MARSEILLE : LA SOLIDARITE DE TOUT UN QUARTIER, ET AU-DELA, APRES L’EFFONDREMENT DE LA RUE DE TIVOLI

Plus de 200 personnes sont actuellement délogées

Le quartier du Camas, à Marseille, s’est tout de suite mobilisé après l’effondrement de l’immeuble de la rue de Tivoli dans la nuit de samedi à dimanche.

Des réseaux de solidarité se sont tissés entre voisins, association de parents d’élèves de l’école du quartier ou anonymes, tandis que le collectif du 5 novembre entend transmettre toute son expérience acquise sur les questions de relogement.

« Vous aussi vous êtes délogés ? » Au Dernier métro, l’un des cafés incontournables du quartier du Camas à Marseille, c’est souvent la première question. Dans l’attente angoissante de la découverte de toutes les victimes, chacun prend soin de prendre des nouvelles les uns des autres. Jean-Marc et Katia, tous deux à la retraite, rassurent leur interlocuteur. Ils ne font toujours pas partie du périmètre de sécurité, qui a été élargi lundi et compte à présent 43 immeubles, soit 206 personnes délogées. Mais ils sont « choqués » et racontent encore et encore la vitre éclatée de leur chambre au moment de la déflagration, et la vue sur les opérations de secours et la dent creuse. « C’est terrible d’imaginer qu’on peut se retrouver sans rien du jour au lendemain, et encore ceux qui n’ont plus rien sont encore là », soufflent-ils.

Peu à peu, casque de sécurité orange sur la tête, des délogés ont été autorisés lundi après-midi à venir chercher des affaires. « Il y avait un policier et un pompier avec moi, ils m’ont demandé de vérifier s’il n’y avait pas de nouvelles fissures à l’intérieur de mon appartement, et ils m’ont laissé entrer », témoigne Grégoire. Il habite dans une rue perpendiculaire à la rue de Tivoli. En évacuant dimanche matin, il avait eu cinq minutes à peine pour rassembler quelques affaires. Son ordinateur, du dentifrice, ce qui lui tombait un peu sous la main. Là, le pompier lui a conseillé de penser aux papiers d’identité, aux éventuels médicaments. « Tu te sens bête à ne pas trop savoir quoi prendre. Pourtant avec Noailles, on s’est tous posé la question de ce que tu prendrais si tu devais partir de chez toi. » Il est depuis hébergé chez une amie du quartier, l’une des nombreuses personnes à lui avoir proposé son aide.

« Les gens ont réagi de tout Marseille »

A l’école maternelle Saint-Savournin, ouverte dès la nuit dramatique pour l’organisation des secours, des habitants viennent spontanément témoigner leur solidarité. Silhouette furtive, une jeune femme passe déposer un sac rempli d’affaires. Puis s’en va sans mot dire. Comme d’autres avant elle. L’école doit rouvrir mardi, et une cellule d’écoute est prévue pour les enfants et les personnels. L’école élémentaire Franklin Roosevelt, qui accueille, elle, un centre de commandement, reste réquisitionnée pour le moment. Là aussi, la solidarité s’est très vite organisée pour les deux familles de l’école dont l’immeuble, au 15 de la rue de Tivoli, est détruit, mais aussi celles des immeubles alentours qui ont dû être évacuées.

« Les gens ont tout de suite réagi à notre appel à solidarité, du quartier et au-delà, de tout Marseille », relate Isabelle, membre de l’association des parents d’élèves. Le lien a été fait dans la journée avec la mairie de secteur pour établir dès mardi un lieu de collecte officiel. Les habitants peuvent désormais y déposer leurs dons de vêtements enfants et adultes ainsi que des kits d’hygiène, pour petits et grands. De son côté, Aïda prend soin des marins-pompiers qui livrent une bataille acharnée pour rechercher les victimes. Elle leur apporte régulièrement du café et des gâteaux préparés par une amie. Et son humour pour alléger les cœurs. Infirmière aux urgences à la Timone, elle les côtoie souvent quand ils amènent des blessés. Elle est venue cette fois en voisine. « Il faut être présent, j’essaie de les sortir un peu de tout ce tracas. »

« Il ne faut pas se dire que ça va durer une semaine »

En fin de journée, le collectif du 5 novembre, né des effondrements de la rue d’Aubagne, avait fixé rendez-vous aux délogés au Dernier métro. Pour un moment d’échanges, tant les questions sont nombreuses sur la suite. « Des initiatives se sont créées, des collectes de dons, des partages d’appartements, nous, on peut transmettre notre expertise sur toute la problématique du relogement », dit Kevin Vacher, membre du collectif. Il veut aussi préparer à l’attente alors que les habitants qui se trouvent dans le périmètre de sécurité, mais éloignés du péril de chute des immeubles adjacents au n° 17 et n° 15 de la rue de Tivoli, espèrent revenir chez eux dans les prochains jours. « Le moindre bâtiment un peu ancien avec une micro-fissure, même hors secteur péril, peut par effet domino devenir dangereux, rappelle-t-il. Il ne faut pas se dire que ça va durer une semaine. »

Les expertises sur la structure des immeubles ont débuté lundi. Dans la matinée, l’adjoint au maire Yannick Ohanessian, sans donner ce calendrier précis, espérait que le retour des premiers délogés chez eux se ferait « sous quelques jours à peine ». « Il y aura les immeubles qui sont un peu plus impactés, où là il y aura un vrai travail de rénovation qui sera nécessaire, détaille-t-il. Et puis il y aura une partie de logements qui eux ont été détruits entièrement ou partiellement, et là ce sera une autre histoire. »

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