La peur d’une décharge sauvage sur les restes des immeubles de la rue de Tivoli à Marseille

À Marseille, cinq mois après les effondrements de la rue de Tivoli, les riverains du Chemin de la Madrague-Ville, dans le 15e arrondissement, ne comprennent pas pourquoi les gravats des immeubles effondrés sont toujours stockés sur un terrain municipal qui n’est plus gardienné.

Depuis l’explosion et l’effondrement des deux immeubles de la rue de Tivoli qui ont fait huit morts le 9 avril 2023 dans le centre de Marseille, des centaines de tonnes gravats sont toujours stockés, en différents tas, sur un immense terrain municipal situé Chemin de la Madrague-Ville dans le 15e arrondissement (dans le quartier des anciens abattoirs).

"Le site n’est plus gardé, tout est ouvert et les gens viennent fouiller" - Une riveraine qui habite juste en face du site
Dans un premier temps, les enquêteurs étaient sur place pour travailler et ce site était surveillé par un gardien, jour et nuit, nous expliquent les riverains. Mais depuis la mi-juin, selon eux, le site n’est plus gardé et de nombreuses personnes viennent fouiller et piller les gravats, ou tout simplement déverser leurs propres déchets.
Lors de notre visite, le terrain était en effet ouvert à tous. Pourtant, la maire de secteur et la mairie centrale assurent que, pour les besoins de l’enquête, ce terrain est toujours gardienné.

"On n’avait vraiment pas besoin de ça sous nos fenêtres"

Ces amas de décombres, dont certains brûlés, désolent cette riveraine qui habite à deux pas. "Mes fenêtres donnent directement sur les gravats : des pierres, des restes de meubles, des vêtements. Et surtout, depuis que le site n’est plus gardé, on voit des gens qui viennent fouiller et qui repartent avec des camionnettes remplies. D’autres personnes viennent déverser leurs propres détritus. Tout est ouvert, sans aucune surveillance. Ce matin encore, un camion est venu déverser ses déchets."

"Des gens sont morts, c’est un manque de respect" - Un habitant choqué
Cet autre habitant estime que laisser de tels décombres sans surveillance est un manque total de respect pour les victimes et les habitants du quartier. "Il y a eu des morts dans cette tragédie et ça me dérange qu’on laisse comme ça des centaines de tonnes de gravats sous les fenêtres des habitants de ce quartier. Ce n’est pas normal."

"Pourquoi la mairie n’a pas choisi un autre arrondissement ? Une fois de plus on choisit le 15ᵉ arrondissement, car ici, on peut tout se permettre, c’est une poubelle ! Mais dans cet arrondissement, il y a des gens biens qui se battent pour leur quartier", regrette cette riveraine très en colère qui dit avoir alerté, à de nombreuses reprises, les différentes autorités sur la situation.
La mairie de Marseille que nous avons contacté confirme qu’il s’agit bien des décombres de la rue de Tivoli. Pas d’explication en revanche sur le choix de ce site et sur la durée du "stockage" selon la mairie qui se retranche derrière le "secret de l’instruction" et qui affirme que "le site est surveillé".

La pelleteuse est passée juste après la diffusion du reportage sur France Bleu Provence
Notre reportage a été diffusé ce vendredi matin sur France Bleu Provence. Nous avions contacté la mairie depuis deux jours. De quoi faire bouger les lignes apparemment puisqu’un engin de chantier a été dépêché sur place, aux aurores ce vendredi. Un gardien est même revenu, notent les riverains.

Cet article est rédigé par Emilie Briffod pour France Bleu Provence.

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