Procès AZF à Paris : drôle d’ambiance pour une catastrophe

On savait déjà que l’ambiance au troisième procès AZF devant la cour d’appel de Paris serait différente de celle des deux premiers, qui s’étaient déroulés à Toulouse. Au terme de la première semaine, cette impression se confirme.

Tout est pareil, mais tout est différent. Alors que les trois premiers jours du procès AZF devant la Cour d’appel de Paris se sont achevés dans l’après-midi de jeudi, on sait maintenant que l’atmosphère qui règne à l’audience parisienne est bien différente de celle ressentie lors des deux premiers procès à Toulouse. Judiciairement, le dossier est le même. Rien n’a changé. Et pourtant, cela aura forcément un impact sur la tenue des audiences.

TRÈS PEU DE TOULOUSAINS À PARIS

"C’est une nouvelle catastrophe" s’emporte Pauline Miranda, qui vient de prendre la présidence de l’association des sinistrés du 21 septembre après le décès de Jean-François Grelier. "On arrive en train le jour de l’audience, on doit traîner nos valises dans le palais de justice, ajoute-t-elle. On ne tient pas compte des victimes".

Dès mercredi, au deuxième jour, la salle s’était vidée de certaines parties civiles. Gérard Ratier, par exemple, le président de l’association des familles endeuillées était déjà reparti, la justice n’indemnisant qu’un aller-retour Toulouse-Paris mais pas l’hébergement sur place.

Même du côté des avocats des parties civiles, les bancs étaient moins garnis jeudi : suivre 4 mois d’audience, à raison de trois jours par semaines, quand on a d’autres dossiers en cours, c’était déjà compliqué à Toulouse, où les avocats ont leurs cabinets, mais s’ajoutent désormais le temps de déplacement, les hôtels, etc.

Même du côté de la presse, l’épreuve est difficile à gérer : jeudi, il n’y avait dans la salle d’audience à Paris que 4 journalistes travaillant pour des médias toulousains. La semaine prochaine, ils seront encore moins nombreux.

UN LIEU QUI N’EST PAS DÉDIÉ​

Le Palais de Justice de Paris est le plus grand de France. C’est un dédale de couloirs et de salles d’audience qui grouille d’avocats (ils sont presque 30 000 inscrits au barreau de Paris), de journalistes, de justiciables et de magistrats. AZF n’est qu’une des innombrables affaires qui se jugent chaque jour dans ces murs.

"C’est quoi AZF ?" demande une jeune femme à son accompagnatrice en passant devant les étiquettes "procès AZF" ont été scotchées sur les colonnes près de la salle d’audience.

A Toulouse, la salle Jean-Mermoz, sur l’île du Ramier, était entièrement dédiée au procès. Personne ne pouvait venir là par hasard. Un lieu où parties civiles, victimes, avocats, journalistes avaient pris leurs habitudes. Rien ne venait "polluer" l’audience.
Sur le plan matériel, tout avait été plutôt bien mis en place par la justice et la ville de Toulouse qui prêtait le lieu. A Paris, la salle, bien que prestigieuse, n’est pas adaptée au travail de dizaines d’avocats en simultané représentant des milliers de parties civiles.

QUEL IMPACT SUR LE DÉROULEMENT DU PROCÈS ?

Certaines parties au procès se réjouissent de la tenue de l’audience à Paris, loin de Toulouse. "Nous avons une chance de retrouver de la sérénité" espère Jacques Mignard, le président de l’association "Mémoire et solidarité" représentant les anciens salariés d’AZF.

"A Toulouse, les juges de la cour d’appel étaient hostiles" a souligné jeudi Serge Biechlin, l’ancien directeur de l’usine jugé à nouveau, lors de sa première audition face aux magistrates de la Cour d’appel de Paris qui sont restées impassibles.

Juridiquement, les débats porteront sur les mêmes faits, avec les mêmes témoins, la même procédure qu’à Toulouse. Mais Toulouse est loin. "J’ai regardé un plan de la ville" a dit jeudi l’un des deux avocats généraux. A Toulouse, les magistrats savaient localiser l’usine, les quartiers impactés, le centre-ville sans avoir besoin de regarder une carte.

Drôle d’ambiance pour une catastrophe.

Source : France Info
Auteur : Fabrice Valéry
Date : 27 janvier 2017

Crédit photos : Source : France Info Auteur : Fabrice Valéry Date : 27 janvier 2017

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