Procès de douze hommes pour un projet d’attentat avant la présidentielle de 2017

Initialement prévu au début de l’année mais renvoyé au bout de quelques jours faute de magistrats disponibles, le procès de Clément Baur, Mahiedine Merabet et dix autres hommes pour un projet d’attentat pendant la campagne présidentielle de 2017, débute lundi à Paris.

Le procès repart donc de zéro, après ce qui avait été qualifié de "naufrage judiciaire" en janvier dernier - l’une des juges de la cour d’assises spéciale, malade, n’avait pas pu être remplacée en raison d’un manque d’effectifs de magistrats.

Les deux principaux accusés, Clément Baur, 30 ans, et Mahiedine Merabet, 36 ans, doivent répondre d’un projet d’attentat avant la présidentielle de 2017.

Dix autres hommes, dont neuf comparaissent libres, soupçonnés d’avoir aidé le duo à se procurer armes et munitions, sont jugés pour association de malfaiteurs terroriste.

MM. Baur et Merabet avaient été interpellés à Marseille le 18 avril 2017, cinq jours avant le premier tour de la présidentielle. Après plusieurs jours de traque, les enquêteurs de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) étaient parvenus à localiser leur planque.

Les deux hommes, qui se sont connus en prison, avaient précipité leur chute en cherchant à contacter, via la plateforme Telegram, le groupe Etat islamique (EI) pour lui transmettre une vidéo d’allégeance et de revendication. Mais, c’est chez un agent infiltré de la DGSI que leur vidéo avait atterri.

Elle montrait des dizaines de munitions disposées sur une table de manière à écrire "la loi du talion", au côté d’un fusil mitrailleur, d’un drapeau de l’EI et la Une du Monde du 16 mars 2017 avec une photo du candidat de droite François Fillon, suivie d’un montage d’enfants victimes de bombardements en Syrie.

La perquisition de leur planque avait permis de saisir le fusil mitrailleur Uzi de la vidéo, trois pistolets, des centaines de munitions et un sac de boulons.

Les enquêteurs avaient également découvert plus de 3,5 kg de TATP, explosif instable prisé des jihadistes déjà utilisé lors des attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis.

L’exploitation des supports numériques a mis en évidence des recherches internet tous azimuts sur de potentielles cibles : des clubs libertins, des bars, un restaurant casher et un meeting de Marine Le Pen à Marseille, prévu le 19 avril.

"Prisonnier politique musulman"
Au cours de l’instruction, Mahiedine Merabet, un délinquant multirécidiviste de Roubaix (Nord), a contesté tout projet d’attentat meurtrier, admettant toutefois avoir envisagé "un coup d’éclat" en faisant exploser une grenade artisanale à proximité du meeting de la candidate du Rassemblement national. Mais pour "faire peur", en excluant de s’en prendre à des civils.

Pendant le procès avorté de janvier, il s’est présenté comme un "prisonnier politique musulman".

Clément Baur, qui a assumé son appartenance idéologique à l’EI, a assuré qu’il ne voulait causer que des "dégâts matériels" sur des cibles institutionnelles, en représailles aux frappes en Syrie.

Les conversations interceptées à son insu lors de ses parloirs en prison sont plus fructueuses : "Baghdadi (ex-chef de l’Etat islamique, ndlr) il a raison, il faut pas parler avec eux, il faut juste les +rafaler+, les exploser", dit-il notamment.

Le parcours de Clément Baur est atypique. Né dans le Val-d’Oise, il se serait converti à l’islam à 14 ou 15 ans au contact de la communauté tchétchène de Nice où il vivait avec sa mère. Il a appris le russe en autodidacte, puis l’arabe.

A 17 ans, il part en Belgique où il demande l’asile sous une première fausse identité. Cet as de la dissimulation déposera d’autres demandes d’asile en France et en Allemagne, se faisant passer pour un réfugié tchétchène. C’est précisément pour avoir détenu de faux papiers qu’il sera incarcéré avec Mahiedine Merabet quelques semaines à Lille.

Les deux hommes étaient entrés en clandestinité en décembre 2016 après la perquisition administrative du domicile de Merabet, où se trouvait Clément Baur sous un alias.

Les enquêteurs sont convaincus qu’au cours de son sinueux parcours, Clément Baur a fréquenté la cellule terroriste de Verviers en Belgique, celle d’Abdelhamid Abaaoud, chef opérationnel des commandos du 13-Novembre, et qu’il fut en contact en Allemagne avec Anis Amri, l’auteur de l’attentat au camion sur le marché de Noël de Berlin en 2016 (12 morts).

Le procès est prévu jusqu’au 1er décembre.

Cet article est rédigé par AFP pour Nicematin.

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