MÈRE DE LA PREMIERE VICTIME DE MOHAMMED MERAH, LATIFA IBN ZIATEN DÉLIVRE SON MESSAGE DE PAIX À TOULON

La mère d’Imad, première victime de Mohammed Merah en 2012, est venue parler de son fils et de tolérance avec les élèves de 3e du collège. Qui ont vécu une matinée riche en émotions.

Dans la salle polyvalente du collège Genevoix, à Sainte-Musse, la projection du film Latifa, une femme dans la République prend fin. Les lumières se rallument. Précédée d’Eric Anicito, le principal de l’établissement classé en Réseau d’éducation prioritaire, Latifa Ibn Ziaten fait son apparition, en chair et en os, cette fois. Sous des applaudissements nourris.

"Je m’appelle Latifa, je suis née au Maroc, je suis musulmane, et je suis française. Et je vis très bien avec les trois." C’est ainsi que la souriante Rouennaise de 64 ans démarre son témoignage. Poignant, tout sauf convenu. Latifa est la mère d’Imad, le parachutiste de l’armée française, assassiné par le terroriste Mohammed Merah à Toulouse en 2012. "J’ai perdu Imad parce qu’un jeune était mal aimé, mal éduqué, mal orienté, raconte-t-elle. Lui avait 23 ans, et mon fils trente. Il a tué sept personnes, gratuitement, plein de haine, de colère, au nom de l’islam. Est-ce que c’est ça l’islam pour vous ?"

"Vous êtes la lumière et l’avenir"

La voix de Latifa tremble, et résonne dans la salle, d’où aucun autre son ne s’échappe. Elle pleure. Et n’est pas la seule. "Les larmes coulent depuis onze ans, c’est comme si c’était hier."

Depuis le drame, son histoire, elle la raconte un peu partout, et notamment dans les collèges. Elle qui "reste debout pour lui, pour vous ", à travers son association Imad, pour la jeunesse et la paix. Faisant de sa douleur, "que je garde pour moi", une force pour transmettre un message de tolérance et de lutte contre le fanatisme. C’est donc naturellement qu’elle a répondu favorablement à la demande de Sandrine Lacroix, professeur d’histoire-géo et référente laïcité du collège, qui tente depuis octobre de la faire venir. Notamment pour aider à faire face aux interrogations des jeunes.

L’ensemble des élèves de 3e l’écoutent, ce matin. De nombreux professeurs aussi. Et quelques parents. "L’islam, c’est un islam de valeurs, de partage, de tolérance, poursuit Latifa Ibn Ziaten avec passion. Aujourd’hui on est en train de le détourner. Il faut respecter les règles et les valeurs de la République, notamment dans l’école laïque." Vient alors la délicate question du voile. "C’est juste un tissu, martèle-t-elle. a n’a rien à voir avec la foi. Ce n’est pas parce qu’on n’est pas voilée qu’on manque de foi." Désignant sa tête : "Moi je porte ce foulard pour le deuil, pas pour l’islam. L’islam, c’est dans le cœur que ça se passe."

Plusieurs élèves, des filles en majorité, ne sont pas d’accord. Elles l’expriment. Latifa leur répond, avec conviction, et beaucoup de bienveillance, toujours. Les échanges sont riches. L’émotion palpable. "Faites attention avec les réseaux sociaux, les met-elle encore en garde. Ayez confiance en vous, et démarrez le moteur ! Je vous souhaite beaucoup de réussite. Vous êtes la lumière et l’avenir."

La sonnerie retentit. Certains viennent serrer Latifa dans leurs bras. D’autres prennent une photo avec elle. Souvenir d’une matinée qui restera longtemps dans les mémoires.

Article écrit par Fanny Roca publié sur :
https://www.varmatin.com/vie-locale/latifa-ibn-ziaten-mere-de-la-premiere-victime-de-mohammed-merah-delivre-son-message-de-paix-a-toulon-853477

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