Les jihadistes relèvent la tête au Mali

Six mois après la fin des opérations majeures de la France dans le pays, les mouvements islamistes ont mené deux attaques en deux jours.

Deux attaques en deux jours dans la zone de Gao, dans le nord du Mali, qui font suite à un attentat kamikaze à Tombouctou : les groupes jihadistes, ou leurs alliés, ont bien décidé de repasser à l’action. Après avoir été sonnés par la rapidité de l’offensive menée par les troupes françaises dans le nord du Mali à l’hiver dernier, ces groupes semblent avoir repris de la vigueur.

Lundi, des tirs à l’arme lourde ont visé Gao, principale ville du nord du Mali, faisant un blessé. Cinq impacts ont été relevés, vraisemblablement causés par des roquettes de 122 mm, précise l’état-major à Paris. Ce mardi matin, à près de 150 km de Gao, c’est un petit pont situé près de la frontière avec le Niger qui a été dynamité par des assaillants venus à moto. L’opération a été revendiquée peu après par le Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest, branche d’Al-Qaeda au Maghreb islamique), qui a fui Gao en février dernier devant l’avancée des troupes françaises.

Depuis la fin des combats majeurs dans le nord du Mali, en avril, les islamistes (ou leurs alliés) ont certes mené des attaques, mais de façon ponctuelle. Jamais depuis le lancement de l’opération Serval, début 2013, ils n’avaient été en mesure de frapper à un intervalle aussi court. L’impact de ces attaques demeure toutefois limité. Ainsi à Tombouctou, le 28 septembre, deux civils ont été tués et sept soldats maliens blessés dans un attentat kamikaze revendiqué par Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi).

S’il est encore trop tôt pour évoquer un lien entre toutes ces actions, elles témoignent en tout cas d’un regain d’activité de la part des groupes jihadistes. « Nous n’avons jamais dit que la situation dans le Nord était totalement stabilisée », souligne-t-on au ministère de la Défense à Paris. Sur le terrain, les soldats français poursuivent leurs opérations de surveillance et de contrôle du Nord-Mali – un territoire plus vaste que la France. Le 14 septembre dernier, une patrouille de Serval a été accrochée par des jihadistes près de la localité d’Amoulstarat. Un activiste a été tué, deux autres capturés.

« Les attaques vont continuer »

Paris estime avoir éliminé une grande partie des « terroristes » dans le nord du pays. Les capacités d’Aqmi, notamment, auraient été fortement amoindries. En revanche, explique une source sécuritaire, le Mujao et les hommes de Mokhtar Belmokhtar font planer une menace réelle sur la région. Et d’ajouter que les contingents africains au sein de la force de l’ONU déployée dans le Mali constitueraient des cibles de choix.

« Au nom de tous les moujahidines, nous revendiquons les attaques contre les mécréants à Gao, et l’attaque contre le pont qui doit servir à transporter en terre d’islam les ennemis de l’islam », a déclaré mardi dans un message à l’AFP Abou Walid Sahraoui, porte-parole du Mujao.« Les attaques contre les ennemis de l’islam vont continuer, ajoute-t-il. Nous n’avons rien contre les civils. Notre ennemi est la France qui travaille avec l’armée du Mali, du Niger, du Sénégal, de la Guinée, du Togo, contre les musulmans ». Et de prévenir : « Tous ces pays sont nos ennemis et nous allons les traiter comme des ennemis. »

Thomas HOFNUNG - Libération.fr - 08 octobre 2013


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