MBAO (Sénégal) — Le Sénégal a commémoré samedi avec des prières le naufrage du ferry sénégalais Le Joola, qui avait fait au moins 1.863 morts en 2002, soit plus que le Titanic, les familles de victimes demandant de nouveau la construction d’un mémorial.
Près d’une centaine de familles, sénégalaises mais aussi françaises, se sont retrouvées au "cimetière des naufragés", à Mbao, dans la banlieue de Dakar, où sont rassemblées une centaine de tombes anonymes.
"Sept ans après (le naufrage), les souvenirs sont encore vivaces", a déclaré un des représentants des familles des victimes, Idrissa Diallo. "Pour inscrire la mémoire du Joola, il nous faut un mémorial", a-t-il précisé à l’issue d’une cérémonie mêlant prières chrétiennes et musulmanes, sous un soleil de plomb.
Saliou Diallo, un adolescent de 17 ans qui a perdu sa soeur aînée dans le drame, s’est déplacé seul depuis Thiès (70 km à l’est de Dakar) pour se recueillir. "C’est dur pour nous, c’est très dur de nous recueillir sur ces tombes sans nom", a-t-il dit à l’AFP.
Dans l’après-midi à Dakar, treize orphelins de cette catastrophe ont déposé des gerbes de fleurs à la place du Souvenir africain et ont lu des messages à la mémoire des victimes, en présence de plusieurs élus locaux.
Devant les familles des victimes, le maire de la capitale sénégalaise Khalifa Sall (opposition) s’est engagé à les "accompagner dans leur quête d’un monument" à la mémoire du Joola.
"Face à l’inertie des autorités, face au cri de détresse et aux quêtes de justice des familles des victimes du Joola, nous avons pensé marquer le coup en manifestant notre solidarité", a-t-il ajouté.
A Ziguinchor, plus importante ville de Casamance (sud), les cérémonies ont eu lieu en présence du ministre de la Recherche scientifique et maire de Sédhiou (Casamance), Amadou Tidjane Ba, qui conduisait une délégation officielle. Le Joola reliait la Casamance à Dakar, la capitale.
La délégation s’est recueillie dans un cimetière de victimes avant d’assister à Ziguinchor à des prières et un dépôt de gerbes devant quelque 300 personnes, a constaté un correspondant de l’AFP. Aucun discours n’a été prononcé.
Jeudi à Dakar, des familles de victimes avaient une nouvelle fois réclamé "que justice soit rendue", en reprochant à l’Etat du Sénégal "sa ferme et constante volonté de classer le dossier".
"L’Etat du Sénégal n’a tenu aucun de ses engagements premiers : justice n’est pas rendue, le bateau n’est pas renfloué, le mémorial musée est oublié", avait déclaré devant la presse Nassardine Aïdara, dont quatre enfants sont morts dans le naufrage.
Le ferry sénégalais, prévu pour 550 passagers mais qui en transportait plus de 1.900, avait chaviré le 26 septembre 2002 au large de la Gambie.
Selon les associations, on a "dénombré 64 rescapés et entre 1.863 et 1.935 morts ou disparus de 12 nationalités (Sénégal, Guinée-Bissau, France, Espagne, Ghana, Pays-Bas, Suisse, Belgique, Cameroun, Norvège, Liban, Niger)".
Source : AFP, le 26/09/09.