Discours du Président de la FENVAC - 19 septembre 2018

Monsieur le Président de la République,
Victimes et proches de victimes,
Mesdames, Messieurs,

MONSIEUR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, Laissez-moi tout d’abord - au nom de nos deux associations vous remercier très chaleureusement pour votre présence à cet hommage national aux victimes du terrorisme.

Chaque fois que vous êtes présent à une commémoration ou que vous allez au contact des victimes vous leur faites du bien, tant par votre humanité que parce que vous personnifiez alors la reconnaissance de la Nation à leur égard.

VICTIMES ET PROCHES DE VICTIMES mes amis présents aujourd’hui. Comme chaque année, je veux vous saluer avec fraternité et amour en espérant que cette cérémonie de mémoire et d’hommage vous apporte un peu d’apaisement.

Mais je pense aussi à toutes celles et à tous ceux qui ne sont pas parmi nous.
Soit parce qu’elles restent trop marquées pour se rendre à un hommage collectif ou n’en éprouvent pas le besoin, qu’elles sont encore en soins, soit parce que la vie quotidienne d’après est devenue trop compliquée : un divorce après la perte d’un enfant, la submersion brutale par la dépression 3 années après les événements, la perte de l’emploi ou de son entreprise liés aux attentats.

J’ai aussi une pensée toute particulière et respectueuse pour les victimes de confession juive et plus globalement pour le peuple juif qui célèbre aujourd’hui Yom Kippour.

Je n’oublie pas Sophie PETRONIN otage depuis le 24 décembre 2016. Agée, gravement malade elle manque terriblement à sa famille mais aussi à notre collectivité nationale dont elle incarne les valeurs d’engagement de soi et de fraternité.
Nous venons d’entendre ce rappel de ces attentats qui depuis les années 70 ont frappés notre pays, d’entendre ces paroles de victimes ou de proches : Ne pas oublier – Honorer. C’est le but de cette journée

Ce 19 septembre concoure à l’accompagnement des victimes du terrorisme. Depuis 1998, année après année, cet hommage est bien devenu un repère pour la collectivité nationale, un instant précieux de rassemblement et de mémoire.
Accompagner les victimes c’est lutter contre le terrorisme, en effaçant autant que faire se peut les conséquences de ces actes barbares, en cherchant à reconstruire des vies brisées, en faisant preuve collectivement de solidarité, de fraternité. Tendre la main, secourir, reconnaitre, respecter, aimer, ne pas oublier et ne pas abandonner les victimes c’est porter haut nos valeurs.

Lutter contre le terrorisme c’est être uni face à la menace, mais aussi dans l’accompagnement des victimes.

Pas de lutte d’ego lorsque victime soi-même hier on en accompagne d’autres qui souffrent aujourd’hui. De l’humilité et de l’humanité face à la douleur et à la dignité.
FENVAC et AFVT l’ont compris et - tout en conservant leur spécificité source de richesse – nous agissons plus collectif et nous sommes également rapprochés de FRANCE VICTIMES en ce sens.

Il s’agit d’aider au mieux les victimes et de tirer collectivement les enseignements de nos actions pour progresser : nous faisons tous des erreurs que nous devons traiter
J’ai parlé de spécificité de nos associations.

Cet engagement de ces bénévoles qui apportent aux victimes d’aujourd’hui et malheureusement de demain leur expérience du douloureux chemin allant de la sidération des premières heures jusqu’au retour à une sérénité relative. Ils offrent une vraie compréhension de la souffrance de l’autre et un accompagnement répondant à ses attentes multiples.

Cela est fondamental. Etre victimes ce n’est pas un statut définitif, mais une étape nécessaire vers la résilience lorsqu’elle est possible. L’accompagnent efficace souvent plusieurs années en est la clef.

On n’oublie jamais la perte d’un proche, enfant pour ses parents, frère, sœur, père mère. La vie n’est définitivement plus la même mais nous portons le message qu’un jour chaque victime appréciera de nouveau, de manière différente la vie, avec les autres et pour les autres. Il y a toujours quelqu’un à aimer, il y a toujours quelqu’un qui vous aime.

Pour répondre à ce formidable enjeu de vie, la collaboration loyale, lucide et déterminée des pouvoirs publics avec la société civile dont nous faisons partie est indispensable dès les premiers moments. Elle doit être préparée
Le temps perdu c’est de la souffrance et de la crainte supplémentaire. Nous ne l’admettrons jamais. Nous savons ce que c’est.

Nous devons donc être rapidement sur place lors d’un acte terroriste.

Avec nos partenaires l’Etat, FV et AFVT notamment nous travaillons sur l’optimisation de la projection.

En matière de terrorisme nous voulons un Etat fort. Mais pour autant il ne saura pas et ne pourra pas tout faire en termes d’accompagnement et de suivi des victimes. Tous les acteurs doivent en être bien convaincus. Vouloir tout réglementer serait vain et ne pourrait qu’échouer. Les victimes sont actrices de leur devenir
Associations militantes, nous sommes loyales, engagées et sachant. Plus de 20 ans d’accompagnement et de combat pour les victimes. Pourtant la collaboration qui se construit avec les pouvoirs publics doit encore impérativement progresser. Trop d’incertitudes demeurent même si l’évolution est globalement sensible depuis Paris, Nice et Barcelone.

Nous devons faire mieux, les attentats comme les accidents collectifs à l’étranger par exemple restent une préoccupation importante pour nos associations et les victimes qu’elles soutiennent.

Etre frappé à l’étranger ne doit pas être une double peine : une blessure psychologique ou physique et un sentiment d’abandon ou de traitement de moindre qualité.

Là aussi nous sommes aux cotés des acteurs publics, la DIAV notamment, qui se sont saisis du sujet mais de nouveau l’Etat ne peut pas, ne sait pas et ne doit pas tout faire. Et pourtant ces derniers mois, nous sommes clairement beaucoup moins associés que par le passé, souvent plus tard qu’avant avec le cortège d’incompréhension que nous avons constaté chez les victimes sur les derniers événements 2017/2018 survenus à l’étranger.

Monsieur le PR, je veux en conclusion et en votre présence saluer au nom de nos associations toutes ces femmes et tous ces hommes qui professionnellement ou bénévolement contribuent quotidiennement à la sécurité de notre pays et qui se mobilisent sans compter lorsque survient un acte terroriste ; Policiers, militaires, personnels pénitentiaires et leurs proches que l’on oublie trop souvent, mais aussi le corps médical et infirmier, les pompiers, les magistrats, fonctionnaires. Et enfin tous les bénévoles, ceux de nos associations, mais aussi les aidants courageux qui se manifestent à chaque événements. Admiration, Gratitude et Respect.
Devenons plus solidaire et fraternel en matière de sécurité disions nous il y a deux ans avec 13onze15. Etre garant de la sécurité des autres en étant simplement citoyen vigilant : savoir donner les premiers soins – regarder autour de soi – et pourquoi pas agir comme ces héros de notre époque : ce courageux scootériste que vous avez honoré lors de l’hommage 2017 à Nice mais aussi ce plombier trouvant suspect un amas de bouteille de gaz ou ces jeunes risquant leur vie pour sauver un enfant suspendu à un balcon, ou menacé par le feu…ou qui la donne comme le Lieutenant-Colonel Beltrame à Trèbes.

Tout un travail d’éducation doit rappeler la valeur, le prix que nous donnons à la vie, le prix que notre société donne à la vie.
Il existe des expérimentations sur lesquelles va maintenant revenir Guillaume DDSM qui précisera également davantage nos préoccupations communes.

Je vous remercie pour votre attention.

Pierre-Etienne DENIS,
Président de la FENVAC

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