PROCÈS DES ATTENTATS DE BRUXELLES : HERVE BAYINGANA MUHIRWA SAVAIT MAIS IL A CHOISI DE NE RIEN DIRE, AFFIRME LA PARTIE CIVILE

Hervé Bayingana Muhirwa “savait ce qui allait se passer” lors des attentats du 22 mars 2016 et il y a “apporté son concours”, a affirmé mardi Me Aline Fery, qui représente l’association de victimes Life4Brussels, devant la cour d’assises de Bruxelles. Selon la pénaliste, l’accusé “a fait de mauvaises rencontres, mais il a aussi fait de mauvais choix”.

“Qui est Hervé ? Dit doudou pour la famille, il prend le nom d’Abdel Karim ‘serviteur du noble et généreux’ lors de sa conversion. Quelle belle présentation”, a ironisé l’avocate. Devant la cour, “M. Bayingana montre son meilleur visage, jamais il ne sort de ses gonds, jamais un mot plus haut que l’autre... Mais son visage djihadiste, on le retrouve dans ses recherches internet (...). Il était parfaitement informé de l’intention de la cellule de commettre l’irréparable. Il n’a rien dénoncé.”

Pour Me Fery, plusieurs éléments viennent appuyer cette affirmation. “Tout d’abord, il y a son cercle d’amis. Il se crée un réseau d’islamistes radicalisés”, a avancé la représentante des parties civiles, citant au passage l’amitié entre Hervé Bayingana Muhirwa et son co-accusé Bilal El Makhoukhi, mais aussi ses relations avec l’un des kamikazes de Zaventem, Najim Laachraoui, et deux autres personnes connues pour leur radicalisation. Elle a également rappelé que l’homme avait hébergé à deux reprises, avant et après les attentats, les accusés Mohamed Abrini et Osama Krayem.

“Contester l’incontestable est absurde et montre une absence de remise en question”
Me Aline Fery

La pénaliste s’est ensuite attachée à démontrer que, malgré ses dénégations, Hervé Bayingana Muhirwa est bien le “Amine” qui apparait dans certaines pièces du dossier. Pour ce faire, Me Fery a cité plusieurs auditions dans lesquelles Osama Krayem et Mohamed Abrini confirment que ce surnom lui était attribué. Elle a également mentionné les recherches internet effectuées par l’accusé sur le nom “Amine”. “Contester l’incontestable est absurde et montre une absence de remise en question”, a-t-elle constaté.

L’avocate a ensuite insisté sur le fait que “Amine” était systématiquement associé a “Abou Imrane”, alias de Bilal El Makhoukhi. “C’est son duo, les liens entre eux sont très forts”, a-t-elle affirmé, avant de se questionner sur la manière dont Bilal El Makhoukhi avait récupéré les armes de la cellule terroriste. “Il a du mal à se déplacer (en raison de son amputation de la jambe après une blessure en Syrie, NDLR) et il n’a pas de véhicule. J’ai la faiblesse de penser que M. El Makhoukhi n’a pas récupéré ces armes seul, mais avec l’aide d’Hervé qui, on le sait, était le seul des accusés, avec Ali El Haddad Asufi, à posséder une voiture. Hervé Bayingana Muhirwa a aidé à assurer la pérennité de la cellule après les attentats.”

Plusieurs éléments jouent contre lui

Me Fery est ensuite revenue sur plusieurs éléments d’ordre technique, notamment les traces ADN d’Hervé Bayingana Muhirwa retrouvées dans l’appartement de la rue Max Roos à Schaerbeek, où ont été confectionnées les bombes, ainsi que la téléphonie de l’accusé, qui font état de plusieurs déplacements suspects.

Enfin et surtout, l’avocate a estimé que les recherches informatiques d’Hervé Bayingana Muhirwa prouvaient son radicalisme. “Plusieurs mots-clés sont recherchés : veines, veine jugulaire, jugulaire tranchée, égorger, décapiter, décapitation... Peut-on avoir de saines intentions quand on cherche ce genre de contenu ?”, a-t-elle interrogé, citant également les recherches de vidéos d’exécution, de propagande et les nombreux nasheeds (chants religieux) émanant de l’organe médiatique de l’État islamique.

“N’est-ce pas le parfait manuel du bon soldat de l’État islamique ?”, a ajouté Me Fery. “Car oui, Hervé a adhéré aux idées de l’EI, il lui a prêté allégeance et il a apporté son aide pour les attentats. Il était au courant de ce qui allait se passer avant, pendant et après.”

La pénaliste a conclu en demandant au jury de répondre oui aux trois questions de culpabilité concernant l’accusé, à savoir la participation aux activités d’un groupe terroriste, ainsi que les assassinats et tentatives d’assassinat dans un contexte terroriste.

Article par la rédaction de 7SUR7 avec BELGA publié sur ; https://www.7sur7.be/belgique/proces-des-attentats-herve-bayingana-muhirwa-savait-mais-il-a-choisi-de-ne-rien-dire-affirme-la-partie-civile~a318139f/?referrer=https%3A%2F%2Fwww.google.com%2F

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