Au procès de l’attentat du 3 octobre 1980 contre la synagogue de la rue Copernic, six parties civiles ont témoigné jeudi 13 avril, toujours devant un box vide puisque le seul accusé, le Libano-Canadien Hassan Diab, est resté à Ottawa. Après elles, le juge Jean-Marc Herbaut, coordonnateur du pôle anti-terroriste, a été entendu. C’est lui, avec son collègue Richard Flotzer, qui avait prononcé en 2018 un non-lieu, estimant que les charges à l’encontre d’Hassan Diab n’étaient pas « suffisamment probantes ». Un non-lieu infirmé en 2021.
Compte rendu d’audience, Laura Martel
Pour les parties civiles, Jean-Marc Herbaut, c’est le juge qui a failli les priver de procès. Mais le chevronné et réputé magistrat anti-terroriste explique avoir seulement « pris ses responsabilités » en ordonnant le non-lieu. « Nous avons fait le constat que nous ne savions pas qui était le poseur de bombe. Il existe des éléments contre Hassan Diab, mais trop ténus, et contrebalancés par d’autres. »
Et le magistrat de détailler longuement les motifs de sa décision. Son approche prudente des renseignements faisant d’Hassan Diab, le poseur de bombe : « Les renseignements sont essentiels pour soulever des pistes mais ne peuvent servir de preuve », souligne-t-il.
« Je n’ai pas de certitudes sur la manière dont le passeport d’Hassan Diab a été utilisé et par qui », renchérit le magistrat, à propos d’un des rares éléments matériels : le passeport qu’Hassan Diab affirme avoir perdu et qui a été retrouvé en 1981 dans les mains d’un homme présenté comme membre de la branche dissidente du FPLP mis en cause dans l’attentat.
Aux expertises graphologiques, à charge comme à décharge, il n’apporte, « par expérience », « aucun crédit », dit-il. Quant à l’alibi présenté par l’accusé, qui affirme qu’il était en train de passer des examens universitaires au Liban au moment de l’attaque, des témoignages qu’il juge « crédibles » « viennent le conforter et contrebalancer les éléments à charges », relève-t-il.
Autant de « doutes » incompatibles avec un renvoi aux assises pour le magistrat, qui se défend d’avoir été « laxiste » ou « influencé par la cause palestinienne » : « Pour moi, un terroriste est un terroriste », assène Jean-Marc Herbaut, qui n’a qu’un regret : ne pas avoir entendu les victimes, « submergé » qu’il était par la vague d’attentats qui ont touché la France entre 2015 et 2018.
Mais le juge l’assure : même à cette époque, Copernic est « toujours resté ma priorité ». Une audition qui a apporté du poids aux arguments de la défense, qui avait fait citer le juge.