Depuis les attentats de Paris, les services de secours ont réexaminé leurs méthodes de prise en charge des victimes.
Les attentats survenus en France et dans d’autres pays ont conduit les services de secours à revoir les doctrines de base sur lesquels ils se fondaient, parfois depuis des décennies.
Tous les acteurs sont désormais formés au « damage control », cette doctrine basée sur une première prise en charge rapide avant d’envoyer la victime vers un hôpital adapté à sa situation. Les moyens disponibles en première ligne sont aussi accrus. L’expérience a en effet montré que les premiers secours sur place n’étaient pas toujours médicalisés ou suffisamment équipés.
« Tous les SDIS (services départementaux d’incendie et des secours, NDLR) se sont renforcés en matériel de type garrots tactiques (garrots-tourniquets), pansements hémostatiques, pansements imbibés de procoagulants », explique le Dr Patrick Hertgen, vice-président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France.
La question des équipements en gilets pare-balles et en casques balistiques (protection contre les balles) n’est pas simple. « Il faut rester raisonnable, les pompiers ne sont pas des policiers ou des gendarmes, explique le Dr Hertgen, mais il faut aussi prendre acte d’une évolution qui veut que désormais, il arrive aux pompiers d’intervenir avant que les opérations de sécurité publique ne soient terminées. »
Car si l’intervention « sous le feu » reste l’apanage de médecins militaires ou membres d’unités spécialisées (Raid, GIGN), les pompiers peuvent maintenant être amenés à travailler en « zone orange », celle où une balle perdue est possible. « Y envoyer un pompier sans casque balistique et sans gilet pare-balles est un peu compliqué », souligne le Dr Hertgen.
« On leur apprend à se protéger »
Une problématique qui concerne aussi tous les maillons de la chaîne du secours civil. Le 13 novembre 2015, lorsque des terroristes se sont fait exploser aux abords du Stade de France, « des secouristes sont intervenus trop rapidement et se sont parfois mis en danger », remarquait lors de la 3e édition de Secours expo, le 3 février à Paris, Stéphane Voisin, président de la commission nationale opérationnelle de la Fédération française de sauvetage et de secourisme (FFSS). « Désormais on leur apprend à se protéger. »
Les attentats ont amené les services de secours à travailler davantage avec les policiers et les gendarmes. Tous les acteurs du secours aux personnes s’en félicitent, même si certains regrettent l’arsenal de précautions désormais requises lors d’organisations d’événements publics. Doubles barrières, plots en béton, criblage rigoureux des bénévoles… Un prix lourd, trop pour certains petits événements locaux condamnés à disparaître.
Source : Le Figaro
Auteur : Damien Mascret
Date : 7 février 2017