PARIS, 17 mai (Reuters) - Les premiers examens des "boîtes noires" du vol Rio-Paris, tombé dans l’Atlantique en juin 2009 avec 228 personnes à bord, n’ont amené dans l’immédiat aucune recommandation d’Airbus aux compagnies.
Ces informations ont amené des médias à écrire que l’appareil avait été mis hors de cause, ce qui a suscité un démenti du bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) et une protestation d’un syndicat de pilotes.
"En aucun cas la publication de cette note du constructeur n’autorise à conclure que l’accident serait dû à une erreur de l’équipage. Le Syndicat national des pilotes de ligne dénonce avec force ce raccourci journalistique", écrit le syndicat dans un communiqué.
"Le SNPL n’acceptera pas que les pilotes morts dans cette catastrophe soient jetés en pâture à l’opinion publique avant l’analyse exhaustive de toutes les causes de l’accident", ajoute-t-il.
Airbus, filiale du groupe EADS (EAD.PA : Cotation), a indiqué mardi n’avoir transmis dans l’immédiat aucune recommandation de sécurité aux compagnies opérant l’A330 à la suite de l’analyse préliminaire des boîtes noires de l’appareil.
"A ce stade de l’enquête préliminaire des boîtes noires, Airbus n’a aucune recommandation à apporter dans l’immédiat aux opérateurs", écrit le constructeur aéronautique dans une note obtenue par Reuters.
Cependant, aucune conclusion ne peut être tirée à ce stade de l’enquête, déclare le Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA).
"Sacrifier au sensationnalisme en publiant des informations non validées alors que l’exploitation des données des enregistreurs de vol ne fait que commencer est une atteinte au respect des passagers et des membres d’équipage décédés", déclare le BEA dans un communiqué.
Avant le rapport préliminaire qui sera remis l’été prochain, "aucune conclusion ne peut être tirée".
LE PROBLÈME DES CORPS RÉGLÉ MERCREDI ?
Un problème de sondes de mesure de vitesse de type Pitot, fabriquées par Thales (TCFP.PA : Cotation), qui équipaient les A330 et A340, a été avancé comme une cause possible. Les sondes Pitot de l’épave pourraient être remontées ultérieurement.
Fait connu avant l’accident, ces petits tubes placés à l’avant de l’appareil givraient à haute altitude, ce qui pouvait perturber le pilotage. Les Pitot ont été remplacées par d’autres sondes sur toute la flotte Air France après l’accident.
Repêchées début mai par 3.900 mètres de fond, arrivées à Paris jeudi, les boîtes noires ont pu être lues le week-end dernier.
L’intégralité des données techniques relatives aux paramètres du vol Air France 447 ainsi que les deux dernières heures des conversations et bruits dans le cockpit de l’Airbus 330 sont lisibles, a dit lundi le Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) dans un communiqué.
Le résultat de l’enquête revêt de forts enjeux judiciaires et industriels. Une procédure judiciaire est conduite parallèlement à l’enquête technique. Le constructeur Airbus et la compagnie Air France (AIRF.PA : Cotation) ont été mis en examen en mars pour homicides involontaires.
Les deux juges d’instruction doivent par ailleurs régler cette semaine le problème relatif à la cinquantaine de corps restés au fond de la mer dans l’épave de l’avion, localisée début avril lors d’une cinquième campagne de recherches.
Seuls deux corps ont été repêchés pour le moment, en plus de la cinquantaine qui avaient été retrouvés juste après l’accident. Des analyses ADN sont actuellement tentées sur ces deux corps qui sont restés 22 mois dans l’eau mais isoler une empreinte génétique dans de telles conditions est délicat. L e résultat devrait être connu mercredi et les juges ont décidé que, si ces expertises échouent, les autres corps ne seront pas remontés. Il y avait dans l’avion des passagers de 32 nationalités, dont 72 Français et 59 Brésiliens.
(Sophie Louet, Tim Hepher, Thierry Lévêque, édité par Yves Clarisse) - Reuters - publié le 17mai 2011