Le gouvernement met un terme à l’application SAIP deux ans après son lancement. L’application ne sera plus active à partir du 1er juin. Le ministère de l’Intérieur va désormais miser sur les réseaux sociaux pour alerter les populations en cas de péril majeur.
L’application SAIP vit ses dernières heures. Selon nos informations, le gouvernement a décidé de mettre un terme au Système d’alerte et d’information des populations, plus connu sous le nom d’application "alerte attentat". L’application mobile ne sera plus active à partir de vendredi 1er juin. Le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb a officialisé sa mise en sommeil lors des questions d’actualité au gouvernement ce mardi 29 mai.
Lancé le 8 juin 2016 pour le début de l’Euro de football en France, le dispositif SAIP permettait de relayer des messages d’alertes et des conseils comportementaux sous forme de notifications mobiles auprès des populations en cas de péril majeur (attentat, accident nucléaire, etc.). Pour recevoir les alertes, les utilisateurs devaient sélectionner les régions qu’ils souhaitaient suivre. Les alertes étaient décidées par les préfets puis relayées dans un rayon pouvant aller de quelques hectomètres à tout un département.
Deux ans plus tard, le bilan de l’initiative dessine un constat d’échec. L’application n’a pas rempli sa mission. Un rapport sénatorial pointait déjà ses défaillances et son influence limitée en août 2017. Trop complexe, elle ne couvre pas une assez large partie de la population. L’utilisation de SAIP suppose la possession d’un smartphone évoluant sous Android et iOS uniquement, disposant d’un accès aux données mobiles Internet et devant tourner en tâche de fond pour fonctionner.
Une succession de dysfonctionnements lors des attentats survenus en France ces derniers mois a semé le trouble sur l’efficacité d’un dispositif qui a coûté plus de 300.000 euros au gouvernement. Lors de l’attaque perpétrée sur la Promenade des Anglais à Nice le 14 juillet 2016 par exemple, l’application a mis deux heures à déclencher l’alerte sur les smartphones. Le 23 mars dernier, aucune alerte n’a été envoyée lors de la prise d’otages dans un Super U à Trèbes. Des bugs ont aussi été observés lors d’exercices visant à sensibiliser la population à son fonctionnement.
Les autorités envisageaient de recourir aux SMS d’alerte géolocalisés et d’utiliser la diffusion cellulaire pour muscler le dispositif. Ces solutions ont été écartées à court terme, faute d’accord avec les opérateurs pour les financer.
Des partenariats avec Facebook, Twitter et Google
Le ministère de l’Intérieur va désormais rediriger sa stratégie vers les réseaux sociaux pour alerter la population. Le gouvernement fait le choix du pragmatisme et s’en remet à Facebook, Google et Twitter pour relayer des alertes aux Français. Des partenariats ont été signés en ce sens. L’objectif est de couvrir un plus large spectre de personnes et de toucher les gens plus rapidement en utilisant des outils disponibles qui ont déjà fait leur preuve. Il n’y aura plus d’application à télécharger et à installer. La majorité des informations sera consultable sur les réseaux sociaux.
Les autorités vont pouvoir utiliser directement le dispositif Safety Check de Facebook. Cette fonctionnalité détecte les utilisateurs du réseau social susceptibles de se trouver dans la zone touchée par une catastrophe et leur propose de cliquer sur un bouton afin de signaler à leurs proches qu’ils sont en sécurité en répondant à deux questions : "Êtes-vous dans la zone affectée ? Si oui, êtes-vous en sécurité ?".
Grâce à ce partenariat technologique, une première pour Facebook et un gouvernement en Europe, le ministère de l’Intérieur pourra désormais informer la population dans une zone plus précise et toucher davantage de personnes. Plus de 30 millions de Français sont inscrits sur Facebook quand l’application SAIP n’est installée que sur 900.000 smartphones en France à ce jour, selon l’Intérieur.
Toujours selon nos informations, un compte Twitter dédié @Beauvau_Alerte sera activé vendredi 1er juin. Les abonnés à ce compte recevront des notifications sur leurs appareils mobiles. Les informations seront diffusées de manière fiable et en temps réel par les autorités. Utilisé par les autorités belges depuis plusieurs années à travers le compte @CrisisCenterBE, ce canal de communication a déjà prouvé son efficacité. Un bandeau sera également visible en tête de Twitter en cas d’événement majeur.
De son côté, le moteur de recherche Google mettra automatiquement en avant les contenus des autorités en diffusant par exemple les conduites à tenir et les informations fiables et vérifiées. Des partenariats ont également été noués avec France Télévisions, Radio France, la RATP et Vinci Autoroute pour cibler les personnes qui ne sont pas inscrites sur les réseaux sociaux.
"Tous ces partenariats viennent en complément. Les canaux traditionnels comme les comptes Facebook et Twitter de la place Beauvau continueront à être utilisés, précise à RTL.fr le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Frédéric Delanouvelle. "Le but est d’essayer de toucher un maximum de monde en alertant mieux et plus vite en cas de danger grave".
Source : RTL
Auteur : La Rédaction
Date : 29/05/18