Les associations de personnes touchées par les attentats s’inquiètent de la disparition dans le nouveau gouvernement du secrétariat général d’Aide aux victimes, créé après les attentats du 13 novembre 2015. Un interlocuteur unique qui avait fait ses preuves.
C’est une décision qui passe mal. Dans une lettre ouverte adressée ce lundi au Président de la République, plusieurs associations de victimes du terrorisme font part de leur désarroi et de leur inquiétude. En cause : la disparition du Secrétariat d’Etat à l’aide aux victimes, créé après les attentats du 13 novembre 2015, et surtout celle du secrétariat général à l’aide aux victimes (Sgav). Cette structure, directement rattachée au premier ministre, avait vu le jour en février dernier pour structurer et coordonner l’action des pouvoirs publics après les dysfonctionnements constatés après le carnage du Bataclan. Les associations de victimes se réjouissaient ainsi de pouvoir compter sur « un interlocuteur dédié pouvant s’exprimer au nom de l’Etat ».
Le nouveau gouvernement a décidé de supprimer le Sgav, au profit d’un délégué interministériel. « Mais ce poste est créé auprès de la Garde des Sceaux, qui, quel que soit son engagement, n’aura pas l’autorité politique du Premier Ministre », s’inquiètent les auteurs de cette lettre ouverte signée par les associations « 13 novembre : Fraternité et Vérité », « Promenade des Anges », « l’Association des victimes des attentats de Ouagadougou », « l’Association de défense et de mémoire des victimes de l’attentat du musée du Bardo » et la Fédération nationale des victimes d’attentats et d’accidents collectifs (Fenvac). « Cette demi-mesure, encore bien floue et, disons le, improvisée, réduit à néant un an et demi de travail et d’accomplissements », estiment les rédacteurs de cette missive.
Les associations s’inquiètent notamment de ce qui pourrait se produire en cas de nouvelle attaque. « Comment ne pas craindre un affaiblissement dans notre préparation à faire face à de futurs attentats en désorganisant ce qui avait fait ses preuves ? Comme l’a rappelé le Premier ministre, « il y aura d’autres attaques ». Comment ne pas redouter à très court terme les effets de la désorganisation qu’entraîne la suppression du SGAV ? Comment l’Etat ferait-il face à un drame qui se produirait dans les jours ou les semaines à venir ? », égrènent-elles.
Les auteurs de cette missive en appellent donc directement à Emmanuel Macron : « Nous vous appelons à conserver un interlocuteur rattaché auprès de votre Premier Ministre, doté d’une administration propre, avec des fonctionnaires de haut niveau issus de tous les ministères concernés, afin que nous puissions continuer le travail commencé et aider au mieux les possibles futures victimes du terrorisme ».
Date : 10/07/2017
Auteur : Thimothée Boutry
Source : Le Parisien