Les associations de victimes ont fait part de leur mécontentement à l’issue de la cérémonie qui s’est déroulée jeudi à 7h58 dans le hall des départs de l’aéroport de Zaventem. Ils reprochent notamment aux politiques présents de les avoir ignorés.
Les représentants des victimes et certains proches ont déploré que la minute de silence n’ait pas été annoncée dans tout l’aéroport et le fait qu’un cordon les maintenait à distance de la plaque commémorative. Ils reprochent également aux membres du gouvernement fédéral présents de ne pas être venus les saluer.
« Ce sont leurs proches qui sont morts. Ce sont eux qui ont été blessés. Le Premier ministre n’est pas même venu saluer le premier rang. On l’a croisé à l’hôtel et il n’a même pas dit bonjour », a ainsi regretté Guillaume Denoix de Saint Marc, fondateur et directeur général de l’Association française des victimes du terrorisme.
« Aucune empathie »
« Les victimes sont seules face aux assurances, alors que l’Etat pourrait prendre cela en charge et se retourner lui-même contre les assurances. L’Etat a une responsabilité quant à la facilitation des choses et à l’accompagnement des victimes », a-t-il souligné par ailleurs. « La cérémonie qu’on a vu ce matin symbolisait bien tout cela. Le gouvernement était séparé des victimes de plusieurs mètres. Aucune empathie n’a été témoignée. Pour moi, il est temps que l’Etat belge se réveille car la colère des victimes est en train de monter. »
Thomas Savary, le beau-fils de Fabienne Vansteenkiste qui travaillait à l’aéroport, s’est lui aussi dit très déçu. « Deux ans c’est à la fois loin et proche, et beaucoup se sentent très mal cette année. Pour nous, c’est important de se recueillir à l’endroit où nos vies ont changé. Mais, ce qui s’est passé ce matin était un peu hors du temps. On nous a mis à l’endroit où la bombe a explosé, bloqués derrière un cordon de sécurité. Il n’y pas eu d’annonce dans l’aéroport pour demander aux voyageurs une minute de silence. Elle a été suivie d’un larsen (sifflement désagréable, NDLR) pendant une minute, ce qui a rappelé un mauvais souvenir aux personnes présentes à l’aéroport ce jour-là. Quand j’ai voulu passer, tout de suite la barrière a été remise au cas où d’autres victimes auraient voulu passer pour se recueillir ». La photo de sa belle-mère a été déposée par ses collègues devant la plaque commémorative.
Hommage aux secouristes
Le fondateur de l’association de victimes V-Europe Philippe Vansteenkiste, qui a perdu sa soeur à l’aéroport, tient toutefois à ajouter que les familles ont apprécié de pouvoir rencontrer des membres des services de secours à l’hôtel Sheraton, en face de l’aéroport. « C’est la journée où on peut à nouveau rencontrer les personnes qui ont porté secours aux victimes. Ce sont aussi des victimes. Ils ont vu des scènes de guerre et le travail qu’ils ont fait doit être salué. »
Il espère que les cérémonies qui suivront à 11h dans le hall des départs et à 12h au Memorial Garden seront plus propices au recueillement.
Source : Sud Infos
Auteur : Belga
Date : 22/03/2018