Policiers percutés à Colombes. Le suspect présenté au juge antiterroriste

L’enquête antiterroriste ouverte après que deux policiers à moto ont été percutés à Colombes lundi a été confiée à un juge d’instruction. La garde à vue du principal suspect a été levée ce vendredi matin et il doit être présenté au juge ce vendredi en vue d’une mise en examen.

Deux policiers ont été intentionnellement percutés par un automobiliste le 27 avril 2020 à Colombes. | FRANCK FIFE/AFP

L’enquête antiterroriste ouverte pour la tentative de meurtre de policiers percutés par une voiture lundi à Colombes (Hauts-de-Seine) a été confiée à un juge d’instruction qui devrait mettre en examen le suspect pour pour tentative d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste, a annoncé à l’AFP vendredi 1er mai une source judiciaire.

La garde à vue de Youssef T., accusé d’avoir fauché trois policiers en marge d’un contrôle routier, a été levée vendredi matin et une information judiciaire a été ouverte pour tentative d’assassinats sur personnes dépositaires de l’autorité publique en relation avec une entreprise terroriste, selon cette source. Le mis en cause est présenté ce jour à un juge d’instruction aux fins de mise en examen, a-t-elle précisé.

Sa mise en examen et son placement en détention provisoire ont été requis par le parquet antiterroriste, a ajouté cette source.

Lundi vers 17H00, Youssef T., au volant d’une BMW, a violemment heurté deux motards de la police nationale qui contrôlaient une voiture, les blessant grièvement aux jambes, et a atteint plus légèrement un policier municipal.

Lettre d’allégeance à Daesh
Une lettre d’allégeance au groupe État islamique (EI) ainsi qu’un couteau ont été retrouvés dans sa voiture et le parquet national antiterroriste (Pnat) s’est saisi des faits mardi après qu’une expertise psychiatrique du suspect a écarté toute abolition ou altération de son discernement.

Je prête allégeance à Abou Walid al-Sahraoui, nouvel émir de l’État islamique et digne héritier d’Abou Bakr Al-Baghdadi, proclamait-il dans cette lettre, selon une source proche du dossier.

Selon un communiqué du Pnat, le suspect expliquait vouloir se lancer à corps perdu dans la bataille pour imposer la charia sur l’ensemble de la terre. Selon une source proche de l’enquête, on retrouve dans l’exploitation de ses supports numériques saisis lors d’une perquisition un intérêt pour l’État islamique ainsi que le terrorisme de manière générale.

Adnane Abou Walid al-Sahraoui est le chef du groupe État islamique du Grand Sahara (EIGS), actif essentiellement dans le nord-est du Mali et de l’autre côté de la frontière avec le Niger.

Le suspect se considère comme un « guerrier »
Selon une autre source proche de l’enquête, ce n’est pas un profil de déséquilibré mais celui de quelqu’un de très solitaire qui assume totalement son acte et se considère comme un guerrier qui évite de cibler les civils.

Il est porté sur le discours anti-occidental depuis 10 ou 12 ans. Il suit les sujets géopolitiques. Ce n’est pas d’un grand niveau intellectuel mais il suit la situation en Palestine, au Sahel, a ajouté cette source.

En l’état, il semble avoir agi seul, selon l’une de ces sources. L’enquête préliminaire avait notamment été ouverte pour « association de malfaiteurs terroriste », ce qui laissait entrevoir d’éventuels complices, mais ce chef d’accusation n’a pas été retenu pour l’instant dans l’information judiciaire.

Pas fiché S
Connu pour des faits de droit commun anciens, Youssef T. avait fait l’objet d’un rappel à la loi pour outrage à agent en 2014, selon la procureure de Nanterre Catherine Denis, qui a mené les premières investigations avant la saisine du Pnat.

Youssef T. n’était pas fiché S pour radicalisation, selon le Pnat.

Connu pour des faits de droit commun anciens, il avait fait l’objet d’un rappel à la loi pour outrage à agent en 2014, selon la procureure de Nanterre Catherine Denis, qui a mené les premières investigations avant la saisine du Pnat.

Alors que des photos du suspect en garde à vue ont été diffusées sur les réseaux sociaux, son avocat a indiqué à l’AFP porter plainte pour violation du secret de l’enquête, du droit à la présomption d’innocence et du droit au respect de la vie privée.

Publié par Ouest-France avec AFP, le 1er mai 2020.

Nous soutenir

C’est grâce à votre soutien que nous pouvons vous accompagner dans l’ensemble de vos démarches, faire évoluer la prise en charge des victimes par une mobilisation collective, et poursuivre nos actions de défense des droits des victimes de catastrophes et d’attentats.

Soutenir la FENVAC

Ils financent notre action au service des victimes