À Nice, une victime de l’attentat du 14 juillet va déposer une requête devant le tribunal pour contester le montant son indemnisation, jugée insuffisante. En France, associations et avocats contestent également certaines méthodes du FGTI.
Une logique trop administrative.
Alors que le fonds de garantie des victimes d’actes de terrorisme vient de commencer à faire des propositions d’indemnisation définitives aux victimes et familles de victimes de l’attentat de Nice, une première victime indirecte conteste le montant de celle-ci. Natacha Buchet a perdu sa mère le 14 juillet 2016 sur la promenade des Anglais. Le fonds de garantie lui propose 30.000 euros. Elle en réclame 330.000. Celle-ci compte bien déposer une requête devant le tribunal de grande instance de Créteil. Son geste reflète un malaise profond face aux indemnités proposées en France aux victimes et famille de victimes d’attaques terroristes.
« Ma mère valait plus qu’une voiture »
« On entend souvent : ‘ma mère valait plus qu’une voiture’ », confie à 20Minutes Stéphane Gicquel, secrétaire général de la Fédération nationale des victimes d’attentats et d’accidents collectifs (Fenvac). Pour lui, une somme d’argent ne peut évidemment pas annuler la douleur, mais au moins la reconnaître. « Ce qui est proposé n’est pas en phase avec le préjudice moral, celui de la douleur liée à la perte », complète Me Maktouf, interviewée par 20 Minutes.
En effet, l’indemnisation se fait à partir d’une grille, avec des critères juridiques très secs. « Selon si votre enfant décédé vivait ou non chez vous, le montant de l’indemnisation est plus ou moins élevé. De même si vous avez plus ou moins de 25 ans et que votre père est mort », donne pour exemple Stéphane Gicquel. « C’est une logique trop administrative qui heurte les familles », poursuit-il. Or, les victimes, directes et indirectes, ne veulent pas être traitées comme « un simple dossier administratif. Elles veulent être écoutées et raconter la vie de la personne qu’elles ont perdue ou les événements qu’elles ont vécus ». Pour lui, la solution serait la présence d’un tiers : « un juge et la solennité d’une audience ».
Autre souci de taille, les démarches administratives compliquées pour obtenir cette indemnisation. D’ailleurs, les victimes sont presque toutes obligées de passer par un avocat. « La procédure est longue, laborieuse et demande un effort extraordinaire. Les termes sont barbares, il y a énormément de documents à fournir et pas d’assistance pour les différentes étapes à suivre. C’est encore pire lorsque l’attentat a eu lieu à l’étranger », assure l’avocate qui défend une cinquantaine de victimes de l’attentat du 13 novembre à Paris et en Seine-Saint-Denis. Conséquence : demander une indemnité deviendrait presque tabou.
Le tabou
« Les gens culpabilisent que l’on croit que cet argent va panser leur douleur, alors que c’est impossible. Or le fonds d’indemnisation accentue cela et ne préserve pas la dignité, car il faut presque se battre pour toucher cet argent que l’Etat leur doit. Car si les gens meurent ou sont blessés pendant des attentats c’est en partie parce que la France est visée », poursuite Samia Maktouf.
Pour le secrétaire général de Fenvac, « le fond d’indemnisation reste un très bel outil de résistance face au terrorisme, qu’il faut juste améliorer pour que la question financière ne soit plus un sujet de tension ». Parmi les améliorations très attendues des associations : la prise en charge des frais d’avocats des victimes.
Source : 20minutes.fr
Auteur : Marie de Fournas
Date : 26 février 2017