PROCÈS DES ATTENTATS À BRUXELLES : LE MINISTRE DE LA JUSTICE MIS EN DEMEURE, L’AUDIENCE DÉBUTE SANS LA FOULE DES GRANDS JOURS

La lecture de l’acte d’accusation est à l’ordre du jour.

Le deuxième jour du procès des attentats commis à Bruxelles le 22 mars 2016 a débuté ce mardi. La présidente de la cour d’assises, Laurence Massart, donnera aujourd’hui la parole aux deux procureurs fédéraux pour la lecture de leur acte d’accusation. Cette lecture s’étalera sur plusieurs jours, jusqu’à jeudi, étant donné la longueur du document, environ 500 pages.

Dans ce procès hors normes, annoncé pour six à neuf mois d’audiences, dix hommes sont accusés, dont un, Oussama Atar, fait défaut. Il serait mort en Syrie. Les neuf autres sont Mohamed Abrini, Osama Krayem, Salah Abdeslam, Sofien Ayari, Bilal El Makhoukhi, Hervé Bayingana Muhirwa, Ali El Haddad Asufi, Smail Farisi et Ibrahim Farisi. Les huit premiers sont accusés de participation aux activités d’un groupe terroriste, d’assassinats terroristes sur 32 personnes et de tentatives d’assassinat terroriste sur 695 personnes. Le neuvième ne doit répondre que de participation aux activités d’un groupe terroriste.

14h30 : L’ordinateur trouvé, pièce à conviction précieuse

Sur l’ordinateur retrouvé rue du Dries, les enquêteurs retrouvent plusieurs documents, notamment un dénommé "Salah" et un "nouveau dossier" volumineux, qui contient de la documentation djihadiste ainsi que des photographies de vêtements militaires, d’armes et d’identités. Un sous-dossier "études" reprend des reportages sur les alertes nucléaires, les centrales nucléaires et les usines à risque. Des photos de lieux visés en France et en Belgique sont également découvertes, notamment de lycées militaires français, du port d’Anvers, du 16 rue de la Loi, d’une école maternelle et primaire de Houthalen,...

Plusieurs fichiers sont identiques à ceux retrouvés sur l’ordinateur retrouvé rue Max Roos. Des supports externes, tels que des clés USB, ont ainsi été insérés régulièrement dans les ordinateurs.

L’analyse du téléphone retrouvé rue de l’Eau permet de relier les occupants de la rue Max Roos à ceux de la rue du Dries. Le lendemain de la fusillade, le 16 mars 2016, ce numéro reçoit quatre tentatives d’appel et un SMS "Hamza ?", qui désigne Sofien Ayari.

Le service de déminage de l’armée, le SEDEE, a également analysé les objets retrouvés sur les lieux, soit les fusées (feux d’artifice), les détonateurs et une guirlande de Noël. Les feux d’artifice et la guirlande sont utilisés dans la fabrication d’IED, des engins explosifs improvisés, selon le SEDEE. Les détonateurs sont de fabrication industrielle, utilisés comme explosif primaire par des entreprises actives dans l’industrie minière.

Selon l’enquête, l’arme utilisée par Belkaid a été acquise à Rotterdam, aux Pays-Bas, par l’intermédiaire d’un cousin d’Ali El Haddad Asufi, qui l’a acheminée en Belgique avec Ibrahim El Bakraoui.

L’appartement a été loué le 2 décembre 2015, soit après les attentats de Paris. Selon Mohamed Abrini, il est regroupé dans cette cache vers le 10 janvier 2016, avec Salah Abdeslam, Osama Krayem, Sofien Ayari, Mohamed Belkaid et Najim Laachraoui.

11h20 : Ces événements qui ont poussé les terroristes à commettre les attentats du 22 mars 2016

La procureure Paule Somers a pris la parole pour expliquer, au travers de l’acte d’accusation du parquet, que plusieurs éléments ont précipité la commission des attentats le 22 mars 2016 à Zaventem et à Bruxelles.

Plusieurs suspects des attentats en France le 13 novembre 2015, à commencer par Mohamed Abrini et Salah Abdeslam, ont rapidement été identifiés et recherchés par les enquêteurs belges et français, a rappelé la procureure. Une première arrestation importante intervient ensuite le 26 novembre 2015, celle d’un autre suspect, Mohamed Bakkali. "Il est suspecté notamment d’avoir loué plusieurs appartements "conspiratifs" et d’avoir véhiculé les kamikazes", précise l’acte d’accusation. Ensuite, le 4 décembre, un avis de recherche avec les photos de Najim Laachraoui et de Mohamed Belkaïd est diffusé dans la presse. Ils sont présentés comme coordinateurs probables des attentats à Paris et sont alors connus seulement sous leurs faux noms, Soufiane Kayal et Samir Bouzid.

Un peu plus de trois mois plus tard, le 15 mars 2016, a lieu ce qui est désormais connu sous le nom de "fusillade de la rue du Dries". Lors d’une perquisition dans un appartement de la rue du Dries à Forest, les enquêteurs, qui pensaient y découvrir une planque abandonnée de la cellule terroriste, sont accueillis par des tirs de kalachnikov. Après un fort chabrol de plusieurs heures, l’un des trois terroristes qui sont retranchés dans cette habitation, Mohamed Belkaïd, est tué par les unités spéciales. Les deux autres sont Salah Abdeslam et Sofien Ayari. Ils ont réussi à prendre la fuite.

Le lendemain, 16 mars, certains médias divulguent alors les noms et les photos d’Ibrahim et Khalid El Bakraoui, comme étant ceux qui ont loué cet appartement à Forest. De nouveaux articles de presse seront publiés le 18 mars au sujet des deux frères, avec des informations les liant eux aussi aux attentats à Paris. Ce même jour, Salah Abdelsam et Sofien Ayari sont arrêtés rue des Quatre Vents à Molenbeek-Saint-Jean. Enfin, le 21 mars, la veille des attentats, le vrai nom de Najim Laachraoui est publié dans la presse à la demande des autorités judiciaires.

"Ces événements ont précipité la commission des attentats à Bruxelles. Identifiés au grand jour et craignant d’être arrêtés à leur tour, les membres survivants de la cellule terroriste, reformée après les attentats à Paris, décident d’agir le 22 mars 2016", ont écrit les procureurs. Cette réalité ressort en effet de documents retrouvés dans un ordinateur abandonné par les kamikazes, à proximité de la rue Max Roos à Schaerbeek. L’accusé Mohamed Abrini a par ailleurs déclaré que "l’étau se resserrait".

11h00 : Le président de l’association des victimes V-Europe surpris par les plaintes des accusés

V-Europe est l’Association belge des victimes de terrorisme fondée en 2016 à la suite des attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles.

Philippe Vansteenkiste, le directeur de V-Europe, l’Association belge des victimes de terrorisme fondée en 2016 à la suite des attentats du 22 mars, a déclaré mardi qu’il était un peu surpris par les plaintes des accusés concernant leurs conditions de détention. "Ma première réaction a été de penser à ce que nous avons entendu pendant le procès du Musée juif sur la façon dont Daesh traite ses prisonniers", a-t-il déclaré, faisant référence aux témoignages du journaliste français Nicolas Henin lors du procès du Musée juif. Il a ajouté qu’il avait également reçu des réactions surprises de la part de certaines victimes au sujet de la discussion. "Cependant, je sais aussi que cela fait partie du jeu du procès, et que chacun joue son rôle."

La lecture de l’acte d’accusation des deux procureurs fédéraux, qui a lieu ce mardi au procès, est un moment important du procès pour les victimes, estime le président de V-Europe. "Il est important pour nous de voir toute réaction de l’accusé", a-t-il dit. Il s’attend également à ce que la lecture de l’acte, mardi, soit lourde d’émotions. "Vous avez besoin d’une certaine distance par rapport à cela pour suivre le procès", a-t-il déclaré.

10h50 : Le ministre de la Justice mis en demeure

Suite à la polémique à propos des conditions de transfert des accusés du procès, "le ministre de la Justice a été mis en demeure ce matin", a affirmé l’avocat d’Ali El Haddad Asufi, Me De Taye. "Je pense que dans les couloirs, on essaye déjà en bonne intelligence de décanter les choses", a-t-il justifié.

Lundi, l’accusé Mohamed Abrini a ouvert une brèche dans laquelle plusieurs avocats de la défense se sont engouffrés. Il a dénoncé ses conditions de transfert et affirmé que si rien ne changeait, il garderait le silence jusqu’à la fin du procès. Me Jonathan De Taye avait annoncé, dans les couloirs, qu’il allait déposer des conclusions forçant une suspension des procès dans l’attente d’un positionnement sur le problème soulevé. Le choix a finalement été de mettre en demeure le ministre de la Justice. "Mais de toute façon, à terme, si les conditions restent telles quelles, il n’y aura pas d’autres solutions que de lancer des procédures judiciaires et donc, plus que probablement, des conclusions à l’audience", a-t-il prévenu mardi matin.

10h : Ouverture du deuxième jour de procès

Le deuxième jour du procès des attentats commis à Bruxelles le 22 mars 2016 a débuté mardi avec 30 minutes de retard et sans la foule des grands jours. Alors que lundi, l’affluence avait obligé de nombreuses personnes - dont les membres de la presse - à attendre près d’une heure pour entrer dans le Justitia, les contrôles de sécurité se passaient sans encombre et les allées du palais de justice étaient presque vides dès le lendemain.

À noter que la deuxième jurée effective faisait défaut mardi, couverte par un certificat médical, à l’ouverture de l’audience. La présidente du tribunal a prononcé le remplacement de celle-ci par un juré suppléant dans la foulée. Il reste donc désormais 21 suppléants.

Crédit photos : article par l’agence Belga paru sur le site lalibre.be

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