Les accidents dus à des travaux sur des canalisations étaient au cœur des premières assises régionales de la sécurité, qui viennent de se tenir à Mulhouse.
À Mulhouse, personne n’a oublié le drame de la rue de la Martre. Le 26 décembre 2004, à la suite d’une fuite sur une canalisation de gaz, un immeuble avait explosé, causant la mort de 17 personnes. Depuis, GRDF (Gaz réseau distribution France) Alsace a beaucoup investi pour améliorer la qualité de ses réseaux.
Pour commencer, toutes les conduites en fonte grise – cette fonte cassante à l’origine du drame – ont été remplacées. Mais les responsables alsaciens du gazier français, postés à Mulhouse, ne se sont pas contentés d’exécuter les demandes formulées à l’époque par le ministère de l’Industrie.
« Nous avons mis en place différents plans d’action, rappelle Maurice Mennereau, directeur de GRDF Alsace. Ce sont des actions générales, comme la formation des personnels de chantiers, le piquetage des chantiers sensibles et un travail d’observation. Nous avons, en plus, continué à améliorer notre cartographie, avec douze personnes qui travaillent sur notre zone, en Alsace et en Franche-Comté. »
Les problèmes n’ont pas disparu avec le remplacement de la fonte grise. Aujourd’hui, les fuites de gaz continuent et elles sont souvent dues à des canalisations arrachées sur des chantiers. Des chantiers qui, normalement, devraient être encadrés par des mesures strictes et des indications concernant le positionnement des canalisations dans les sols. Pour commencer des travaux, il faudrait avoir fait une Déclaration d’intention de commencement des travaux (DICT), où l’on retrouve toutes ces indications. « Il ne faudrait creuser que lorsqu’on sait où se situent les réseaux, explique Gérard Vieille, de la Fédération régionale des travaux publics (FRTP). Mais il est difficile de prendre en compte le facteur humain. Parfois, des conducteurs d’engin peuvent faire des erreurs. Le but, pour nous, est d’avoir un maximum de formation en matière de sécurité pour éviter ces accidents. Mais on sait que le risque zéro n’existe pas. »
« 20 % des dommages sur les canalisations sont occasionnés lors de chantiers sur lesquels la déclaration de travaux n’a pas été faite », reconnaît Maurice Mennereau. GRDF admet qu’en 2010, sur la totalité des chantiers en Alsace, il y a eu « 40 à 50 accidents, dont les trois quarts pouvaient être évités », note encore Maurice Mennereau.
Reste à savoir pourquoi certaines collectivités locales et certains maîtres d’ouvrage n’effectuent pas de demandes préalables de travaux. La Ville de Mulhouse est considérée comme un bon élève par GRDF « C’est un sujet important, nous sommes une ville sensible au gaz », reconnaît le premier adjoint Denis Rambaud. Plusieurs fuites de gaz occasionnées lors de chantiers au centre de la ville ont néanmoins eu lieu ces dernières semaines.
Grégory Lobjoie - L’Alsace - Publié le 25 juin 2011
