L’association d’aide aux victimes des attentats ne reçoit toujours aucun subside. Elle bataille au quotidien avec des bénévoles qui sont accueillis dans des locaux prêtés par la France !
C’était la semaine dernière. Devant la presse, la commission d’enquête parlementaire sur les attentats communiquait ses premières recommandations afin d’améliorer les conditions des victimes.
Mais derrière les caméras et le crépitement des flashs, la réalité quotidienne reste toujours éloignée des promesses tenues. Philippe Vansteenkiste a créé l’association V-Europe chargée de défendre les victimes des attentats.
Le 22 mars 2016, lorsque sa sœur a été tuée lors des explosions à Zaventem, sa vie a été complètement bouleversée. Son quotidien, c’est désormais de s’occuper bénévolement – et à temps plein – de l’association. Une association qui a même dû compter sur la France pour installer ses bureaux. C’est dans un appartement de la place des Barricades, à Bruxelles, que Philippe Vansteenkiste travaille quotidiennement. Cet appartement cossu a été mis à disposition par la FENVAC, la Fédération Nationale des Victimes d’Attentats et d’Accidents Collectifs de France. « On avait rencontré la FENVAC le 9 janvier à Paris. Elle nous avait demandés où on en était et on a expliqué qu’on n’attendait rien avant le 22 mars. Ils nous ont parlé de cet appartement et nous ont dit : “désormais, vous êtes chez vous.” »
On l’a compris, la Belgique n’était pas préparée à encadrer un nombre si important de victimes, livrées à elles-mêmes. Au niveau administratif, elles doivent enchaîner dossier sur dossier, elles se font ballotter d’un niveau de pouvoir à un autre… La commission d’enquête semble en avoir pris conscience dans ses recommandations, plus de 12 mois plus tard…
Des moyens urgents auraient dû être mis en œuvre pour soutenir l’association. Au quotidien, c’est V-Europe qui tente d’apporter des réponses là où l’administration et le politique s’enlisent. Aujourd’hui, l’association ne reçoit toujours aucun subside public, aucune infrastructure n’est mise à disposition. Cet appartement prêté par l’association française, c’était inespéré. « Au début, on se retrouvait dans des cafés, sans internet. Il fallait faire attention à ce que les gens n’écoutent pas. »
« C’est de la survie »
L’appartement de la place des Barricades a permis de mieux structurer l’accueil des victimes. « Ici, on peut faire une permanence deux fois par semaine. Pour regarder la TV, pour parler, pour venir travailler, pour ne rien faire, pour être à l’aise… » Un bureau a d’ailleurs été aménagé pour y accueillir les victimes qui doivent travailler tout en ayant besoin de se sentir entourées, avec d’autres personnes qui ont vécu le même drame.
« On voit clairement comment on veut faire. Mais il faut les budgets. Tant qu’il n’y a pas les budgets, ce sera du chipotage ; c’est même de la survie. On doit plus travailler avec des professionnels, maintenant, c’est un peu à gauche, un peu à droite… Il nous faudrait des juristes pour suivre les dossiers, pour suivre les propositions de loi, pour que la coordination avec les autres pays soit cohérente… »
Philippe Vansteenkiste a bien eu des contacts avec des autorités subsidiantes. « On sent qu’il y a une volonté de nous aider. Mais je me suis donné la priorité de faire autre chose que de récolter de l’argent. Il faut que je finalise les dossiers… » Le jour où Fabienne Vansteenkiste a été emportée dans l’attentat de Zaventem, son frère s’est emparé d’une lourde mission, celle d’accompagner les victimes dans leurs multiples démarches. « Oui, maintenant, je ne fais plus que ça. Et tous les frais sont de ma poche. Ce qui est important, c’est que la personne se sente suivie et aidée ; qu’il y ait quelqu’un qui tende la main et qui la tienne… ».
Source : lavenir.net
Auteur : Emmanuel Huet
Date : 10 mai 2017