Procès de la filière Cannes-Torcy : « Dix-huit ans c’est une peine pour meurtre » s’insurge la défense

Après deux mois d’audience, le verdict du procès de la filière djihadiste présumée dite de « Cannes-Torcy » est attendu jeudi en fin de journée.

  • Les plaidoiries de la défense des 17 accusés présents au procès Cannes-Torcy ont démarré lundi
  • L’avocat général a réclamé des peines allant de deux ans de prison à la réclusion criminelle à perpétuité

Des accusés liés par une même «  folie terroriste » qui cultivent la « dissimulation, la taqiya  ». Vendredi, le parquet s’est efforcé de souligner la « dangerosité » des vingt accusés du procès Cannes-Torcy lors de ses réquisitions. Des portraits démontés ce mardi par plusieurs avocats de la défense lors de leurs plaidoiries. L’enjeu pour les membres présumés de la filière représentés ce jour : convaincre la cour d’assises spéciales d’absence d’éléments intentionnels.

Interpellés en 2012 et 2013, ils sont suspectés d’être à l’origine de l’attaque à la grenade visant une épicerie casher de Sarcelles et d’avoir fomenté pas moins de quatre projets d’attentats dans le même temps. Dix-sept personnes sont actuellement jugées, trois des vingt accusés renvoyés devant le tribunal seraient encore en Syrie ou décédés depuis.

Des liens remis en cause

Si la cour est longuement revenue sur la personnalité des différents accusés au début du procès il y a deux mois de cela, les avocats qui ont pris la parole ce mardi ont insisté sur le parcours familial et spirituel de leurs clients. Certes Florian L., contre lequel a été requis six ans de prison, a accepté de conserver des armes chez lui à la demande d’un de ses coaccusés, Jamel B., mais « ce n’est pas par idéologie », a plaidé Florian Lastelle : «  Il fuit le conformisme, le matériel n’a pas de prise sur lui, c’est le spirituel qui l’attire (…) mais rien ne démontre qu’il a une pratique radicale de l’islam (…) il a simplement fait cette erreur d’écouter son ami ».

Un échange de bons procédés à en croire la défense, qui explique que Florian L. ignore tout d’éventuels projets d’attentats liés à ces armes. Contre Maher O., «  fils de berger tunisien, qui n’est pas allé à l’école et qui est venu en France à l’âge de 19 ans », a rappelé son avocate Daphné Pugliesi, l’avocat général a requis 15 ans de réclusion criminelle. Considéré par le reste du groupe comme le «  blédard », Maher O. n’entretient que de lointaines relations avec la bande de Cannes selon Me Pugliesi : « À son mariage, en août 2012, il n’y a pas Florian L., Jamel B. ou les autres. Pourtant, il se marie à Antibes ».

Sans nier la « pratique religieuse radicale » de son client, l’avocate a demandé aux magistrats de ne pas retenir « l’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ».

« C’est une peine pour meurtre »

Le quantum des peines requises par Philippe Courroye et Sylvie Kachaner a été particulièrement remis en cause par Raffaëlle Guy, l’avocate de Jamel B. « Ce qui a tout changé, ce sont les attentats de novembre 2015 (…) C’est écrasant d’être précurseur de ça  », a-t-elle lancé. Son client, qui est parti en Syrie en 2012 avant de revenir en 2013 « parce que sa famille lui manquait », est suspecté d’avoir acheté des armes à Marseille et d’avoir effectué des repérages aux abords d’une caserne militaire. Le parquet a requis 18 ans de réclusion criminelle.

« Dix-huit ans, c’est une peine pour meurtre. L’avocate générale vous a dit "tout tourne autour de la mort dans ce dossier". C’est inaudible (…) Allez dire ça aux parents qui ont perdu leur enfant (…) La mort, c’est aller renifler la taie d’oreiller de son gamin tous les soirs pour retrouver son odeur (…) 4 jours d’ITT et un certificat médical, ce n’est pas la mort  », a martelé l’avocate, rappelant que l’attaque de Sarcelles attribuée à la filière « n’a occasionné qu’un blessé léger ». Insistant sur « l’humanité » et le parcours chaotique de Jamel B. (17 mentions au casier judiciaire), son conseil a plaidé pour une confusion de peine.

« Ce qui est important dans ce procès, c’est ne pas céder au tout sécuritaire, de ne pas céder à une espèce de principe de précaution », a conclu Sébastien Garnier, autre avocat de la défense. Le verdict devrait être rendu jeudi en fin de journée.

Source : 20minutes.fr
Auteur : Hélène Sergent
Date : 20 juin 2017

Crédit photos : Source : 20minutes.fr Auteur : Hélène Sergent Date : 20 juin 2017

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