MARSEILLE : « J’AI REÇU 150 EUROS… » LA « BATAILLE » DES SINISTRES DES IMMEUBLES EFFONDRES AVEC LEURS ASSURANCES

Un mois après la catastrophe de la rue de Tivoli, les 303 sinistrés sont confrontés aux difficultés d’obtenir des indemnisations ou des avances de frais de la part de leurs compagnies d’assurances

Des sinistrés de la rue de Tivoli font état de « la mauvaise volonté de nombreuses compagnies d’assurances ».

Le collectif Tivoli 9 avril va se constituer en association pour gagner en force collective.

Ils sont assistés par la mairie et la Fédération nationale des victimes d’attentats et d’accidents collectifs pour essayer de faire bouger les lignes.

« La galère ». Un mois après les dramatiques effondrements d’immeubles de la rue de Tivoli à Marseille, dans lesquels huit personnes sont décédées, les sinistrés font désormais face à « la mauvaise volonté de nombreuses compagnies d’assurances », dénonce le collectif Tivoli 9 avril dans un communiqué. « C’est une vraie bataille », abonde Cécile, habitante de la rue Jaubert. Son logement, dont elle est propriétaire, se trouve en « zone verte », soit la classification qui y autorise un retour et qui concerne un peu moins de la moitié des 43 bâtiments évacués.

« Il m’a fallu tout racheter, du moins le strict minimum »

Pour autant, celui-ci présente plusieurs fissures à l’intérieur et sur la façade, sans provoquer toutefois de problème structurel. « J’ai des voisins qui ont leur vitre ou leur véranda de rez-de-jardin soufflée ». Des dégâts que des experts des compagnies d’assurances doivent venir constater et évaluer. « A ce jour, et malgré de nombreux appels, je n’ai toujours pas de rendez-vous », souffle Cécile, qui s’estime cependant ne pas être, et de loin, la plus à plaindre. Car d’autres sinistrés sont confrontés à des problématiques plus contraignantes, y compris financière, un point sur lequel les assurances devraient justement intervenir.

A l’image de Julie. Son appartement, est en zone « rouge », « encore en consolidation », explique cette mère de famille. Après un mois passé chez de la famille, elle a retrouvé un appartement à louer, pas très éloigné de son quartier du Camas. Une chance sur un marché de l’immobilier marseillais particulièrement tendu qui a un coût : « Entre les frais d’agence et la caution, j’ai déboursé 2.200 euros juste pour y entrer ». Et les frais ne s’arrêtent pas là : « Il m’a fallu tout racheter, du moins le strict minimum ». Une table, quatre chaises, un lit et de quoi cuisiner. Bref, de quoi avoir un peu plus que juste un toît sur la tête. Des dépenses que les assureurs ne prennent pas du tout en charge. « Je pensais qu’il y aurait une avance des fonds, mais non. Et comme les assureurs n’ont pas constaté que mes biens avaient été détruits - (ils ne le sont pas tous mais elle n’a encore pu retourner dans son logement) - je devrais avoir le droit à rien pour tout ce que j’ai eu à acheter ».

Une attitude qu’elle « voit arriver de très loin ». « Déjà, juste pour recevoir les 150 euros ’’valise d’urgence’’, auquel on a le droit sans condition, il m’a fallu faire la demande. Pourtant, j’avais déjà eu mon assurance au téléphone 5-6 fois et il ne m’en avait jamais parlé ». Une aide modeste mais bienvenue dont elle a eu connaissance par l’intermédiaire de différents groupes WhatsApp que les sinistrés ont créé (par immeuble, par compagnie d’assurances…) pour se soutenir et s’informer mutuellement.

Pour gagner en force collective face aux assureurs, le collectif Tivoli 9 avril a décidé de se constituer en association. Ses statuts sont en cours de rédaction. « On va également porter plainte contre X pour destruction de biens, au titre de l’association, mais aussi individuellement ». Une plainte qui permettrait d’aboutir à des indemnisations des préjudices matériels mais aussi physique moraux subis. Une entreprise dans laquelle ils sont soutenus par la Fenvac (Fédération nationale des victimes d’attentats et d’accidents collectifs).

Dix-sept immeubles lourdement touchés

« La structuration prend du temps et en attendant chacun est confronté à son assureur », constate Sophia Seco, la directrice de la Fenvac qui assiste les sinistrés de la rue de Tivoli. Des assureurs qui traînent des pieds pour ne pas dire pire. « J’ai le sentiment que dès lors qu’ils [les assureurs] sont appelés à indemniser de grandes catastrophes, c’est systématique. Nous avons eu la même expérience avec l’explosion de la rue de Trévise (à Paris, le 12 janvier 2019) », poursuit-elle. Malgré « quelques pratiques vertueuses » dans la gestion de la rue de Tivoli, l’ensemble manque « d’empathie », juge Sophia. Pourtant, France assureurs (organisme de représentation professionnelle des entreprises d’assurance) a appelé dans un communiqué de presse les compagnies « à verser une avance immédiate » et à « prendre en charge, sur justificatifs, les frais de relogements des assurés (…) même si le contrat ne prévoit pas de garantie ».

Selon un bilan dressé par Didier Jau, le maire des 4e et 5e arrondissements, dans le journal La Marseillaise, au moins 17 immeubles ont été lourdement touchés et nécessiteront des travaux qui dureront plusieurs mois. Un mois après la catastrophe, 165 des 303 personnes évacuées n’ont toujours pas pu regagner leur logement. Une réunion à l’initiative de la mairie doit se tenir ce vendredi afin de faire le point sur les problématiques rencontrées et la question du relogement. Nul doute que les assureurs feront l’objet de discussions.

Article par Alexandre VELLA publié sur :
https://www.20minutes.fr/societe/4036128-20230509-marseille-recu-150-euros-bataille-sinistres-immeubles-effondres-assurances

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