Plusieurs centaines d’otages, algériens et étrangers, sont toujours détenus par un groupe islamiste armé, jeudi 17 janvier, sur le site gazier d’In Amenas, dans le centre-est de l’Algérie, près de la frontière libyenne, exploité par le groupe britannique BP, le norvégien Statoil et l’algérien Sonatrach.
■Comment s’est déroulée l’attaque ?
Mercredi 16 janvier, 5 heures du matin : à trois kilomètres de la base, le groupe armé attaque un bus amenant des employés à l’aéroport d’In Amenas. Au moins un Britannique et un Algérien sont alors tués dans l’échange de tirs avec l’escorte, six autres personnes blessées. Les assaillants prennent la fuite avec cinq prisonniers.
Ils se dirigent ensuite vers la "base de vie" du site gazier, à bord de trois véhicules selon le ministère de l’intérieur – des témoins affirment qu’il y en avait davantage. C’est alors qu’ils prennent en otages les employés.
■Qui sont les preneurs d’otages et quelles sont leurs revendications ?
Un groupe intitulé "les Signataires par le sang" ("La brigade Al-Mouthalimin") a revendiqué la prise d’otages, mercredi 16 janvier. Il est dirigé par l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, dit "le Borgne" et récemment parti d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI).
Les islamistes ont justifié leur attaque par le soutien de l’Algérie à l’intervention française au Mali via l’ouverture de son espace aérien. Dans son communiqué du 16 janvier, la brigade Al-Mouthalimin a réclamé "l’arrêt de l’agression" au Mali.
Les ravisseurs veulent le retrait de l’armée algérienne qui encercle le complexe pour permettre des négociations, a affirmé jeudi l’un d’eux sur la chaîne de télévision satellitaire du Qatar Al-Jazeera.
■Qui sont les otages ?
Dès leur prise du site gazier, les islamistes ont immédiatement séparé les employés en deux groupes, les Algériens d’un côté (au moins 300), les 41 étrangers de l’autre. Parmi ces derniers figurent des Américains (au nombre de sept selon les preneurs d’otages), des Britanniques, des Norvégiens (treize, selon le premier ministre norvégien), des Japonais et un Irlandais. Des Malaisiens et des Philippins figureraient également parmi les otages, selon le Français joint par France 24 (lire ci-dessous).
■Combien y a-t-il de Français ?
L’incertitude règne sur le nombre de Français retenus. Mercredi, le correspondant du quotidien algérien El Watan a évoqué la présence de deux Français parmi les otages. Dans la soirée, la chaîne France 24 a affirmé avoir parlé par téléphone avec un otage français, en précisant ne pas savoir s’il parlait sous la contrainte ou non.
Selon des informations recueillies par Europe 1 jeudi, quatre Français seraient potentiellement retenus en Algérie parmi les otages.
Mais un peu plus tôt, François Hollande avait déclaré mercredi soir n’avoir pas de certitude, tandis que le Quai d’Orsay a activé sa cellule de crise pour procéder à des "vérifications". La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a répété jeudi matin n’avoir aucune confirmation de présence de Français parmi les otages.
■L’armée algérienne peut-elle donner l’assaut ?
Le site gazier d’In Amenas est totalement encerclé par les forces de l’ordre algériennes. Le ministre de l’intérieur, Dahou Ould Kablia, a exclu toute négociation avec les ravisseurs. Les autorités "ne répondront pas aux revendications des terroristes et refusent toute négociation", a-t-il dit aussitôt après l’attaque.
Mais un assaut est très risqué pour les forces algériennes. Outre le risque d’exécution des otages, les islamistes auraient menacé de faire exploser le site "si les forces armés algériennes ne se retirent pas", rapporte le site Maghreb émergent.
■Qui exploite ce site gazier ?
Le site gazier situé à In Amenas, à une centaine de kilomètres de la frontière libyenne et à 1 300 kilomètres d’Alger, est exploité par une joint-venture de l’entreprise algérienne Sonatrach avec les compagnies britannique BP et norvégienne Statoil. Entré en fonctionnement en juin 2006, il exploite quatre gisements situés dans le bassin d’Illizi, dans le sud-est de l’Algérie.
Le complexe emploie 700 personnes, dont une grande majorité d’Algériens. Une partie d’entre eux est employée par CIS Catering, une société française de restauration, d’hôtellerie et de logistique. Le PDG de CIS Catering, Régis Arnoux, a déclaré mercredi au JDD.fr que "150 de [ses] employés [étaient] retenus".
AFP, Le Monde - 17 janvier 2013