camion.
- Les connaissances ou proches
Trois hommes, Chokri C., Mohamed G. et Ramzi A., ont reçu un SMS de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel avec ce mot "Ada", le jour où l’auteur de l’attaque a effectué auprès de cette entreprise la réservation d’un camion de location. L’attaquant a finalement réservé un autre camion.
Tous trois sont soupçonnés d’être concernés par un SMS et un message vocal de Lahouaiej-Bouhlel datant du soir de l’attaque : dans ces contenus, il demande à Ramzi A. des armes et indique que "Chokri et ses amis sont prêts" et se trouvent chez "Walid", surnom de Mohamed G.
Comme tous les autres mis en cause, ils contestent avoir eu connaissance du projet d’attentat.
- Mohamed G., né en Tunisie en 1976 et de nationalité franco-tunisienne, s’est présenté spontanément à la police le lendemain de l’attentat et a évoqué une radicalisation récente de l’auteur de l’attaque. Il est monté dans le camion loué pour l’attaque par Lahouaiej-Bouhlel et a eu dans les mois précédents d’innombrables contacts et échanges avec lui. Dans des messages retrouvés par les enquêteurs, il a semblé se féliciter des attentats de janvier 2015. C’est un proche de Lahouaiej-Bouhlel.
- Egalement proche, Chokri C., né en Tunisie en 1979, de nationalité italo-tunisienne, a adressé un ambigu message Facebook en avril 2016 à Lahouaiej-Bouhlel auquel il disait : "charge le camion, met dedans 2000 tonnes de fer et nique, coupe lui les freins mon ami, et moi je regarde". Il est également monté dans le camion.
- Ramzi A., né en France en 1994 et connu des services de police, de nationalité franco-tunisienne, qualifie lui Lahouaiej-Bouhlel de simple "client" et conteste le connaître vraiment. Il est soupçonné d’avoir contribué à fournir une arme utilisée par Lahouaiej-Bouhlel.
- Un quatrième proche, Hamdi Z., a été aussi mis en cause.
- Quatre autres personnes, un intermédiaire, Brahim T., et trois Albanais, Artan H., sa femme Enkeledja Z. et Maksim C., sont mis en examen, impliqués à des degrés divers dans le trafic qui a permis à Mohamed Lahouaiej-Bouhlel de disposer d’une arme de poing le soir des faits.
- Une cinquième personne mise en cause dans ce volet, Adi E., s’est suicidée en détention.

En parallèle de cette enquête, une instruction est en effet toujours en cours à Nice sur le dispositif de sécurité.

Publié par Anne le Hars, pour Franceinfo, le 30 avril 2020.

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