Marseille : Des victimes des effondrements de la rue de Tivoli déplorent le pillage des décombres

DECHARGE Entreposés sur un terrain municipal, les gravats de l’effondrement de trois immeubles survenu en avril dernier, où huit personnes sont mortes, ont été pillés, rapporte des riverains. La mairie reconnaît un dysfonctionnement

Le 9 avril 2023, une explosion rue de Tivoli à Marseille soufflait un immeuble et provoquait la chute des deux immeubles contiguë. Huit personnes perdaient la vie dans ce drame.
Les décombres évacués, stockés sur un terrain vague, ont, selon des témoins été pillés, ce qui suscite la colère du collectif des victimes.
A la mairie, on admet « une erreur interne des services » en raison d’une « mauvaise interprétation des services ».

Près de six mois après l’effondrement des immeubles de la rue de Tivoli à Marseille, dans lequel huit personnes sont mortes, les survivants n’ont toujours pas pu récupérer parmi les décombres quelques effets personnels. Pire, entreposés sur un terrain vague appartenant à la mairie et localisé dans le 15e arrondissement, les décombres des immeubles ont été allègrement fouillés, selon des témoignages de riverains rapportés par France Bleu. Toujours selon ces témoignages, ce terrain aurait également servi de décharges sauvages.

« On nous avait dit de ne pas s’en inquiéter, que le terrain était gardienné et que nous n’aurions pas accès à nos affaires car les décombres étaient sous scellés pour le bien de l’enquête judiciaire », explique à 20 Minutes Roland Belessa, membre du collectif de victimes et ex-habitant du 15, dont l’immeuble s’est effondré. Lui aurait souhaité pouvoir « récupérer quelques objets de sa vie d’avant » mais aujourd’hui, il ne sait pas si ce sera possible et ce qu’il reste. « Ce qui compte, c’est la valeur sentimentale de ces objets. C’est important émotionnellement. Ça aiderait à se reconstruire et personne ne peut faire le tri à notre place », poursuit-il avant d’évoquer une petite voiture avec laquelle quatre générations d’enfant de sa famille ont joué, des carnets de photos ou un disque dur d’ordinateur.

Déjà des cambriolages la semaine qui avait suivi les effondrements
« Enervé », Rolland regrette le « cynisme » de ses interlocuteurs et « les discours » qui ne sont pas suivis d’effets. Par exemple, « l’accord-cadre avec les assureurs n’est toujours pas effectif ». Celui-ci permettrait toutefois de déclencher les indemnisations des victimes, charge ensuite aux assureurs de récupérer les fonds avancés auprès de l’assureur que l’enquête aura désigné comme responsable. Déjà, dans la semaine qui avait suivi le drame, plusieurs cambriolages dans des appartements laissés vides par le périmètre de sécurité avaient été recensés.

Dans un communiqué, le Collectif Tivoli 9 avril dit sa « colère » et « constate malheureusement une nouvelle fois que les discours rassurants et compatissants ne sont pas suivis d’effets ». Une colère qu’ils ont eu l’occasion de verbaliser ce mardi soir alors qu’une réunion - prévue de longue date - avec la mairie de Marseille a eu lieu.

Organisation d’un retour sur site pour les victimes
Contacté Jean-Pierre Cochet, adjoint en charge de la gestion des risques, reconnaît sans difficulté « une erreur interne des services ». Depuis les travaux de déblaiement les gravats étaient stockés, sous scellé, c’est-à-dire gardienné, à la demande de l’Etat et de la justice par la mairie de Marseille. Mais « le 20 juin dernier, un courrier de la procureure nous signifiait ne plus avoir besoin de ces gravats sous scellés car le travail d’enquête sur ceux-ci était terminé. En quelque sorte l’Etat, par la justice, nous a rétrocédé ces gravats », rembobine l’élu. Et c’est ici qu’intervient le dysfonctionnement, dû « à une mauvaise interprétation des services qui ont pensé que le gardiennage n’était plus nécessaire ».

Le marché a donc été levé, et le site est resté sans surveillance de la fin juillet à la fin août, selon la mairie qui a corrigé le tir. Jean-Pierre Cochet précise également « être en train d’organiser un retour sur site » pour que les victimes puissent récupérer quelques affaires, avec une éventuelle difficulté qui serait celle de la présence d’amiante dans les décombres.

Cet article est rédigé par Alexandre Vella pour 20minutes.

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