Le taboulé était toxique : 32 malades, 8 hospitalisations

Des étudiants résidant au CROUS ont été intoxiqués par un repas solidaire. Dimanche soir, le bilan — pas définitif… — était de 32 personnes intoxiquées.

Des pensionnaires du CROUS ont été intoxiqués avec des plats servis lors d’un repas solidaire.. - DR

Les pompiers n’ont pas chômé dimanche. À partir de 16 heures, ils ont dû mobiliser de gros moyens pour venir en aide à des dizaines d’étudiants, victimes d’une évidente intoxication alimentaire collective. Une TIAC (lire ci-dessous). Au fil de la journée, ils ont répertorié une trentaine de victimes, pensionnaires du CROUS — à Fouillole, Bergevin, Louisy Mathieu… — qui avaient toutes bénéficié d’un repas solidaire offert par une association. Les principaux symptômes (sueurs froides, vomissements, diarrhées, voire difficultés respiratoires) ne laissaient guère de doute sur le diagnostic. Certains cas étaient suffisamment graves pour justifier d’une hospitalisation. 8 victimes ont ainsi été conduites au CHU.
Les investigations immédiatement diligentées par les autorités sanitaires, ont permis de mettre en cause l’un des plats offerts, un taboulé au poulet. L’identification de la bactérie responsable est en cours.

D’autres victimes à venir ?
54 des 70 étudiants ayant bénéficié de ce déjeuner solidaire ont consommé de ce plat… Il n’est donc pas impossible que d’autres victimes apparaissent en cours de nuit.
On ne sait encore les circonstances qui ont conduit à la détérioration de la recette proposée, ni par qui elle a été réalisée. Dans un communiqué, l’Université, tout en qualifiant de « louables ces initiatives et élans de solidarité », rappelle (lire ci-dessous) les règles en la matière.
Cette TIAC est l’une des plus graves enregistrées en Guadeloupe depuis des décennies. Elle devrait faire l’objet d’une enquête approfondie de l’Agence régionale de santé.

« Tous les dons doivent passer par le CROUS »
Dans un communiqué, le président de l’Université des Antilles (UA) rappelle les règles à respecter, même en matière de solidarité.
« Le CROUS a déjà eu l’occasion d’attirer l’attention des donateurs sur la sécurité qui doit encadrer la distribution de denrées alimentaires et sur le fait que tous les dons doivent passer par le CROUS et être distribués par le personnel du CROUS. Seuls les paniers sont acceptés et non les plats cuisinés (communiqué du 15 avril 2020). Les directions du CROUS et de l’Université des Antilles déplorent que la distribution se soit effectuée en dehors de ce cadre.
Si ces initiatives et élans de solidarité sont louables, le président de l’Université des Antilles déplore les conséquences sur l’état de santé des étudiants concernés et rappelle une nouvelle fois à toutes les associations et personnes qui viennent en aide aux étudiants en cette période de crise du COVID-19 que la prudence et le respect des règles sanitaires restent de rigueur et que toutes les actions doivent faire l’objet d’une validation avec le CROUS. »

Vous avez dit TIAC ?
TIAC. Cet acronyme désigne un événement plutôt fréquent en Guadeloupe : une toxi-infection alimentaire collective. En clair, il y a Tiac quand surviennent au moins deux cas similaires d’une symptomatologie, en général gastro-intestinale, dont on peut rapporter la cause à une même origine alimentaire. Une étude de 2015, portant sur les cas répertoriés entre 2012 et 2014, démontre une occurrence très supérieure de ces TIAC en Guadeloupe, de l’ordre de 2 à 3 fois plus fréquentes que dans l’Hexagone, en Martinique et en Guyane.
En France, Martinique et Guyane, les trois agents pathogènes les plus fréquemment confirmés ou suspectés dans ces Tiac sont les plus communs, à savoir Staphylococcus aureus (31 %), Bacillus cereus (23 %) et la Salmonelle (11 %). On retrouve ces pathogènes à l’origine des Tiac survenues en Guadeloupe, mais à un degré bien moindre : le principal agent, dans l’archipel, c’est la ciguatera, suspectée dans 45 % des Tiac déclarées.

Publié par Marc Armor, pour France-Antilles Guadeloupe, le 3 mai 2020.

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