Pour Arthur Dénouveaux, président de Life for Paris, association de victimes du 13 Novembre, ce procès est celui « de la collaboration, de l’aide passive et de la non-dénonciation ».
« Ce procèsconstitue une première étape importante, car nous considérons que ces personnes, par leur aide logistique, ont participé aux attentats », avance Mohamed Zenak, dont la fille a été blessée au Comptoir Voltaire.
Comme la plupart des victimes de Paris et de Saint-Denis, le trésorier de 13onze15 Fraternité et Vérité ne se rendra pas au tribunal. Charge à ses avocats, dont Me Jean Reinhart pour l’association, de représenter ceux qui ont voulu se constituer partie civile. Certains ne l’ont pas souhaité, parce qu’ils sont encore « très fragilisés », relève Me Aurélie Soria, avocate d’une dizaine de blessés : « Ils sont dans une phase de reconstruction, où la procédure pénale n’est pas une priorité. » A l’inverse, Bley Bilal Mokono, blessé au Stade de France et en fauteuil roulant depuis, sollicitera la parole à l’audience. « Je veux les regarder dans les yeux et leur demander : Aviez-vous connaissance du profil et des projets meurtriers de ceux que vous hébergiez (NDLR : Abaaoud et Akrouh voulaient repasser à l’acte) ? S’ils savaient, ils doivent assumer ! »
Arthur Dénouveaux, rescapé du Bataclan et président de Life for Paris, estime qu’il ne s’agit pas du procès de « seconds couteaux ». Il l’explique.
Pourquoi ce procès est-il important à vos yeux ?
Arthur Dénouveaux. Parce qu’il marque le début du temps judiciaire, plus de deux ans après les attentats. C’est à la fois le signe que la justice avance mais aussi un premier test de la réponse qu’elle peut apporter à de tels événements. Pour Life For Paris, c’est l’occasion de montrer son attachement à la justice et son investissement dans la procédure avec des questions précises et circonstanciées adressées aux juges, sur les investigations et sur la qualification des faits.
Tous les membres ressentent-ils la même chose face à cette échéance ?
L’état physique et psychologique des victimes est très disparate : certains ont la force et l’envie de s’intéresser à ce procès, certains voudraient pouvoir le faire mais en sont incapables. C’est là que Life For Paris joue un rôle de tampon : en se constituant partie civile, l’association donne une voix à ses membres sans que ceux-ci aient à porter la complexité de la procédure juridique.
Le percevez-vous comme le premier procès des attentats du 13 Novembre ?
Oui, c’est le premier procès des attentats, car celui de Salah Abdeslam à Bruxelles a été reporté (NDLR : au 5-9 février). Et c’est plus que le procès de seconds couteaux. C’est le procès de la collaboration, de l’aide passive et de la non-dénonciation. Sans le travail des services de renseignement et des forces qui ont donné l’assaut, il n’y a aucun doute que les terroristes de Saint-Denis auraient encore frappé et cela grâce à l’hébergement et à l’aide matérielle fournis par les prévenus qui seront dans le box.
Date : 24/01/18
Auteur : Pascal Égré
Source : Le Parisien