L’image de Qantas écornée par des incidents à répétition

Qantas, la première compagnie aérienne australienne, traverse une période tumultueuse. En quelques jours, elle a vu se multiplier problèmes et incidents techniques. Vendredi 15 août, un Boeing 747 a perdu un panneau de fuselage de 30 centimètres sur 30 durant un vol vers Singapour.

D’autres appareils ont été confrontés, en plein vol, à une panne de l’un des moteurs ou à un problème de fuite hydraulique. Mais c’est l’atterrissage d’urgence d’un Boeing 747 à Manille, le 25 juillet, en raison d’un trou dans le fuselage probablement causé par l’explosion d’une bouteille d’oxygène, qui a marqué les esprits.

C’est un coup dur pour l’image de la compagnie, longtemps présentée comme la plus sûre au monde. Elle n’a jamais perdu un appareil dans un crash. Car les médias australiens s’alarment et alertent désormais le public au moindre retard. Le ministre australien des transports, Anthony Albanese, lui, a pris la défense de Qantas. "L’Australie a un système de sécurité de premier plan", a-t-il déclaré, vendredi. Quant à la direction de l’aviation civile australienne (CASA), elle a ouvert une enquête sur la maintenance au sein du "Flying kangaroo", le kangourou volant.

Avec une flotte de plus de 200 avions, la compagnie a transporté, en 2006-2007, 36 millions de passagers, sous ses deux marques, Jetstar - transporteur low cost desservant l’Asie et le Pacifique -, et Qantas. Malgré ses ennuis, elle vient d’être classée troisième compagnie préférée des passagers, selon un sondage réalisé par l’agence Skytrax.

POLITIQUE DE RÉDUCTION DES COÛTS

Au sein du personnel - 36 000 personnes -, l’inquiétude monte. Les ingénieurs pointent du doigt la politique de réduction des coûts de la direction. "Depuis cinq ans, il y a eu un changement de culture : tout est axé sur les coûts, alors qu’avant, la qualité du travail primait", déplore Paul Cousins, président de l’association australienne des ingénieurs et mécaniciens. "La formation des mécaniciens a été revue à la baisse depuis trois ans", commente-t-il.

Qantas a dû immobiliser six Boeing 737-400 en raison d’une procédure de maintenance qui n’avait pas été respectée. "Tous les transporteurs aériens subissent une forte pression commerciale, et ce genre d’ennui technique devient donc plus fréquent, partout", tempère Ian Woods, président de l’association des pilotes de compagnies internationales.

La phase est délicate pour Qantas. Pour renouveler sa flotte, elle s’est engagée dans un programme d’investissements : 20 Airbus A380 et 65 Boeing 787 ont été commandés, mais leurs livraisons ont pris du retard. Confrontée à la hausse du prix du carburant, elle en est à son troisième plan d’assainissement ; mi-juillet, Geoff Dixon, son PDG, a annoncé la suppression de 1 500 emplois. Qantas a aussi renoncé à 1 200 embauches.

Le Monde, Marie-Morgane Le Moël, 18.08.08


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